Résumé des épisodes précédents :
« Rien n'est permanent, sauf le changement » — Héraclite d'Ephèse. La famille Greene-Lewis pouvait témoigner avec ferveur de la véracité de cette maxime. En quelques jours leurs vies s'étaient retrouvées complètement chamboulées. Ils avaient échangé un quotidien parfait dans les rues animées de Manhattan pour un enfer dans une bourgade perdue de l'Oregon. Leur bel appartement était devenu un manoir hanté, la première personne qu'ils avaient rencontrée en arrivant était un cadavre fraîchement assassiné, Charlotte & Amias n'étaient plus des parents un brin étouffants et normaux mais des êtres dont Thétys, complètement apeurée, cherchait encore à connaître la nature. Et pour couronner le tout, tous les gens du coin semblaient posséder des pouvoirs magiques, pour ne pas dire bizarres, étranges, effrayants. Oh Thétys donnerait beaucoup pour pouvoir retourner à New-York, même la gentillesse et l'humour dont faisaient preuves ces étranges habitants ne sauraient la faire changer d'avis. Pour le moment...
Chapitre 8 : Un jour meilleur
Théthys n'eut guère plus d'explications de la part de ses parents qui ne cessèrent de lui rappeler leur amour tout en l'accompagnant dans sa chambre. Charlotte sentit sa fille vaciller, nul besoin d'être devin, Thétys était constamment aux aguets et tremblotait sans cesse. La mère se rappela fort bien la peur qu'elle-même avait ressenti lorsqu'elle eut seize ans. Elle prit donc un moment pour sortir de son sac à main un vieux livre qui ne la quittait jamais. Elle le possédait depuis longtemps, cadeau de sa mère qui l'avait également reçu de sa mère et ainsi sur une dizaine de générations. L'objet faisait partie intégrante de sa vie depuis toujours mais était venu le moment de l'offrir à sa fille. Elle le lui tendit donc et lui donna également un stylo.
— Ma chérie, à ton tour de raconter la découverte de cette nouvelle partie de toi et d'en noircir des pages. Tout est flou je le sais, nous en discuterons demain, mais ce livre sera un bon début. Puisses-tu y trouver un peu de réconfort. Je t'aime.
Charlotte l'embrassa avant de la regarder s'enfermer dans sa chambre sans un mot. Elle se tourna vers Amias qui se voulut rassurant, après tout Thétys tenait de sa mère...
A son grand soulagement, Thétys constata avec soulagement que la pièce dans laquelle elle venait de s'enfermer semblait parfaitement normale. Les meubles de bois clair ne bougeaient ni ne grinçaient, la lumière ne vacillait pas. C'était fleuri, campagnard et plus très à la mode mais, c'était normal. L'adolescente se déshabilla puis se glissa dans son lit. Elle ouvrit délicatement le livre qui s'avéra être un journal.
« Aujourd'hui j'ai tué un homme », lut-elle à mi-voix. Elle le referma aussitôt. Sa mère était une psychopathe, elle venait d'une famille entière de personnes dérangées aux habitudes meurtrières. Son cœur se mit à battre la chamade, Charlotte lui apparaissait soudain sous un nouveau jour, quels secrets lui avait-on encore caché ? Théthys prit plusieurs inspirations et réussit à reprendre assez d'emprise sur elle-même pour continuer sa lecture. Des générations de jeunes femmes décrivaient avec angoisse et peurs leurs premier pas dans un nouveau monde. Toutes avaient développé un don qui s'éveillait de la plus atroce des manières : par un épisode de panique, une agression qui menait immanquablement à la mort de l'agresseur.
Thétys réalisa qu'elle l'avait bien tué, l'homme de la ruelle. Elle éprouva une sensation étrange, il était mort, par sa faute, cela lui serrait le cœur, mais elle ne parvenait pas à rendre l'information réelle, concrète. Elle l'avait repoussé mais elle s'était aussitôt enfuie, elle n'avait pas vu la mort en face. Elle était plus choquée par son agression que par la mort qu'elle avait causée. Elle qui habituellement ressentait à outrance les émotions d'autrui n'éprouvait pas grand-chose pour cet homme. Elle se sentit monstrueuse d'éprouver aussi peu de peine pour un homme dont elle avait ôté la vie et le journal n'était pas pour l'aider.
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Nemesis
Teen FictionCela aurait pu passer pour de simples jeux. Ce ne sont après tout que des adolescents. Combien de morts faudra-t-il pour que les adultes réalisent l'ampleur du drame qui se déroule dans l'enceinte du si paisible lycée de Darkwoods ? Allez les titan...