Loup en chasse

Chapitre 7

La lampe toujours allumée diffusait une douce lueur et permettait aux derniers travailleurs acharnés de continuer leurs tâches. Les bureaux n'abritaient plus personne depuis un long moment déjà, laissant place à un calme serein après des heures d'un brouhaha vivant mais épuisant. La lune brillait à travers les grandes baies vitrées et apportait une heureuse présence, presque protectrice.

La ville continuait de vivre, ne s'arrêtait jamais vraiment. Ses habitants changeaient sans cesse, mais ses rues et boulevards n'étaient jamais défaits de ses arpenteurs. L'heure était au repas et beuverie, les hommes d'affaires en négociation côtoyaient les adolescents fiers de sortir. Quelques commerçants ambulants vendaient encore leurs marchandises adorées par leurs clients dans ce climat propice aux excès.

Les dernières lignes du rapport s'inscrivirent bientôt sur la feuille et poussant un soupir, Taekwoon se cala au fond de son fauteuil. On lui avait vanté les mérites d'être rédacteur en chef de cette portion du journal sans lui en montrer tous les travers. S'il avait accepté, ce n'était que sous la pression des membres de sa meute qui voulaient le voir épanoui dans son travail. Les seuls moments d'épanouissement qu'il trouvait étaient les moments où il se trouvait entouré de ses loups et les savaient heureux et en sécurité. Le reste n'avait que peu d'importance.

La fortune qu'il avait acquise au fil des siècles aurait suffi à mettre dominants et soumis à l'abri du besoin pour quelques siècles, mais il n'en avait pas été question. Un sourire se dessina sur ses lèvres en repensant à la réaction de ses loups quand il avait osé émettre cette possibilité. Les foudres des enfers n'auraient pas été aussi violentes. 

Si ses dominants avaient rugi, son petit Hyuk, campé sur ses pieds et le regard sombre, lui avait expliqué avec force qu'il n'allait pas se laisser entretenir et que tout le groupe voulait travailler. C'était d'ailleurs lui qui l'avait fait plier. Certains auraient qualifié cela de faiblesse, sa meute le considérait plutôt comme une force et un bonheur sans nom. Dès qu'il avait obtenu satisfaction, la boule d'énergie s'était jetée sur lui et lui quémanda un câlin, avant de rejoindre Hongbin pour comploter joyeusement.

Un petit couinement suivit de jurons le tira de ses pensées, et Taekwoon se leva, curieux de savoir ce qu'il était arrivé au loup solitaire dans la mini cuisine de l'étage. Ce dernier restait avec lui depuis quelques jours, quand le reste des journalistes désertaient le local et les deux loups se découvraient ainsi, sous couvert de discussion diverses et variées. Hakyeon l'avait quitté quelques instants plus tôt, leurs estomacs grondaient d'un commun accord. Il découvrit alors une scène cocasse mais mignonne.

Le jeune homme sautillait sur un pied, les lèvres pincées par la douleur et ses mains gardaient précieusement une bouilloire pleine, de peur qu'elle se renverse sûrement. Sur le plan de travail trônait une théière et quelques plats dégageaient une odeur des plus appétissante. Attendri par cette attention, l'alpha s'approcha rapidement de Hakyeon, lui soutira la bouilloire pour la déposer à côté des tasses thé avant de soulever l'homme et le porter rapidement jusqu'à une des hautes chaises de la pièce. Il ne porta pas attention au glapissement surpris et sûrement gêné, se contentant de simplement dénouer la chaussure et d'enlever la chaussette.

Alors que ses mains allaient palper le membre blessé, le pied quitta brusquement son champ de vision.

Interloqué, ses yeux se posèrent sur la face rougie de l'autre loup. La respiration hachée et les yeux dilatés, Hakyeon le fixait comme s'il était un être étrange et ô combien dangereux. Même si cette dernière assertion était vraie, le loup ne pouvait définitivement pas le savoir.

— Hakyeon, il faut que tu me montres ta cheville. Je veux voir si tu ne t'es pas blessé sérieusement. Ce n'est pas grand-chose, la voix basse de l'alpha inspirant la sécurité et la douceur.