Chapitre VII - Le quatrième mousquetaire

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"Dans ce cas tu n'as qu'à te trouver une raison de vivre ! Un but pour lequel tu te lèveras chaque matin ! Un objectif qui régira ta vie, qui occupera tes journées ! N'y a-t-il rien que tu veuilles absolument accomplir ?"

Naolia Kirigan, Discussion dans le Pré aux papillons, extrait

NON ! Non non non non non non !

Que quelqu'un ouvre cette porte ! Je ne veux pas rester ici toute seule, j'ai peur ! Je vous en supplie, je n'ai rien fait ! S'il vous plait, ne m'enfermez pas toute seule... Pas encore une fois ! Mes yeux pleurent, mes poings s'écorchent sur la paroi rocheuse et ma voix n'en finit plus de crier à la  mort mais finalement, tout au fond de moi, je sais que c'est terminé ; à partir de maintenant, je suis seule.

MAIS JE NE VEUX PAS MOURIR ICI !

Un cauchemar. Un cauchemar. Ce n'était qu'un cauchemar. Il fallait qu'elle se calme. Elle était libre. Libre de ses mouvements, de ses paroles, de ses actions et de tout ce qu'elle voulait d'autre. Elle se répéta cela plusieurs fois mais cette angoisse ne la quittait pas. Les ténèbres de la chambre ne lui permettaient pas de voir les murs qui l'entouraient ni quoi que ce soit qui se trouva devant elle. Cette noirceur n'aidait en rien Ryuuko à recouvrer un semblant de calme et la panique ne cessait de gonfler dans sa poitrine sans qu'elle sache véritablement pourquoi.

La jeune fille envoya rapidement valser les draps de son lit et se dirigea vers la fenêtre qu'elle ouvrit avec précipitation. De l'air, c'est tout ce dont elle avait besoin. Assez d'air et de ciel pour faire passer cette claustrophobie maladive qui la poursuivait. Lorsqu'elle s'était retrouvée dans cette maison avec les garçons, vendredi, elle n'avait pas véritablement pensé au fait qu'ils étaient enfermés, bien trop occupée qu'elle était à se questionner sur le pourquoi du comment ils étaient arrivés là. La durée n'avait pas joué en faveur de ses angoisses puisque son esprit tracassé n'avait pas eu le temps de vraiment prendre la mesure de l'endroit où ils étaient que déjà la rue s'ouvrait de nouveau devant eux.

Ainsi, sur le moment, sa peur panique des endroits clos ne l'avait pas submergée mais depuis qu'elle s'était posée, le soir même de l'événement, et avait réfléchi à la situation la ressemblance avec ce qu'elle avait déjà vécu l'avait interpellée. Cela avait agi comme une claque sur Ryuuko qui se remettait, depuis trois nuits, à refaire des cauchemars qu'elle ne faisait plus depuis des dizaines d'années. Le pire, dans tout cela, c'était qu'elle ne savait pas exactement pourquoi elle se remettait à faire ce genre de rêve ; à force elle avait bien fini par s'habituer à la solitude et au manque de liberté.

Le dernier croissant d'une Lune sur le déclin brillait dans l'azur sombre du ciel. Dans quelques heures le sourire de façade et les politesses seraient de rigueur mais pour l'instant elle pouvait encore être cette fille mélancolique et dépourvue de bienséance, celle qu'elle avait toujours été et qu'elle serait sûrement encore pour longtemps si elle arrivait à survivre. Accoudée au petit balcon de sa chambre Ryuuko pensait. Elle ne songeait pas à quelque chose en particulier, elle flânait en abordant certains sujets mais elle était trop distraite et trop fatiguée pour approfondir les choses. La brise nocturne se perdait dans ses cheveux et la faisait légèrement frissonner, emmenant avec elle ses réflexions.

A présent elle avait recouvré ce calme olympien qui la caractérisait tant, cette quiétude presque froide qui lui permettait de rester pragmatique dans - presque - toutes les situations. Elle s'accordait enfin, après presque une semaine gamma à faire semblant, un moment de vérité. Rien qu'un instant où elle ne partageait ses pensées qu'avec elle-même, laissant tomber son personnage. Comme d'habitude, dès qu'elle laissait vagabonder son esprit, ce dernier se dirigea vers la seule personne qui comptait vraiment pour elle, son Soleil. Elle fit ensuite un bilan, en étant honnête avec son cœur de pierre, de ce qu'étaient devenues ses recherches depuis son arrivée sur Terre. Deux personnes s'étaient jointes à elle en chemin, ce qui compliquait significativement l'opération "discrétion" mais en même temps ils couvriraient plus de terrain en étant trois. Seulement elle n'avait pas confiance en Kurai, c'était indéniable. Il était au courant de trop de choses, eussent-elles été apprises dignement il en savait tout de même trop. Elle ne savait quoi penser de Gus, ce grand brun qui semblait un peu limité mais qu'il ne fallait surtout pas sous-estimer; s'il était devenu "ami" avec Kurai il y avait bien pour une raison.

Les Dragons Jumeaux: Menteurs (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant