Chapitre VIII - Je te crois, moi non plus ! (partie 2)

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"Non, ça ne va pas du tout ! Il faut que tu y crois ! C'est comme lorsque tu prends tes cours de bienséance, ça ne te plait pas mais la personne en face de toi doit penser que tu es sincèrement heureuse de la voir. Et pour cela il n'y a pas trente-six mille solutions : ton personnage doit t'investir totalement. Si tu veux te faire passer pour moi et être crédible tu dois t'habiller comme moi, parler comme moi, te comporter comme moi, penser comme moi. Tu ne dois pas faire semblant d'être moi, tu dois être moi."

Amalia Yenshy, Discussion sur la plage de la Pièce Murée, extrait



R  Y  U  U  K  O     T  S  U  K  I  H  I  M  E

- Je-je ne vois plus rien !


Je me retournai pour voir Kurai se frotter inlassablement les yeux, comme s'il tentait d'enlever une quelconque pellicule de sable venue se loger dans sa rétine. Mon regard se fixa ensuite de nouveau sur le panneau mais il affichait à présent une simple flèche rouge nous indiquant le chemin qui s'ouvrait devant nous. Je commençai donc à avancer mais bien vite je ne pus plus faire un pas ; une sorte de barrière invisible me bloqua le passage et lorsque je tentai de la franchir un message apparut, sorti de nulle part. "La confiance  ne s'acquiert pas seul et encore moins avec la distance.". Il fallait donc avancer ensemble, j'avais presque oublié l'énergumène à côté de moi qui se retrouvait en train de tourner maladroitement sur lui-même en m'appelant. Tout en retournant vers lui j'espérais secrètement ne pas ressembler à ça lorsque je serais à mon tour privée de ma vue, même si cela me semblait très peu probable. Puis je me rendis compte que je tenais là probablement ma première véritable preuve du fait qu'il ne soit pas Aquiralien.


- Par ici, l'attardé ! Ouvre un peu tes oreilles, de toute façon tu ne verras rien pendant un petit moment ! dis-je en lui prenant le bras pour l'entraîner derrière moi

- C'est bon, pas besoin de m'insulter !

Je fis les gros yeux, comment cela l'insulter ? Il était en retard, c'était donc un attardé, rien de plus logique. Nous étions sûrement trop irrités pour résoudre ce petit incident sans qu'il y ait de frictions et un silence lourd de frustration remplaça l'impression de vide qui emplissait l'endroit. Je menais la marche, imposant une cadence rapide que l'extraterrestre n'avait aucun mal à suivre malgré sa désorientation sensorielle plus que flagrante. La route jusqu'à la séparation du chemin en deux branches distinctes me sembla bien plus courte que celle qui nous avait menés jusqu'au panneau, bien que ma petite entreprise de comptage des mes pas puisse être défectueuse. Cette activité m'avait permis de ne pas trop penser car penser dans mon état, c'était presque dangereux. 

***** ** *****

Au bout de notre randonnée en accéléré je me retrouvai de nouveau bloquée par une paroi invisible, à cette différence près que Kurai était cette fois bien avec moi puisqu'il m'était rentré dedans. Je reculai légèrement afin de lire plus aisément le message ayant fait son apparition sur cette surface à première vue inexistante. Alors que j'entamais le déchiffrage de ce communiqué une voix dépourvue d'âme s'éleva pour lire le message, je me souvins alors de l'incapacité de Kurai à lire ces lignes. 

"Vous voici devant la première épreuve, félicitations, vous ne vous êtes pas entretués. La jeune fille doit donc répondre à la question qui sera posée ultérieurement pour commencer le jeu, évidemment celui qui est aveugle n'a en aucun cas le droit de l'influencer dans son choix. Etes-vous prête ?"

Les Dragons Jumeaux: Menteurs (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant