L'héritière du Serpent

VIII

Couloirs de Poudlard.

Thanaïs sortait tout juste de son cours d'histoire de la magie. Absolument barbant. Soporifique même. Elle secoua la tête pour essayer de sortir de sa somnolence, tout en se dirigeant vers le parc de l'école.

? : Aïe !

Le cri ramena immédiatement Thanaïs à la réalité. Elle ouvrit les yeux, mécontente, et découvrit à terre une sorcière qui semblait avoir son âge. Son visage trahissait une origine asiatique, et elle portait de longs cheveux noirs sur une robe rouge. Elle s'affairait à ramasser une quantité considérable de livres et parchemins en tout genre, éparpillés dans le couloir à cause du choc entre les deux jeunes filles.

Thanaïs : Bah alors, Gryffonfille, on ne regarde pas où on marche ? On ne fait pas attention et on bouscule les gens respectables !?

Les yeux noirs de l'interpelée lancèrent des éclairs.

The Gryffingirl : Plutôt que de m'insulter après m'être rentrée dedans, tu pourrais peut-être m'aider à tout ramasser ?

Quelques élèves commençaient à former un attroupement autour des deux demoiselles – il faut dire aussi que les bouquins tombés ne permettaient guère d'emprunter le couloir.

Soudain, une voix s'éleva au-dessus des autres :

? : Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Les élèves s'écartèrent légèrement pour laisser le passage à un préfet surmonté d'une épaisse tignasse roux carotte. Celui-ci répéta en grondant :

Préfet : Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Évaluant d'un rapide coup d'œil la situation, il enchaîna à l'attention des curieux :

Préfet : Alors, pour commencer, vous allez me dégager le passage. Allez ! Circulez !

Certains élèves firent demi-tour pour éviter l'encombrement du couloir, d'autres essayèrent d'enjamber les parchemins. Une toute jeune élève en bleu osa faire remarquer :

Élève : Mais, on ne peut pas passer...

Préfet : Je me fiche de savoir si tu peux passer ! Tu n'as qu'à faire le tour par la bibliothèque !

Élève : Mais je vais...

Préfet : Encore une fois, je me fiche de savoir où tu vas ! Tu n'as qu'à adapter ton chemin en faisant un détour. C'est forcément possible ! Fais un effort. Réfléchis !

Confuse, la jeune fille n'ajouta pas un mot et suivit ses amies dans l'évacuation du couloir.

L'endroit presque dégagé, le préfet allait reporter son attention sur les élèves qu'il avait dérangées dans leur début d'altercation, quand une autre voix fit à son tour :

? : Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Une deuxième rouquin – vêtu de jaune celui-ci, mais portant un insigne semblable au premier – s'approcha et reconnut son collègue.

Préfet Poufsouffle : Salut Weasley ! Il y a un souci ?

S'approchant un peu plus, il découvrit son amie encore à terre.

Préfet Poufsouffle : Mona ? Besoin d'aide ?

Weasley : Tiens, tu tombes bien, Johns'. Ces deux-là, en plus de bloquer le couloir, étaient sur le point de se crêper le chignon – il désigna Mona et Thanaïs, toujours debout, du menton. J'avais l'intention de leur rappeler quelques règles élémentaires de discipline et de courtoisie. Mais puisqu'il s'agit de Mona, si tu veux que je te laisse le soin du rappel à l'ordre... Pour mademoiselle Serpentard aussi, bien entendu.

Le jeune homme ne l'écoutait que d'une oreille. Déjà agenouillé, il n'avait levé la tête qu'un instant afin de dévisager Thanaïs en silence ; puis il avait commencé, toujours sans mot dire, à aider Mona à ramasser ses affaires.

Mona: Merci, Cal. Tu es tombé à pic.

Cal Johns. : Oui, Weasley, ne t'inquiète pas, fit-il distraitement. Je m'en occupe.

Tandis que son confrère s'éloignait, soulagé de ne pas avoir à gérer lui-même ce stupide conflit, le jeune Poufsouffle ne fit de remontrances ni à l'une, ni à l'autre des jeunes filles. Il ne fit que ramasser les parchemins de Mona, et leva même la tête quelques instants pour s'adresser à Thanaïs :

Cal Johns. : Tu peux y aller, tu sais . Je m'en occupe, répéta-t-il.

Thanaïs ne sut pas ce qui l'avait contrariée le plus : le fait que les préfets parlent d'elle comme si elle n'était pas là, que Ron Weasley l'ait empêchée de quitter le couloir avec les autres élèves, qu'elle soit trop fatiguée pour leur répondre à sa façon, le ton fier de cette Mona après la bousculade ou bien la voix douce, calme et presque bienveillante de ce satané Poufsouffle, même pas fichu de s'énerver un minimum alors qu'elle venait de bousculer violemment son amie.

Renonçant à mettre de l'ordre dans ses pensées, Thanaïs fit volte-face sans un mot pour se diriger prestement vers le parc, pestant contre le retard qu'elle avait pris à cause de cette maudite Gryffondor incapable de regarder où elle mettait les pieds.