IX

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Parc de Poudlard.

Le parc de l'école était magnifique en ce début d'automne. Les arbres étaient orangés, verts, jaunes, rouges de diverses nuances, parfois d'un subtil mélange entre toutes ces couleurs. Certaines feuilles, du haut de leur branche, étaient traversées par des rayons lumineux leur donnant un air de vitrail. D'autres virevoltaient déjà, entraînées par la brise tiède qui venait de se lever.

À cette époque de l'année, il faisait encore bon, et le ciel assez dégagé laissait une place généreuse à un soleil encore prodigue de rayons.

Un temps idéal pour jouer au Quidditch.

Au Quidditch... L'entraînement ! Elle était en retard !

Thanaïs hâta le pas ; décidément, Drago allait lui passer un savon. Le premier entraînement en plus ! Elle était dans de beaux draps.

Quand elle arriva enfin au terrain, légèrement essoufflée, le couloir était désert. La jeune fille se précipita dans les vestiaires féminins avec la ferme intention de n'y rester qu'une petite minute.

Il s'agissait d'une pièce très simple : au centre, des sortes de banquettes étaient organisées en îlots, et sur l'un des murs, des cases imbriquées étaient destinées à accueillir les effets des joueuses. Une porte en bois faisait face à celle par laquelle Thanaïs venait d'entrer.

Une fois en tenue, les cheveux attachés, Thanaïs poussa la deuxième porte. Devant elle s'ouvrit alors une pièce un peu plus grande que le vestiaire dont elle sortait, meublée de fauteuils disparates disposés un peu au hasard. Dans un angle, deux placards en bois permettaient de ranger du matériel. Les vestiaires masculins débouchaient eux-aussi sur cette pièce ; elle servait à l'équipe, avant et après chaque match, de lieu de concertation sur la stratégie de jeu.

Sur le mur opposé, une porte menait directement au terrain. Avisant une silhouette adossée au mur à deux pas du panneau de bois, Thanaïs s'arrêta au milieu de la pièce.

Drago : Pas pressée, hein, Selwyn ?

La jeune fille se mordit la lèvre : elle avait bien envie de répondre caustiquement à son capitaine, mais dans cette situation, elle avait clairement tort et elle le savait. Elle fit alors un effort surhumain pour répondre :

Thanaïs : Ouais, je... J'ai été retardée. Je suis désolée.

Le beau blond fronça les sourcils, visiblement contrarié – un sentiment légitime si l'on considérait la situation dans laquelle se trouvait son équipe, à peine constituée à quelques jours des premiers matchs.

Drago : Écoutes, je n'ai pas envie de te le dire deux fois. Je suis sûre que tu comprends. Cette saison de Quidditch se présente déjà mal. Il me manquait trois joueurs par rapport à l'année dernière : j'ai un nouveau batteur, plutôt bon, mais qui doit tout de même s'entraîner avec l'équipe ; et non pas deux, mais trois nouveaux poursuiveurs à former. Amy m'a recruté un troisième année incapable : il faut tout lui apprendre et on n'en a pas le temps ! Ensuite, on a accepté Joanna – tu imagines bien ce que cela implique, même si c'est Ernie qui s'en charge ! Et en plus de la cadrer, Ernie doit s'entraîner à nouveau à la poursuite. Sans compter qu'on a un autre double poste : toi. Cette année s'annonce déjà suffisamment compliquée pour moi, je n'ai pas envie que ce job de capitaine devienne pour moi un poids. Hors de question d'arriver en retard aux entraînements, donc, Selwyn ! D'autant que je dois t'entraîner personnellement, pour le poste d'attrapeur.

Thanaïs : Je n'ai jamais été dans l'équipe de Serpentard, Malefoy, mais il n'y a pas qu'à Poudlard qu'on joue au Quidditch. Je ne pense pas avoir beaucoup à apprendre de toi sur ce point. Je sais bien que tu es fier d'être jusque-là le meilleur attrapeur de Poudlard – ou plutôt, le meilleur attrapeur jouant dans une équipe à Poudlard. Mais... Je suis meilleure que toi, si on en croit la dernière raclée que mon équipe t'a flanquée. C'était quoi, l'autre été, 17 victoires à zéro ? Et 23 à 8 pour moi en défi singulier – juste toi, moi et le vif d'or ? Sans compter ton abandon à la fin à cause de la fatigue. Tu es bon, c'est certain, mais on est loin de l'excellence, acheva-t-elle d'un air ironique, un sourire espiègle au coin des lèvres.

Drago resta interdit, piqué. Il se souvenait de cette confrontation. Il avait pourtant essayé, vu les résultats, d'oublier cette humiliation, mais hélas il se souvenait.

Quelle délicatesse de lui rappeler maintenant sa cuisante défaite ! D'autant qu'il était simplement en train de la reprendre à l'ordre. Légitimement. Parce qu'elle était arrivée avec grand retard.

Retard. Il fallait commencer l'entraînement.

Le jeune homme se pencha sur le côté pour regarder vaguement la porte menant au terrain, pensant à la quantité de travail qui les attendait derrière. En se retournant, il croisa le regard de Thanaïs qui s'était approchée. Baissant alors la tête, pris d'un élan de faiblesse, il lui livra dans un souffle le fond de sa pensée :

Drago : On n'y arrivera pas...

Touchée de son aveu, la Serpentard se rapprocha encore du grand blond jusqu'à poser une main sur son bras dans un geste réconfortant, et l'autre sur sa joue, essayant de lui faire redresser la tête. Elle le rassura d'une voix douce :

Thanaïs : Bien sûr que si, on va y arriver. Tu vas y arriver. Tu en es mille fois capable, voilà pourquoi c'est toi le capitaine. Je te rappelle les trois piliers de notre maison : détermination, finesse et ingéniosité. Mets ces principes en action et on va la gagner, cette coupe !

L'héritière du SerpentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant