L'héritière du Serpent

XII

Parc de Poudlard.

Cal Johns. : Alors, tu as réussi à te décider à laisser ton parchemin ?

Il avait posé la question d'un air taquin à son amie tout juste arrivée. L'endroit que le jeune homme avait choisi était splendide : au bord du lac, sous un saule pleureur qui filtrait les rayons de fin d'après-midi. La légère brise qui caressait leurs joues rendait le fond de l'air un peu frais, mais pas suffisamment pour qu'une cape soit indispensable.

Mona ne prit pas la peine de relever la remarque moqueuse et s'assit à côté du garçon. C'est vrai qu'elle était souvent paniquée à l'idée de ne pas réussir, quand elle travaillait, parce qu'elle avait régulièrement l'impression de ne pas comprendre les professeurs. Pourtant, jusque-là, tout s'était toujours bien passé, et elle avait réussi chacun deses examens de fin d'année. Mais cette année, son inquiétude était plus grande encore : cette année, il y avait les BUSE...

Elle laissa passer quelques minutes, profitant de l'air extérieur, avant de rompre le silence :

Mona : Au fait, merci pour tout à l'heure. Je ne sais même pas vraiment ce qu'il s'est passé, cette fille qui regardait en l'air en marchant m'est rentrée dedans, mais au lieu de s'excuser et de m'aider... Je ne comprends pas pourquoi.

Cal Johns. : C'est rien, j'étais juste dans le coin au bon moment...

Il n'avait même pas pris la tête de tourner la tête pour répondre – distraitement, qui plus était. Le regard fixé sur la surface de l'eau, au loin, il paraissait perdu au fond de ses pensées. Mona s'est rendit compte et lui demanda :

Mona : Dis-moi, tu voulais me parler de quelque chose ?

Le Poufsouffle sembla sursauter à cette question, qui parvint à le tirer de sa rêverie. Il soupira, puis secoua la tête pour tenter de remettre de l'ordre dans ses pensées.

Cal Johns. : Oui... Non. C'était plutôt une question. Mona, est-ce que tu as déjà, comment dire... Est-ce que tu as déjà eu l'impression de revivre dans la réalité une scène que tu avais déjà vécue en rêve, ou même simplement l'impression de retrouver certains éléments d'un rêve, dans la réalité ?

Son amie parut surprise.

Mona : C'est vraiment cette question philosophique, qui te perturbe à ce point ?

Le rouquin haussa les épaules.

Cal Johns. : Oui. Je ne sais pas, je me suis posé la question subitement tout à l'heure.

Tu sais bien que je te reposerai sans cesse la question jusqu'à obtenir une réponse, pensa-t-il à ajouter, mais il se ravisa : justement, elle le savait déjà. Il se contenta donc de lever vers elle un regard assoiffé de savoir, comme si seule la Gryffondor pouvait lui apporter cette clef qui lui manquait pour comprendre on-ne-sait-trop quoi.

Mona : Tu es bizarre, Cal. Et puis je ne comprends rien à la philosophie. En plus les sorciers n'en font pas beaucoup. Mais s'il faut que je donne ma propre réponse... Oui, je pense que ça m'est déjà arrivé. J'avais rêvé de mon entrée à Poudlard. Mais tu n'y étais pas. En fait, dans la réalité, tout a été très différent : dans mon rêve, par exemple, on rejoignait le château à dos de centaure. Je ne savais même pas encore que personne ne peut monter sur le dos d'un centaure...

Cal Johns. : Et un rêve qui se réalise exactement à l'identique ?

Mona : Si tu parles d'une sorte de rêve prémonitoire ou prophétique, non, jamais. En divination non plus, je ne suis pas forte !

Le jeune homme resta pensif. Mona l'observa : elle le trouvait bizarre. Différent. Depuis qu'elle le connaissait, elle l'avait rarement vu si distrait.

Mona : Tu penses à quelque chose en particulier ?

Cal Johns. : Non. Juste une vague impression...

Alors que la jeune fille allait le questionner d'avantage, il s'empressa de la devancer :

Cal Johns. : Il se fait tard. Tu ne commences pas à avoir froid ? Moi si. En plus il va bientôt être l'heure du dîner. Ça te dit que l'on rentre ?