3 - Alaska

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Une fois arrivés au magasin, je retire ma capuche trempée par la pluie qui tombe abondamment dehors, et sors la liste de courses de ma poche tandis que Flynn s'est déjà volatilisé, probablement au rayon des sucreries. Je collecte tout ce qui est sur la liste, mon panier se fait lourd. Je cherche Flynn, je ne sais pas où il est, mais il n'est pas au rayon des friandises ; j'en profite pour faire le plein de Twizzlers à la cerise et lorsque c'est chose faite, je pars à la recherche de l'affreux monstre qu'on m'a confié. Je parle de mon frère, pas de ma maladie.

Je l'appelle en parcourant les rayons, cet endroit est minuscule, pourquoi je ne le trouve pas ? Alors que je traverse le rayon des piles, je vois le garçon d'hier, il me voit, s'arrête dans la contemplation du rayon et m'adresse un large sourire. Quelle était la probabilité pour qu'il soit au même endroit et à la même heure que moi une seconde fois ? Portland n'est pas si petit que ça, il aurait pu aller au supermarché, il aurait pu venir dix minutes plus tard. Mon cancer est déjà un sacré psychopathe qui veut ma mort, je n'en ai pas besoin d'un deuxième qui me traque, le premier s'en charge déjà bien.

— Salut ! me dit-il joyeusement.

Je le fixe un moment et je me rends compte que je ne l'ai jamais vu avant, ni au lycée, ni dans le quartier. Pourtant, ce petit magasin est bien un commerce que seuls les gens du quartier côtoient, c'est un commerce de proximité, pratique quand il manque quelque chose et qu'on n'a pas envie de se déplacer jusqu'au Walmart.

— Salut, dis-je simplement en tentant de rester naturelle.

— Tu cherches quelqu'un ? me demande-t-il. Je t'ai entendue appeler quelqu'un.

— Mon petit frère. Il est parti, comme à chaque fois.

— Est-ce qu'il est petit, brun et est-ce qu'il aime le chocolat ?

Est-ce que ce mec me traque en fait depuis plusieurs jours au point de connaitre mon cercle familial ? Il doit remarquer mon anxiété soudaine puisqu'il se met à rire, comme s'il voulait détendre l'atmosphère. C'est ce que font les psychopathes, après tout.

— J'ai vu un petit garçon se gaver de chocolat dans le rayon de derrière, déclare-t-il.

Flynn, je vais te retrouver et je vais t'envoyer en Alaska, avec un peu de chance, tu te feras dresser par une famille d'ours polaires plus civilisés que toi. Je m'empresse d'aller dans le rayon en question et ce que je vois me désespère. Flynn, assis par terre en train de se gaver de chocolat, plusieurs emballages à ses pieds.

Vous voulez savoir quelque chose ? C'est moi qui ai proposé à mes parents qu'on appelle mon petit frère Flynn, quand il est né. Ça leur a plu, ils ont accepté. Pour eux, c'était juste un prénom. Pour moi, c'était une référence à Flynn Rider dans Raiponce. Sauf que ce gamin n'a rien d'un futur prince charmant, il finira par engloutir des bières et porter des chemises aussi moches que celles de mon père. Pauvre Flynn, je t'avais pourtant donné toutes les chances de devenir un mec génial.

— Flynn, repose ça tout de suite ou je te ferai manger du chocolat jusqu'à ce que tu fasses une crise de foie et que tu en sois dégoûté à vie.

Il lâche l'emballage qu'il tient dans les mains et lève les paumes, comme s'il essayait de me faire croire qu'il est innocent alors qu'il a du chocolat absolument partout sur sa bouche, sur ses doigts et même sur ses vêtements. Je regarde les emballages au sol, je vais devoir payer ce que mon frère a mangé. Il a mangé cinq Reese's.

— T'as pris des Reese's ! m'indigné-je. Tu ne pouvais pas manger un truc moins cher ?

Il prend un air torturé, cet air qui marche si bien sur mes parents ; en général, ça les fait culpabiliser d'avoir élevé la voix, mais ça ne prend pas avec moi. Je lui dis de m'attendre à l'entrée de la boutique et ramasse les emballages pour payer ce que mon frère a mangé.

MY LAST WISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant