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Le salon est tellement obscur que si maman voyait ça, elle me dirait d'ouvrir les rideaux car la lumière du jour rend de meilleure humeur. Tarée, vous avez dit ?

Confortablement affalée dans le canapé, je zappe les chaines de la télévision, j'ai l'impression qu'il n'y a rien à regarder mais c'est probablement parce que nous sommes au beau milieu d'un jeudi après-midi, les gens travaillent.

Je suis finalement rentrée lundi de l'hôpital. J'ai pensé que mes parents allaient en vouloir à Duncan, l'injurier et lui dire qu'il a été totalement inconscient. Enfin vous savez, ça n'était pas de sa faute à lui, mais quand les gens sont énervés, un amas de rancune injustifiée se manifeste. J'ai eu tort, mes parents n'ont pas jugé Duncan, ils étaient plus inquiets d'autre chose. Ils m'ont sommée de rester à la maison pour me reposer un peu avant de sortir et m'amuser de nouveau. J'ai l'impression qu'ils ne savent pas ce qu'ils veulent, quand je reste à glander dans mon lit devant Netflix mon père m'éjecte presque de la maison, et quand je sors, on me dit de me reposer. D'ailleurs nous avons profité de ces derniers jours pour profiter les uns des autres et passer plus de moments en famille.

Flynn s'installe dans le canapé à côté de moi et tousse grassement, ce qui me fait me rappeler que je ne suis pas seule et qu'il n'est pas à l'école aujourd'hui.

— Regarde Charlie, je t'ai fait un dessin ! s'exclame-t-il.

À chaque fois qu'il dit ça, tous mes sens sont en alerte et c'est comme si une alarme se déclenchait dans ma tête. Danger ! Danger ! Danger ! À chaque fois, j'ai l'impression qu'on me met à l'épreuve, j'entendrais presque une voix de présentateur télé : « Est-ce qu'aujourd'hui, Charlie sera capable de ne pas vexer son petit frère, pour dix mille dollars ? Et poussons le vice, pour vingt mille dollars, sera-t-elle capable de deviner ce que représente le dessin ? ».

Je me détends et lui adresse mon plus beau sourire lorsqu'il me tend son dessin.

J'aimerais le tourner parce que je suis sûre qu'il n'est pas dans le bon sens, mais Flynn m'a engueulée la dernière fois que j'ai fait ça, « Si je te le donne dans ce sens, c'est que c'est dans ce sens ! » s'était-il énervé. Je regarde bien et je discerne finalement une maison maladroitement dessinée, le toit nécessiterait un bon coup de travaux, si vous voulez mon avis. Il y a des traits bleus au sol. Qu'est-ce-que c'est ?

— C'est... la mer ? demandé-je prudemment.

— Mais non Charlie, c'est de l'herbe ! dit-il en se tapant le front de sa paume.

— Tu as déjà vu de l'herbe bleue ? le taquiné-je.

— J'avais plus de vert ! s'exclame-t-il.

— D'accord, t'énerve pas...

Je regarde mieux et je vois trois petits bonhommes qui ont visiblement un léger problème d'anatomie, leurs bras ne sont pas à la même hauteur mais je vais me garder de le lui dire. Il me pointe du doigt le plus grand personnage, il me dit que c'est papa. Ensuite, il y a maman et un tout petit bonhomme qui le représente.

— Et moi, je suis où ? demandé-je.

— Ici.

Il désigne le ciel dans lequel un bonhomme semble flotter. Il a des ailes qui rappellent des ailes de mouche. Pourquoi les enfants sont aussi glauques ?

Je pose le dessin et frotte la tête de Flynn, il déteste quand je fais ça. Il me regarde avec ses grands yeux bruns, on dirait qu'il va pleurer.

— Tu vas vraiment mourir, pour de vrai ? me demande-t-il.

— Oui, murmuré-je.

— Si tu meurs, ça veut dire que je ne pourrai plus te voir ? demande-t-il tristement.

MY LAST WISHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant