Dagmar Mortarion

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L'Histoire du fondateur de la maison Mortarion se perd dans les méandres du passé à une époque où la transmission était encore majoritairement orale et où les mythes et les légendes se fondaient dans la réalité. Les vestiges qui nous sont parvenus sont maigres et souvent incomplets. Tout ce dont on est certain c'est qu'en 478, Dagmar Mortarion unit ses forces avec trois autres illustres magiciens pour fonder le Circulum Magicae, vulgairement appelé le « Cercle Magus » de nos jours, dans le petit bourg de Mons Cornutus, afin d'y former les praticiens des arts occultes à l'abri des pouvoirs politiques et religieux de cette époque.

Selon les légendes Dagmar Mortarion est originaire de Scandinavie, probablement la Suède comme le laissent supposer les sources les plus anciennes. Il y vivait modestement avec sa famille. On sait qu'il possédait un frère et une sœur mais leurs noms ont été oubliés avec le temps. Ses parents Björn et Brynja étaient des skaldes, des guérisseurs-poètes nomades très répandus à l'époque dans cette région du continent. Tous avaient la particularité d'avoir les yeux vairons, l'un saphir, l'autre jade. Cela leur valait une mauvaise réputation expliquant leur mode de vie. Ils ne restaient jamais plus de quelques jours au même endroit. Peu importe, la famille s'en accommodait avec plaisir, traversant les villages pour y jouer les grandes Eddas où pour y apporter des soins à qui en avait besoin. À quelques rares occasions des seigneurs de guerre venaient trouver Björn pour qu'il leur déchiffre les runes. Ces petites pierres gravées étaient censées percer le voile des futurs possible. Transmises de génération en génération, le père de famille ne s'en séparait jamais.

Alors âgé de 16 ans ans, Dagmar était un jeune homme athlétique, de trois bonnes coudées et demi de hauteurs, à la peau tannée par le rude climat local. De longs cheveux bouclés blonds encadraient son visage, tandis qu'un tatouage ornait l'intérieur de son bras droit. Ce symbole, à présent l'un des emblèmes de notre illustre maison, était celui de ses ancêtres et de sa famille. Il l'avait obtenu lors de ses 15 ans, comme le voulait la tradition familiale marquant le passage de l'enfance à l'âge adulte. À l'image de ces contrées nordiques, le jeune homme était calme, souvent laconique comme les steppes enneigées mais il pouvait aussi se révélait cinglant et glacial comme le blizzard. Baigné par la culture de ses parents, l'apprentissage était pour lui une source inépuisable de plaisir. À ses yeux la réussite s'offrait à qui s'en donnait les moyens et n'était qu'une question de volonté.

« Vouloir, c'est pouvoir. »

Un soir de pleine lune, alors que sa famille campait sur la route de leur prochaine destination, Dagmar vécut la plus terrible nuit de son existence. La journée avait pourtant commencé sous de bons auspices. Son frère et sa sœur avaient bondi de joie lorsqu'un majestueux oiseau bleuté les avait survolés en laissant derrière lui une longue traine de flocons de neige. « Un cryophoenix ! Un cryophoenix ! » scandaient-ils la voie tremblante. Cet animal mythique peuplait les récits de leurs parents où il n'apparaissait qu'aux valeureux. Moins expansif, Dagmar jubila en silence en se contenant de sourire les yeux brillants.
Plus tard, le repas commençait à peine quand surgirent trois hommes dans la lueur de la lune. Dagmar perçut immédiatement qu'ils n'étaient pas là par hasard. L'un d'entre eux s'adressa à Björn en exigeant qu'il lui remette les runes en sa possession. Le père refusa catégoriquement de livrer ses objets sacrés pour sa famille. Il hurla aux siens de s'enfuir. Dans un craquement d'os, les bandits se métamorphosèrent en Fenrir, de sadiques lycanthropes nordiques. Ce fut un massacre sanglant auquel seul le jeune Dagmar survécut. Voyant sa famille se faire dévorer, la rage le submergea, son tatouage se nimba de flammes bleutées et des éclairs foudroyants surgirent de ses doigts alors que les griffes de son assaillant lui entaillaient le visage en travers de l'œil gauche. Deux des Fenrirs moururent sur le coup. Le troisième fut projeté au loin et s'enfuit en jappant. Dagmar prit son courage à deux mains pour se lancer à la poursuite du survivant mais s'effondra, tétanisé, à cause de sa blessure. La lycanthropie l'envahissait... Alors qu'il agonisait, une lueur d'espoir apparut dans un bruissement d'ailes. Un cryophoenix ému par la bravoure et la volonté du jeune garçon vint se poser à ses côtés. La créature l'observa d'un regard perçant et versa délicatement quelques larmes sous la forme de flocons qui flottèrent jusqu'à la blessure. Le jeune homme hurla de douleur tandis que la plaie se couvrait de givre.

Cercle Magus : Les FondateursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant