Tu tiras nerveusement sur ton haut et lança un regard angoissé à ton miroir. Ce dernier te renvoyait un reflet qui te tira une grimace. Cheveux emmêlé, yeux plus ou moins cernés, teint blême...Rien à faire, malgré les miracles plus ou moins immédiats du maquillage, on aurait toujours dit que tu sortais de la plus grosse soirée de ta vie.
Ou que tu n'avais presque pas dormis de la nuit pour cause de conversation téléphonique prolongée avec une amie.
Tu soupiras bruyamment avant d'enfiler un jean, saisis au hasard parmi les tas de vêtements épars qui jonchaient l'épaisse moquette au sol. Tu passas vaguement la main dans ta tignasse, saisis ton téléphone sur le lit et sortis de la chambre pour aller déjeuner avec tes amis.
Tes pieds foulèrent le tapis rouge qui recouvrait le couloir. A ta gauche, un léger bruit te fit sursauter.
-Qu'es que...
Tu pivotas sur tes talons et jeta un coup d'œil perplexe dans l'obscurité du corridor. Dans ton dos, plaqué contre le mur décoré, un couple s'embrassait fougueusement. S'en était presque gênant de les voir s'exhiber ainsi. Et toi, tu ne connaissais qu'une seule personne ici qui en était vraiment capable.
Harry.
Tu contemplas un moment la chevelure blonde et la taille fine de la fille qu'il serrait contre lui et soupiras. Le léger bruit alerta les oreilles d'Harry et il détacha ses yeux de sa nouvelle conquête pour les poser sur toi.
-Salut Maëva , lança-t-il froidement, comme si il n'était pas étonné de te voir là.
Intérieurement, tu sentis ton cœur se vider en entendant son salut glacial, extérieurement, tu te composas un masque figé et lui renvoya sa politesse à la figure.
-Salut Harry.
Tu décochas un regard maussade à la pauvre fille qui tentait de reprendre le baiser interrompus en glissant ses mains dans la nuque du bouclé et t'éloignas au pas de course, les larmes brûlants tes paupières.
-Bonjour mademoiselle ! Enonça le réceptionniste quand tu passas devant lui pour rejoindre la salle à manger.
-Bonjour monsieur ! Répondis-tu d'une voix éteinte.
Tu fis un sourire agréable au brave homme avant d'ouvrir vivement la porte. Tu pénétras dans la pièce, comble à cette heure-ci, et chercha des yeux ceux avec qui tu devais déjeuner. Ils étaient assis au fond, à une table un peu isolée et chahutaient comme d'habitude.
Tu ne pus t'empêcher d'avoir envie de rire en t'avançant. Ils avaient beau être tous majeurs, on aurait dit qu'ils avaient 5 ans lorsqu'on les regardait de loin.
Tu arrivas derrière Louis, déposa une bise sur sa joue, tiras une chaise et t'assis lourdement. Le brun te tendis une brioche et tu mordis énergiquement dedans, tu étais affamée.
-Et nous ? Pas de bonjour ? Nargua Niall en grimaçant.
-B'jour, soufflas-tu en avalant une bouchée de pâte feuilletée.
Liam te jeta un regard amusé. Ses yeux notèrent ton êtas pas très frais et il partit d'un grand rire.
-Ha ! Tu as fait la fête toute la nuit ou quoi ?!
-C'est bon, lâche moi...
Tu aurais aimé être aimable. Vraiment. Mais la vue d'Harry, collé contre sa nouvelle conquête était ancrée dans ton crâne et tambourinait violement contre tes tempes. Tes doigts se crispèrent nerveusement sur ta viennoiserie.
-ça ne va pas ? S'enquerra Louis, un petit air inquiet sur le visage.
-Si, si... Je suis juste... fatiguée je crois.
Ce n'était qu'un demi-mensonge après tout.
Tu étais vraiment fatiguée. Fatiguée du petit jeu qui s'était instauré sans que tu le veuille entre le plus jeune du groupe et toi. Cela avait démarré dès ton arrivée. Louis t'avais invitée à les suivre pendant une petite partie de leur tournée, d'abord parce qu'il voulait passer du temps avec sa meilleure amie, ensuite parce qu'il voulait absolument te présenter ses potes. Tu avais accepté de bon cœur et avait fait connaissance avec les garçons, lesquels t'avait tous accepté.
Tous sauf un.
Harry avait au début pris le parti de t'ignorer royalement. Pour ensuite passer sur une période où il était plutôt gentil, agréable... Vous aviez beaucoup de point commun et vous entendiez assez bien. Et puis brusquement, sans raison apparente, il avait pris ses distances. Il ne t'adressait plus la parole, hormis pour te contredire, et on aurait dit qu'il s'ingéniait à ce que tu tombes sur lui lorsqu'il serrait une de ses conquête dans ses bras.
Et ça faisait mal, putain ce que ça faisait mal.
Parce qu'évidement, toi, tu étais irrémédiablement amoureuse de lui.
-Maëva? Soufflas Zayn, te tirant de tes pensées.
Tu relevas les yeux vers son visage inquiet et soupiras. Tu ne pouvais vraiment pas leur expliquer tout ça.
Surtout qu'Harry arrivait.
-Hye ! S'exclama-t-il à la cantonade.
-Salut Haz' , rit Louis avec les autres.
Tu te contentas d'un regard terne. Apparemment, la pouffiasse blonde avait disparu. A tous les coups il lui avait demandé de l'attendre dans sa chambre. A cette idée, tu te renfrognas d'avantage.
-Mais qu'es que tu as Maëva ? Pourquoi tu fais la gueule ? S'exaspéra soudain Liam.
-Rien...
-Laisse Liam, intervint Harry, moi je sais ce qu'elle a.
Il posa un regard amusé sur toi et tu eu envie de hurler. Qu'es qu'il allait encore pouvoir sortir pour te mettre mal à l'aise cet imbécile ?
-Je me demande bien comment tu pourrais ! Ripostas-tu vertement.
La tension montait autour de la table.
-Je le sais c'est tout, énonça posément Harry en s'essuyant les mains.
-Bon, ça suffit... commença Louis en posant une main sur ton poignet.
-Et bien vas-y Styles ! Éclaire la table de tes lumières alors ! Grondas-tu soudain, le cœur serré.
Il esquissa une grimace, mais poursuivis sur sa lancée.
-Tu es jalouse de mes petites-amis. C'est évident, il n'y a qu'à voir comment tu les regardes quand tu me croises avec elle.
L'idée te tira un ricanement nerveux. Il tapait pile dans le mille mais tu n'avais pas l'intention de le lui laisser voir. Tu te levas lentement et lui cracha presque à la figure.
-Je ne serais JAMAIS jalouse de tes pétasse décolorée Harry !
Niall te lança un regard, son pain au chocolat arrêtant sa course à mi-chemin de sa bouche. Il était surpris par le ton employé.
-Je ne suis PAS jalouse, répétas-tu, une pointe de désespoir dans la voix.
Peut-être que s'il s'était tu, tout aurait finis comme ça et la conversation aurait été close pour un moment. Mais c'était Harry. Et s'il y avait bien une chose qu'Harry ne laissait jamais, c'était le dernier mot. Surtout dans une dispute.
-Et pourtant, conclu-t-il, y aurait de quoi.
C'était dur. Froid. Parfaitement inutile et presque méchant en fait. Cela éteint les gloussements de Zayn et fit s'écarquiller les yeux de Liam et de Louis.
-Mec..., soufflas Niall sur un ton d'avertissement, arrête.
De ton côté, tu sentis ton sang bouillir. Tu tétais figée en entendant la remarque acide et maintenant, une colère sourde grondait dans ta poitrine. Tu braquas sur Harry un regard noir. Il te fixait serein, impassible en apparence, mais sa mâchoire était crispée et ses yeux te jaugeaient.
-Bon écouter vous deux, on va.... Commença Liam.
Personne n'entendit la suite, la fin de la phrase fut coupée par un claquement sourd.
Celui produit par l'énorme gifle que tu venais d'administrer à Harry.
Tu n'avais pas pu te retenir. Le serveur qui s'approchait de votre table eut un sursaut et s'éloigna lentement vers les cuisines. Zayn te jeta un regard affolé et se leva en même temps que toi.
Pour te retenir ? T'engueuler ?
Tu ne le su pas car tu bousculas ta chaise et sortis au pas de course de la salle à manger, laissant tes larmes dévaler tes joues.
Quel connard.
Tu filas à toutes vitesse vers l'escalier, le gravit sans ralentir et te précipita vers ta chambre.
Avant d'être stoppée en pleine course.
-Reste là ! Crias presque celui dont la poigne venait de s'abattre sur toi.
Tu te retournas vivement et sursauta en apercevant Harry. Sa joue était rouge et ses yeux brillaient de colère.
-Tu m'expliques ou ? Siffla-t-il presque.
La poigne sur ton avant-bras se resserra et tu te retins de grimacer.
-Lâche-moi merde ! Tu me fais mal !
Il ne t'écouta même pas. Au contraire, tu eu même l'impression que la pression devint plus forte.
Le silence s'abattit sur le couloir. Tu ne bougeais plus, mais tu n'avais pas l'intention de parler non plus. Tu te contentais de supporter farouchement son regard sans faillir, les épaules crispées.
-T'es jalouse d'elles Maëva ? Chuchota-t-il soudain.
Il te fixait, un feu étrange couvant au creux de ses prunelles. Tu sentis un feu enflammer tes joues mais tu hochas lentement la tête de droit à gauche.
A ta grande surprise Harry sourit et avança doucement vers toi, sans lâcher ton poignet. Tu heurtas doucement le mur et tremblas. Qu'es qu'il allait faire ? Il approcha lentement son visage du tien, son nez effleura délicatement l'arrête de ta mâchoire et tu frémis.
-Répond moi.
Tu ouvris la bouche pour répondre mais ta gorge s'assécha lorsque la sienne se posa sur ton cou. Il embrassa légèrement ta clavicule avant de murmurer, le visage enfouis dans tes cheveux.
-Tu es jalouses d'elles, je le sais.
Ce n'était plus une question. Il affirmait désormais. Et tu maudissais silencieusement ton cœur de battre aussi fort chaque fois qu'il te frôlait. Tu ne voulais pas lui donner la satisfaction d'acquiescer ou de ne lâcher ne serait-ce qu'un mot.
Pourtant tu consentis à sortit quelque chose.
-Non.
-C'est dommage...
Il avait chuchoté ça doucement. Son souffle heurtait tes lèvres et tu ne pus t'empêcher de rougir. Qu'es qu'il fichait au juste ? Et toi pourquoi tu restais désespérément immobile, à rougir comme une perdue ?
-J'en fait exprès tu sais.
- Q... Quoi ?
Il avait collé sa joue contre la tienne et murmurais dans ton oreille.
-Toutes ces filles. J'aurais bien aimé que tu sois jalouse tu vois. C'est pour ça que je fais ça. C'est con hein ? Mais j'avais peur... Un peu. Je voulais savoir si tu tenais à moi, autant que moi je tiens à toi.
Tu avais l'impression de t'enfoncer dans le brouillard. Il continuait de parler et tu ne captais plus qu'un mot sur deux. Tout à coup, tu devins affreusement consciente de son corps contre toi, de ses mains qui avait entouré tes hanches et de ses lèvres qui frôlaient parfois ton oreille tant il était proche.
-... Et en fait, terminas-t-il enfin, je suis désolée de t'avoir fait du mal. Je voulais juste... juste savoir si tu m'aimais assez.
Tu ne savais pas quoi dire, pas quoi répondre à ça. D'un côté, tu étais tellement furieuse que tu aurais pu le claquer une seconde fois. D'un autre, tu sentais ton cœur traitre qui s'emballait.
-Tu... Tu es un idiot, soufflas-tu en désespoir de cause.
Il se décolla légèrement de toi, fit courir son regard jusqu'à tes lèvres avant de lancer, tout en ramenant une de ses mains dans ta nuque.
-Oui, mais un idiot qui t'aime.
Et il fondit sur ta bouche, pressant tendrement la sienne. Tu glissas tes doigts tremblants dans ses boucles brunes et répondis sans hésiter à son baiser, sa déclaration tourbillonnant dans ton esprit.
Il t'embrassait. Au beau milieu du couloir, à la vue de tous.Comme lui seul en était capable.