Chapitre 5 : Absence

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Lysandre

— Remise de ton sale rhume? Pas tout à fait, t'as encore à moitié une tête de cauchemar.
— Lâche-moi, Castiel, répondit la jeune fille en s'éloignant.

Lysandre regarda la scène avec surprise et un mauvais pressentiment l'envahit dans l'instant. Ce n'était pas le genre de Luan... Mais il avait vu tellement de facettes insoupçonnées ces derniers jours qu'il ne pouvait pas se contenter de cette étrange sensation. La connaissait-il vraiment après tout ou bien s'était-il encore une fois mis des oeillères ?

— Rah, je plaisante, prends pas cet air vexé ! T'es malade, t'as des cernes, ça passera. Ce que c'est susceptible, une fille, quand ça s'y met, sérieux ! Dès qu'on touche à votre petit visage... Lysandre aussi il a une tête de cauchemar et des cernes la moitié du temps, et quand je lui dis qu'il devrait se mettre au Xanax, ça lui fait ni chaud ni froid.

Le concerné leva les yeux au ciel mais ne put s'empêcher de se toucher les poches qui creusaient ses yeux du bout des doigts.

— C'est pas ça ! s'emporta brusquement la jeune fille.
— Qu'est ce qui se passe entre vous aujourd'hui ? tempéra froidement Lysandre.
— Lysandre ! s'étonna Luan. Je ne t'avais pas...
— Pas vu ? termina le victorien. Oui, ça devient récurrent ces jours-ci, Luan.
— Em... Désolée... bredouilla la lycéenne confuse.
— Salut, continua-t-il en tentant de faire comme si de rien n'était.
— 'Lut, fit Castiel avec un demi sourire.
— Salut, répondit Luan, honteuse.

Quand la sonnerie retentit, Lysandre observa la jeune fille se pincer les lèvres en se demandant probablement si elle devait les accompagner ou pas après ça.

— Reste au moins trois pas derrière moi, garde tes microbes, tu veux ? Merci bien.

Elle ferma les yeux et Castiel entama le chemin vers le bâtiment principal, jusqu'à retrouver Iris et Rosalya, qui avançaient à la fin de la cohue qui commençait à monter pour aller en cours.
En voyant Castiel la dépasser, la jeune fille aux longs cheveux blancs tourna la tête et s'arrêta lorsqu'elle aperçut Lysandre quelques pas derrière.

— Je ne m'éterniserai pas ce soir, juré promit-elle. Tellement de boulot...
— Tu sais bien que tu peux rester tant que tu veux, Rosa, la rassura-t-il lorsqu'il fut assez près d'elle pour ne pas parler trop fort.
— J'avais l'impression que tu n'étais pas si content de me voir rester pourtant...
— Ne dis pas n'importe quoi. J'étais préoccupé, c'est tout, ça n'a rien à voir avec toi.
— Préoccupé...?

Elle avait prêché le faux pour savoir le vrai et il était tombé dans le panneau, l'abruti ! Cette fille avait le don pour rendre les garçons chèvres.

— J'essaye d'écrire quelque chose de correct, je suis en phase d'inspiration.
— Hum... Pas de soucis.

Elle s'éloigna sans rien ajouter, laissant Lysandre dans le doute. L'avait-elle cru ? Il n'en était pas sûr...
Il expira fort et se passa une main fatiguée sur le visage. Trop de choses tournaient dans sa tête en ce moment, il ne pouvait pas gérer Rosalya en même temps.

Luan le rattrapa à mi-chemin dans les escaliers. Lorsqu'il sentit son corps si proche au milieu des rangs désordonnés de lycéens qui donnaient l'impression d'aller à l'abattoir, celui du chanteur se raidit sous le coup de la surprise et d'une sorte de méfiance. Une multitude de radars s'allumèrent en lui, autant dans sa tête que dans son corps, comme autant de capteurs qui lui permettraient de mieux comprendre celle à côté de qui il avait passé des semaines sans pour autant la regarder vraiment. Sans avoir fait le moindre effort pour ça d'ailleurs.

— Em... C'était ton idée à toi, de venir me rendre visite...
— C'est une question ?
— Non. Je suis sûre que c'est toi.

Le radar qu'était l'ouïe permit à Lysandre de détecter une pointe de malice dans sa voix et même s'il ne l'a regardait pas, il pouvait entendre qu'elle souriait.

Map Of Your Heart (Lysandre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant