Map Of Your Heart (Lysandre)

Chapitre 6 : Agression

Lysandre

En arrivant chez lui, plus tard que d'habitude, Lysandre prit trente secondes pour envoyer un massage à Castiel.

« Ce n'est pas toi, je pense, c'est autre chose. Je tirerai ça au clair. »

Maintenant qu'il était seul, son esprit était en train de prendre assez de recul pour essayer de comprendre ce qui se passait, rassembler le peu de pièces de puzzle que Luan avait bien voulu lui céder. Et si elle avait pardonné à Lysandre, ce n'étaient pas les remarques désobligeantes de Castiel qui auraient pu lui ôter jusqu'à l'envie de ne plus venir au lycée et de ne pas répondre aux SMS de la part d'Armin, qu'elle appréciait beaucoup.

« Tu te prends trop la tête, les filles c'est lunatique, point. Tu l'es pas mal toi aussi. Débranche ton cerveau, ça te fera pas de mal. Ou prends du Lexomil. Tu verras que demain tout ira bien. »

Le chanteur fit la moue et posa son téléphone. Il ne tirerait rien de Castiel.
C'était peut être lui qui avait raison ?
Il soupira et s'autorisa une longue douche, la porte de la salle de bains ouverte pour entendre la musique qu'il avait poussée trop fort.
Les notes, les voix, auraient dû m'aider à s'aérer la tête, à redescendre sur terre mais la situation l'avait emmené trop loin ce soir, il ne redescendait pas.

Il prit ensuite son carnet et commença à écrire, encore rempli des sentiments qu'elle lui faisait ressentir. Il avait pourtant du mal à faire le tri, à choisir le ton. La jalousie grandissait de nouveau peu à peu dans son cœur avec la solitude.

Est-ce qu'elle parlait avec lui, là, maintenant ? Essaierait-il de la séduire la prochaine fois qu'il la verrait ? L'embrasserait-il ?

La pensée amena une nuée de picotements au creux de son ventre, qui le fit grimacer. Pourtant, il savait bien que ça risquait d'arriver...
Il regretta même de ne pas avoir donné ce baiser, une heure plus tôt... Ses sentiments auraient été clairs, il n'y aurait plus eu d'ambiguïté pour qui que ce soit. Ça marchait, dans ces films que Rosalya adorait.
Mais pas dans la vie...
Un baiser, ça se donnait lorsqu'on sentait que l'autre personne le réclamait ardemment, pas pour prouver quelque chose. Et il était évident pour Lysandre qu'elle n'attendait qu'Armin, pour le moment... Il ressentait un trouble évident chez Luan lorsqu'elle parlait de lui, il décelait une attitude différente lorsqu'il était là. 

Lysandre fit valser son carnet un peu plus loin, ferma les yeux et sortit ses devoirs sans arriver à écrire une seule ligne de son commentaire de texte. Le petit malaise grandissait, jusqu'à prendre tellement de place que l'image d'Armin embrassant Luan de manière trop sensuelle ne quittait plus sa tête.
Il imaginait les mains de son rival sur le visage de Luan, dans son cou, flâner le long de ses bras...
Au bout d'un moment, il lâcha son stylo et dut détendre ses doigts qui s'étaient crispés tout autour sans qu'il ne s'en rende compte. 

Il joua un moment avec ses doigts, reprit son stylo et son calepin et se mit à plaquer sur le papier des mots, des phrases sans queue ni tête, comme en écriture automatique. Il se fichait des ratures, il se fichait de l'irrégularité de ses boucles, il se fichait que ses r n'aient pas tous la même apparence. Cette sensation envahissante de ne plus être capable de penser correctement et de laisser son corps faire à sa guise le galvanisait, l'emportait totalement, comme si un barrage venait de sauter et que d'un coup, tout lui était possible, qu'il pouvait tout se permettre.

Il soupira à la fin de son lâcher prise, regarda sa feuille et laissa une pointe de honte teindre le papier noirci de jalousie. Ça avait fait tellement de bien sur le coup, pourtant. 

Un peu apaisé et libéré de ses tumultueuses pensées, il rangea ses affaires en pensant commencer son commentaire de texte après dîner. Puis, vu l'heure avancée, il se leva et se dirigea vers la cuisine, où il trouva Rosalya, en train de verser une sauce blanche dans un plat avec une petite louche.