PDV Jade :
Tenant chacunes une main de notre petite sœur désespérée, nous arpentions les couloirs en direction de la cour du bâtiment. Nous débouchions sur une grande place très verdoyante. Au milieu de celle-ci se trouvait une petite fontaine avec des bancs un peu partout. Quelques allées en pierre faisaient la liaison entre le centre et les différentes entrées. Je m'adossai contre notre arbre fétiche : un grand chêne que Salomé avait appelé Benny. Chacunes de notre côté nous réfléchissions à ce qui nous attendrait sans notre petite Sasa. Quand je vis au loin des petits orphelins jouer à chat une idée me vint. Nous aussi nous jouerons à chat, mais avec les adoptants...
« -Les filles j'ai une idée ! » leur chuchotais-je.
Nous fîmes un petit cercle pour n'être entendues de personne. Je leur confiai mes intentions. Elles étaient d'accord pour tout sacrifier quitte à tout perdre. Dans leurs yeux, une petite lueur d'espoir germa pour la première fois depuis bien longtemps. Je ne les avais jamais vu aussi déterminées ! Nous repartîmes d'un pas plus rapide et plus assuré. Nous rentrâmes dans l'immense bibliothèque. Tout ici était très vieux, poussiéreux et surtout très silencieux. Cela faisait même assez peur ! C'était à ce demander depuis quand datait le dernier nettoyage... Mais, si nous étions là, c'était pour une bonne raison. J'étais à la recherche du plan détaillé de l'établissement. Je pris une feuille blanche et le recopiai très proprement, sous l'œil attentif de Salomé et Hanna. Je répertoriai aussi les rondes du personnel, l'heure du couvre-feu et les caméras de surveillance. La petite benjamine prit un stylo rouge et traça un chemin tout biscornu, ainsi que des cachettes à l'abri des caméras. Ça y est, notre plan est terminé. Ce soir, à minuit quinze, nous nous évaderons de ce maudit orphelinat ! Tant pis pour les deux futurs parents. Ils choisiront quelqu'un d'autre.
***
La sonnerie du couvre-feu retentit et les surveillants commencèrent leurs rondes. Tandis que dans notre chambre nous nous activions le plus silencieusement possible. Nous rangions nos vêtements dans nos sacs de sport ainsi que quelques babioles. Puis je pris un stylo et avec ma plus belle écriture, je me mis à rédiger :
Cher Mr.Smith,
Vous savez, j'ai toujours promis à mes sœurs que rien ni personne ne nous séparera. Comme je tiens mes promesses, mon choix est fait : nous partons. Ne vous inquiétez pas pour Salomé et Hanna je veillerais sur elles. Je n'ai plus qu'a vous dire :
Adieu
Jade Walker
Je plia la lettre puis la mis sous enveloppe en inscrivant dessus : « Pour Mr.Smith ». J'informais mes sœurs que si je ne revenais pas dans moins de dix minutes, elles devraient continuer toutes seules. Je pris une clé passe-partout et m'infiltrais dans le bureau du directeur. On ne peut pas dire qu'il soit beau mais en tout cas il est très organisé ! Aucuns papiers ne traînaient. Tout était bien rangé et bien classé. Sans faire de bruit, je déposai l'enveloppe bien en évidence sur la table. J'étais contente de ma discrétion. Je refermais la porte, quand soudain, une grande main me saisit par le haut de ma veste.
« -Ah ah ! La première des Walker ! Bonne pioche ! »
Un frisson me parcourut, je reconnus immédiatement cette voix et ça ne présageait rien de bon... Très lentement et très discrètement, je regardais l'heure sur ma montre. Il était minuit dix. Il ne me restait plus de cinq minutes avant qu'elles ne partent sans moi. J'allais devoir faire vite ! Je me retournai pour faire face à un Mr. Smith plutôt en colère. Je le défiai du regard et lui dis :
« -Lâchez-moi !
-Dites moi ce que vous faites debout à cette heure là, dans mon bureau normalement fermé à double tour ?
-Je me baladais ! »
Bon, j'avoue, ce n'est pas du tout ce qu'il fallait répondre !
« -Vous vous baladiez ! Dans mon bureau ? rigola-t-il.
Vite ! VITE ! Il faut trouver une excuse !
« -Vous avez votre réponse. Maintenant lâchez-moi ! me débattais-je.
-Je veux une vrai réponse Mlle Walker, pas une excuse bidon ! »
Je commençais à sentir des gouttes de sueur couler dans mon dos. J'avais beau connaître toutes les réponses du monde, mon cerveau avait décidé de se stopper là pour aujourd'hui. Comment vais-je faire ?
« -Tenez ! lui dis-je en lui donnant ma clé passe partout.
-Merci beaucoup ! Maintenant je vais pouvoir voir ce que vous m'avez volé ! »
J'eus envie de crier qu'il ne devait pas entrer mais je devais rester stratégique. Il rangea la clé dans la poche de son manteau. Il y avait deux possibilités : soit je courais directement dans la chambre, soit j'allais chercher ma clé et à tout moment Mr. Smith pourrait voir ma lettre. Il rentra dans son bureau, se dirigea vers la grande table et vit l'enveloppe. Il me regarda. Je restais là sans bouger. Il se retourna une nouvelle fois vers ses papiers. En une fraction de seconde, je courus vers lui et pris la clé qui était dans la poche de son manteau. Il me fit face :
« -Rendez la moi, je vous la confisque ! » dit-il en essayant de paraître sévère.
Je ne l'écoutais même pas et piquais mon plus grand sprint pour rejoindre au plus vite les dortoirs. J'arrivais, toute rouge, dans le couloir. J'entrais dans la chambre en essayant de faire le moins de bruits possible. J'eus l'impression que mon cœur s'arrêtait de battre. Elles étaient parties. J'avais préféré récupérer un passe-partout plutôt que de me dépêcher à les retrouver. A mon poignet, ma montre indiquait minuit dix-huit. A trois minutes près... Soudain, un vent frais entra dans la pièce. Cela m'intriguai car je ne laisse jamais la fenêtre ouverte quand nous étions à l'intérieur. Puis je me rappelai que pour nous enfuir nous devions passer par la petite embrasure. Je rassemblai toutes les forces qui me restaient, pris mes affaires et sautai par la lucarne. J'empruntais le chemin qui était resté gravé dans ma mémoire. Chaque pas faisait crisser les feuilles d'automne. J'essayais d'être la plus discrète possible. Rapidement je me retrouvais devant le grillage qui séparait la prison de la liberté. Je commençais à l'escalader. Le fer était très froid et tranchant. Je me coupai les mains à plusieurs reprises mais j'étais tellement occupée à retrouver mes sœurs que rien ne me ralentit. Une fois sortie de la propriété, je longeai les arbres, toujours sur mes gardes. Au bout de dix minutes, je me dis qu'elles étaient peut-être déjà loin à l'heure qu'il était. Je me laissai tomber au pied d'un arbre tout biscornu. Tout à coup, il me semblait avoir entendu des sanglots. Je me levais et partis dans la direction de ce murmure. Je me retournais sans cesse pour voir si je n'étais pas suivie. Toute tremblante, j'avançais prudemment. Puis je n'entendis plus rien. Je devais rêver... Je m'arrêtais. Les sanglots reprirent. C'était vraiment de la torture d'esprit ! Je me sentais observée et suivie. J'avais vraiment peur... Prise d'un élan de panique, je courus comme une folle entre les arbres. Toujours concentrée sur ma course je ne vis pas une racine qui sortait du sol. Je tombais par terre et me relevais immédiatement. Je tournai la tête pour voir si l'on me poursuivait. Malgré le noir, je vis des silhouettes au loin, se cacher derrière un arbre. Je fus terrorisée et me figeai sur place. Je crus distinguer une ombre qui se dirigeait vers moi. J'étais prête à affronter mon agresseur ! Au lieu de m'attaquer, une personne de petite taille m'attrapa et me serra contre elle. Je me baissai et la pris dans mes bras. Puis très vite une seconde apparût, en me prenant elle aussi dans ses bras.
« -Tu nous a fais très peur, où étais tu partie ? me questionna Hanna.
-J'ai cru que je ne te verrais plus... se lamenta Salomé.
-Vous croyez vraiment que j'allais vous laisser tomber ! Maintenant je suis là... » leur répondis-je tout bas.
A ce moment je savais nous ne regretterions pas notre décision...
Nous sommes trois...
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Salut !
Le chapitre 3 est arrivé ! Lentement mais il est arrivé... C'était peut-être un peu long mais je suis désolée ! Franchement je suis contente il est vraiment plus long que les autres...
Vous as t'il plu ?
Bisous
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We are three
Cerita PendekElles sont trois. Trois sœurs. Avec chacune leur caractère, leurs qualités et bien sûr leur univers. Mais elles ont un point commun : elles sont loin d'avoir une enfance de rêve comme tout le monde...