Discours poignant!

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Ces paroles résonnèrent longtemps en écho dans les couloirs de la maison et dans la tête de Julie.  Cette voix, ce n'était pas celle de Joseph. Pas celui qu'elle avait connu en tout cas. C'était sa voix, le même son mais elle semblait comme changée, d'une intonation différente comme pris d'une note plus grave. Lui aussi devait avoir peur, se dit-elle. Il avait dû se remettre en question et changer durant ses trois mois. Avait-il pris des bonnes résolutions comme elle ? Aimera-t-elle ce nouveau Joseph ? Le poids du stress retomba soudain sur elle et elle se sentit chancelante.    

– Oui, je suis là, réussit-elle à dire.

Il y eu une petite pause. Chacun d'eux savait l’importance de ce moment. Il avança un peu dans le couloir. Quelque chose racla soudain le mur et la fit sursauter.

Arrête de stresser ! s'ordonna-t-elle tout bas. Soudain, il rompit le silence :  

– Je … je voudrais que tu me pardonnes d'avoir été si sot à ton égard. La… la jalousie est un vilain défaut, je le sais depuis tout petit mais c'est seulement maintenant que j'en comprends le véritable sens. Je ne devrais pas t'envier mais être fier de ta réussite. C'est comme ça qu'un… qu'un mari doit être avec sa-sa-sa femme, il doit être fi-fi-fier d'elle au quotidien...
 
Elle se rapprocha du mur qui les séparait entre la cuisine et le couloir. Quelques larmes lui montaient aux yeux. C'était beau. Même son bégaiement avait un certain charme, se surprit-elle à penser en rougissant.

-... J'espère que tu me crois quand je te dis que je suis fier de toi, fier que tu sois ma femme. Tu es celle qui m'inspire mes ar-ar-articles, tu es ma muse et je-je-je...

Il marqua une pause, déglutit et dit :

– Je t'aime !

Julie pleurait doucement adossé au mur, un immense sourire aux lèvres. Elle avait presque envie de pleurer. Il l'aimait, mon dieu, il l'aimait !!!

– Je t'aime aussi, articula-t-elle,  je te promets de... d’être plus présente...
 
Elle se jura qu'à l'avenir, elle fera toujours passer son couple avant toutes choses !!!

*
Une flaque d'eau
Nouvelle sourit à la lune
La nuit est mystère
*

Anna sortit dehors, s'arrêtant un instant sur le seuil de la porte pour admirer la teinte rosée du ciel lors d'un coucher de soleil. L'air frais caressa sa peau et l’apaisa, soufflant dans ses cheveux bruns, maintenant un peu blanc par endroit. Anna était une femme de 40 ans, black et robuste, la peau ridée par l'effort et le travail.  Elle avait trois enfants qu'elle avait eus avec un mari avec qui elle était maintenant divorcée. Oh, oui, on peut dire qu’Anna n'avait pas eu beaucoup de chance dans sa vie.

Elle avait été une élève brillante à l'école mais avait du arrêter les études à l'âge de 16 ans pour aider ses parents en allant travailler car la famille manquait d'argent. Son boulot ne lui déplaisait pas mais … ce n'était pas très enrichissant et le salaire n'était pas très haut.

Elle était en train de fermer la porte (c’est vrai qu'elle est dure à fermer cette porte, mon dieu !) lorsque  soudain, son portable se mit à vibrer, lui arrachant un sursaut. Maudissant l'invention du téléphone, elle le sortit de sa poche pour voir de quoi il s'agissait, sans savoir que le message qu'elle allait lire allait marquer sa vie à jamais. Lorsqu'elle lu le message, elle fut d'abord stupéfaite, écarquilla les yeux. Puis elle eu un petit rire nerveux. Les larmes lui montèrent aux yeux mais elle les refoula (une femme forte ne pleure pas, lui avait appris sa mère).

Elle venait enfin  de recevoir le poste dont elle rêvait depuis 10 ans : Bibliothécaire ! Oh, ce n'était pas le métier dans tout le monde rêve mais pour Anna, cela voulez dire : un meilleur salaire, de meilleurs horaires et en plus, lire avait toujours été une passion pour elle!

Oubliant tout le reste, elle alla jusqu'à sa voiture à petit pas de danse, étonnant tous les passants mais, pour une fois, elle s'en fichait. C'était un nouveau départ pour elle.

Tous les ans depuis 10 ans, elle avait envoyée son C.V à la librairie sans trop d'espoir et maintenant, elle allait enfin y entrer. Le mail spécifiait qu'elle commençait mardi prochain avec une réunion à 8h avec la gérante pour discuter du contrat. Elle prit donc sa Dacia Duster pour rentrer jusqu'à chez elle. Elle alluma la radio et chanta avec une joie non-dissimulée sur « Quand on arrive en ville » de Balavoine. Souriante, elle s'amusait à regarder les gens dans leur voiture qu'elle croisait sur la route. Certains avaient l'air fatigué, d'autres riaient à gorge déployée ! Certains téléphonaient, quelle honte ! Oh, elle en vit même un qui buvait au volant ! Certains ne font vraiment pas attention, je vous jure ! Elle arriva dans sa petite maison à Notre-Dame de Loisay ( à 40 km de saint Jean de Poquelin ) et lorsqu'elle ouvrit la porte de chez elle, elle fredonnait «  je suis un homme » de Zazie. 

« Vous êtes là, les enfants, lança-t-elle joyeusement ?

Elle eu le droit à un « Oui » à l'unisson. Carole, l’aînée de 16 ans, faisait ses devoirs dans sa chambre; Mathéo, le second de 12 ans, jouait à sa D.S et Nina, la dernière de 4 ans, faisait un dessin et spécifia que c'était pour maman. Tout allait donc pour le mieux.

« Tu sais Mathéo, j'ai une bonne nouvelle : je vais changer de boulot, on va donc pouvoir acheter la P.S.4 à Noël !!!

– C'est vrai ? Trop bien !!!
          
Anna s’écroula sur le canapé, contente d'elle. Instinctivement, elle mit les mains dans les poches de son blouson. Soudain, son air redevînt grave. Elle se leva et retraça méthodiquement son chemin jusqu'à la porte d'entrée.

– C'est dingue ça, dit-elle.
– Qu'est ce qui se passe, maman, dit la petite Nina ?
– Rien, c'est juste que...que je ne retrouve plus le jeu de clés d'une cliente...

*
Les buissons frémissent
La lune caresse la terre
Un loup part en chasse
*

Coup de Théâtre !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant