PREMIÈRE PARTIE -1.

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PREMIÈRE PARTIE : LE MENSONGE.  

—1.

Lena soupira en s'asseyant à côté de la tombe de sa petite sœur. Il avait plu il a deux jours, alors elle aurait très probablement des traces de terre pas encore sèche sur les fesses quand elle se lèverait.

Mais elle s'en fichait complètement.

Elle se mordit la lèvre avant de repasser les lettres en relief. « Valentina Alcade / 1999 – 2007 / fille & sœur bien aimée ». Dix ans. Ça ferait dix ans dans quelques mois qu'elle était décédée, et pourtant, c'était toujours aussi douloureux. Elles n'étaient même pas proches, toutes les deux, bien au contraire : Lena ne la supportait pas. Elle n'avait jamais essayé de s'entendre avec elle, parce que ça ne l'intéressait pas. Beaucoup d'enfants rêvent d'avoir une petite sœur ou un petit frère pour pouvoir s'amuser avec, mais ça n'avait jamais été son cas. Ce qu'elle voulait, c'était la paix. Ses parents pour elle toute seule. Ne pas devoir partager. Ni ses jouets, ni sa maison, ni rien avec sa sœur. Elle passait son temps à lui reprocher tout et n'importe quoi, lui interdisait d'entrer dans sa chambre, refusait de l'emmener avec elle quand elle sortait.

C'est cet accident qui lui avait permis de comprendre à quel point sa petite sœur lui était précieuse. Trop tard.

Elle colla sa tête contre la tombe froide pour écouter son cœur, en vain. Parce que ce n'était pas possible, ce n'était plus possible. Plus jamais elle ne pourrait entendre le cœur de sa sœur battre, tout simplement parce qu'il ne battait plus.

-Je voudrais retourner en arrière, elle dit soudainement, la voix cassée.

-On ne peut pas.

La jeune fille sursauta avant de se redresser, regardant partout autour d'elle. Le cimetière était toujours vide, d'habitude, à cette heure-ci ; et quand bien même il y avait parfois des gens, jamais ils ne lui adressaient la parole.

Elle fronça les sourcils avant de cligner plusieurs fois des yeux en voyant la personne face à elle. Elle la dévisagea longuement pour s'assurer que c'était bien lui. Elle ne l'avait pas vu en chair et en os depuis tellement d'années qu'elle n'était même pas sûr.

-Fernando ? elle balbutia, le cœur battant.

-Je ne savais pas que tu serais là, je suis désolé. Je sais que tu ne veux plus me voir, je repasserais, il lança avant de commencer à faire demi-tour. Mais elle ne lui laissa pas le temps de le faire.

Elle se leva avant faire de grand pas pour attraper son bras. Il se retourna, les sourcils froncés.

Ce n'est pas un rêve, elle pensa. C'est réel. Il est devant moi.

-Qu'est-ce que tu fais ici ? elle lança sèchement, et il la dévisagea quelques secondes, en profitant pour l'observer. Elle n'avait pas changé. Elle avait toujours ses longs cheveux blonds et ses yeux marron. Il avait du mal à croire qu'il ne l'avait pas vu depuis dix ans, parce que plus il la regardait, plus il avait l'impression qu'elle était exactement la même.

-Je suis venu voir Valentina, mais—

-Comment tu oses venir la voir après ce qui s'est passé ?

-Lena, je—

-Non, j'ai pas envie d'écouter tes histoires, elle s'énerva. Tu crois que tu peux l'écraser, me rendre amnésique partielle, te barrer comme si de rien n'était et revenir comme une fleur dix ans après ? T'es un sacré connard, Fernando, et je refuse que tu t'approches de ma sœur.

-Je peux tout t'expliquer, je—

-Ferme-là ! elle cria avant de commencer à taper sur le torse du joueur de foot avec ses petits points, et elle continua comme ça pendant une bonne minute avant de s'arrêter brusquement en sentant les mains de Fernando sur les siennes. Me touche pas, elle lâcha avant de reculer d'un bon mètre.

-Lena, il faut que tu m'écoutes, s'il te plaît, c'est vraiment important pour moi.

-Oh, c'est vraiment important pour toi ? Et tout le reste ? Nous, par exemple ? C'était de l'eau, pour toi ?

-Non, justement, je—

-Ah, très bien, c'est pour ça que tu n'as plus jamais donné de nouvelles, que tu es parti jouer en Angleterre, en Italie, que tu t'es marié ? elle le regarda, et il baissa les yeux, coupable. Ouais, c'est bien ce que je pensais. Tu devrais y aller, maintenant.

-Non, Lena, s'il te plaît, éc—

-S'il te plaît, Fernando, ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà. On fait tous des erreurs, mais toi, tu sembles dépasser le quota habituel, et j'ai pas envie d'écouter tes justifications. Je veux que tu t'en ailles et je ne veux plus que tu traînes autour de la tombe de Valentina, c'est clair ?

-Bien sûr, il répondit avant de regarder Lena une dernière fois et de faire demi-tour, se dirigeant vers la sortie.

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Cette fic attend sagement son tour depuis un an et comme il part dans un championnat que je ne regarde absolument pas, c'est le moment de publier ça ♡

Accidente » TORRES ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant