Chapitre 30

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Chapitre 30

Gonzalo débarqua dans la grande maison jaune en oubliant complétement son accoutrement, qui provoqua une vague d'amusement chez les Golems présents et McRaven. Le Sud-Américain serra les poings, ravala son orgueil et tonna :

- Il faut que je voie Astrid ou Wolfgang tout de suite ! Question de vie ou de mort !

La petite silhouette de la jeune femme apparut dans les escaliers. Ses yeux s'écarquillèrent démesurément en détaillant la robe des années quatre-vingt et le maquillage de drag queen. Elle eut un gloussement qu'elle étouffa pour demander :

- Mais que se passe-t-il, Gonzalo ?

- Umberto est dans de sales draps. Je l'ai retrouvé dans un garage. Les gars de Di Pasquale l'ont torturé...

- Torturé ? gémit Astrid. Oh non !

Elle s'agrippa à la rampe, le visage défait.

- Il va bien, la rassura Gonzalo. Il est chez les Lucci. Mais Di Pasquale rôde à Scampia, ses sbires sont partout. S'il sort, il est mort. Il faut aller le chercher avec des renforts.

- Oh mon dieu ! Salva...

Les cris de la jeune femme avaient alerté Lars, qui descendit à son tour et la prit par la taille.

- Calme-toi, chérie. J'ai tout entendu...on va trouver une solution.

Astrid réfléchissait déjà à toute vitesse. Son nez un peu étrange frémissait comme celui d'un animal aux aguets.

- Gonzalo, est-ce que vous auriez le numéro de Luisa Conti ?

- Ouais, Tina me l'a donné. Le voilà...

Astrid demanda à Lars de lui passer son portable. Il obéit aussitôt. Elle composa le numéro, les lèvres serrées, le regard dur.

- Allo ? répondit Luisa.

- Madame Conti, ici Astrid Cavaleri. Savez-vous qui je suis ?

- Oui, lâcha la femme. L'enfant chérie. Umberto est encore à Scampia, n'est-ce pas ?

- Écoutez-moi bien. Vous allez me donner le nom de tous les membres de la bande d'Ugo Di Pasquale. Maintenant.

- Sinon quoi ?

Le visage d'Astrid était devenu un masque de cruelle détermination. Même McRaven semblait impressionné et délaissa Edna pour s'intéresser de plus près à la conversation.

- Sinon...nous allons venir, madame Conti. Nous serons nombreux et...

- On foutra le feu, lui souffla Gonzalo.

- Nous brûlerons tout l'immeuble...

- Vous êtes ridicule, jeune fille, la coupa Luisa. Je n'ai pas peur de vous.

Astrid comprit que les menaces ne serviraient à rien. Cette femme en avait vu d'autres. Elle changea alors de registre :

- Je sais que vous avez perdu un fils, et que vous estimez que Salvatore est responsable. C'est faux, et vous le savez très bien. Salvatore est un homme digne et profondément respectable. Il a fait de moi ce que je suis.

Au bout de la ligne, il y eut un silence.

- Je m'en fiche, fit sèchement Luisa. Vincenzo est mort à cause de lui, et son ami, l'espèce de taureau, a menacé mon fils de trois ans. Qu'ils crèvent tous les deux !

Astrid vacilla, ses yeux se remplirent de larmes. Lars lui prit alors le téléphone des mains :

- Quand elle dit que nous viendrons, c'est la vérité. Nous sommes en effet nombreux.

La Villa Gialla : Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant