Le rêve Américain

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              Je ne sais pas si ce livre sera publié, ni si j'en aurai le courage. Mais si vous le lisez un jour, cela signifie que j'ai pu aller au-delà de mes doutes, mes incertitudes et mes craintes. Comme toutes histoires qui se respectent, je commencerai par le début. À l'aide de ma plume, de mes mots et de mes phrases, j'écrirai tout ce qu'il y a à savoir. On m'a souvent dit que les mots sont dignes d'un grand pouvoir, car ils ne s'effacent jamais.

Un jour, j'ai eu la chance de rencontrer une personne formidable. Mais c'était bien plus qu'une simple rencontre. Plus les jours passaient en sa présence, plus la définition d'amitié éternelle et d'amour authentique s'éclairaient à mes yeux. Si j'écris aujourd'hui et ai dans la motivation de raconter une partie de ma vie dans ce livre, qu'elle soit noire ou blanche, ce n'est pas pour gagner de l'argent sur le dos de mon ami. Tout l'argent sera profité dans des associations, telle aurait été la volonté de l'ancien MJ. Si j'écris aujourd'hui, c'est pour vous parler de ce grand artiste qu'était cet homme, mais aussi, de ce grand homme qu'était cet artiste. Ce n'était pas seulement Michael Jackson, c'était aussi Michael.

Le destin a fait que, et personne n'a malheureusement pu aller à l'encontre de cette ligne tracée, de ce chemin qu'MJ a pris. Lui seul était le maitre, lui seul avait cette clé, lui seul pouvait continuer sa route et personne n'aurait pu l'arrêter. Sa vie a été une triste histoire, loin d'être un conte de fée ou un Disney. Et pourtant, Michael n'a jamais cessé de la voir de cette manière. C'était le plus grand homme que je n'ai jamais connu, le plus courageux et le plus humble. Il a toujours été presque parfait à mes yeux, il était celui qui se rapprochait le plus de la perfection. Il avait certes, des bas, de mauvaises pensées et des défauts, mais il avait beaucoup trop de qualités et une trop grande beauté intérieure pour pouvoir s'en arrêter à ça.

Vous devez probablement vous demander quelle est cette personne que je vante tant. Mais si je vous racontais cette histoire, vous ne me croiriez pas, parce qu'elle sort de la norme, elle sort de de tout ce que l'on peut imaginer. Mais pourtant, c'est bien vrai. L'Homme se limite seulement à « Je crois ce que je vois. » Il ne croit donc aux choses dépassant l'entendement. Cette phrase a beau paraître réaliste, elle n'est pas vraie.

Si je vous dis que j'ai rencontré ce garçon à une exposition de peinture, vous trouverez ça crédible, alors, vous ne vous poserez aucune question et vous ne chercherez pas à me faire démentir. En revanche, si je vous disais que je connaissais son prénom, son nom, et toute sa vie avant qu'il ne m'en raconte un huitième, c'est seulement à partir de là que mon histoire ne serait plus crédible à vos yeux. Et pourtant, c'est ce qu'il s'est réellement passé.

          J'utiliserai les mots dans leur juste définition, sans utiliser d'hyperboles, sans chercher à embellir les faits. J'écrirai tout simplement la vérité, ou dirais-je, ma vérité.

Je m'appelle Chadna Indali Radha. Oui, ces noms ne sont pas courants, eh bien, c'est parce que je viens d'Inde. Ce pays pauvre ne permettait pas à des gens comme nous de réussir dans la vie, alors, mes parents ont décidé d'emménager. Ce n'était pas un pays pris au hasard, mais plutôt, un connu pour ses rumeurs. On appelait ça, le rêve américain. Nous étions assez naïfs pour y croire et émigrer par voie maritime, avec tous les dangers qui s'y sont greffés. Je n'écris pas pour témoigner des difficultés à quitter son pays sans aucun budget, alors, je vous épargnerai les détails de ce long voyage et passerai directement au but.

Depuis que je suis née, j'aime peindre. La peinture est pour moi le meilleur art pour exprimer ses émotions, ses sentiments, et pour dire haut et fort ce que l'on pense tout bas. C'est d'ailleurs pour cela que les psychologues font faire en premier lieu des dessins aux enfants : pour comprendre leurs réflexions, pensées et sentiments. C'est la raison pour laquelle nous demandons aux enfants de dessiner pour se libérer. C'est pourquoi j'ai commencé à dessiner. J'avais ce besoin de m'exprimer car je ne pouvais le faire avec ma famille et je n'avais pas d'amis. Alors, depuis toute petite, j'ai appris à me taire vocalement et à hurler par le biais de mon pinceau. La plupart du temps, le peintre tente de montrer sa vision des choses aux spectateurs à travers son pinceau, comme pourrait le faire un écrivain à travers sa plume, ou encore, un musicien à travers son instrument.

          Rendue en Amérique, plus précisément à Gary, petite ville qui n'est pas autant développée que peut l'être Los Angeles ou New-York, j'ai passé plus de six ans à me lamenter sur mon sort et à tenter de faire des petits travaux pour faire vivre ma famille. Ma mère était à longueur de temps dans la maison fabriquée à partir de matériaux de récupération, à servir mon père qui restait allongé depuis peu car il était atteint d'une maladie. Personne ne pouvait le soigner car les soins sont payants. On paye pour rester en vie et c'est malheureusement à partir de cette terrible tragédie qu'on a compris ce qu'était réellement le « Rêve américain ». Bien que ce soit un rêve, c'est-à-dire, un songe disponible pour toute personne détenant de l'imagination, il n'était bizarrement réservé qu'aux riches. Si tu n'en faisais pas partie, on te laissait mourir sur le sol sans que personne ne t'aide ou te prenne par pitié. Et même des années plus tard, cet aspect des États-Unis n'a toujours pas changé comme pourrait l'être le passage d'un chanteur noir à la télévision. Le progrès social n'a pas évolué tandis que la technologie et la médecine progressent à grand pas.

Dans cet endroit, nous étions plus de cinquante à se serrer les coudes pour créer notre propre bidonville. Entre cabanes et poussières, il n'était pas difficile de tomber malade, alors, on tentait en vain de survivre face à cette pauvreté dévastatrice. Ce que je peux avouer c'est que malgré tout ça, notre petite communauté a toujours été soudée, tout le monde se connaissait et s'entraidait. Quand ils ont appris que papa était malade, il n'y a pas eu un jour sans visite. Il a travaillé dur toute sa vie, il a toujours été mon exemple, ma perfection.

          J'ai appris ce qu'était l'Amérique quand mon père est mort, un an après avoir quitté mon pays natal.

J'avais dans l'obligation de lui rendre hommage et c'est la raison pour laquelle je suis allée à cette petite exposition qui a eu lieu dans cette ville, à quelques kilomètres de mon habitation. Ce domaine exposait des peintures d'amateurs, plus talentueux les uns que les autres. Je me disais que j'avais moi aussi ma chance et que je devais impérativement m'y rendre pour montrer quelques fresques que j'avais faites dans la semaine. Quand je suis arrivée à l'endroit voulu, j'ai aperçu pas mal de personnes de mon âge, admirant les toiles accrochées aux murs.

Je suis directement allée voir le patron mais je me suis fait rejeter comme une moins que rien, me poussant de toutes ses forces vers la sortie. C'était sûrement dû à mes habits, à mes cheveux décoiffés paraissant en désordre depuis plus d'un an ou encore dû à mon odeur qui laissait à désirer.

Tous ces points négatifs ont poussé le patron à me rejeter sans pour autant prêter attention à mon talent. C'est seulement au hall que je suis tombée au sol par la puissance de ses gestes, cherchant à reprendre mes deux fresques qui étaient à présent à terre. Ce barbare m'avait enfin quittée, aussitôt remplacé par un garçon. Ce dernier m'a aidée à me relever en reprenant ma fresque et en l'admirant quelques instants. J'ai pu l'apercevoir quand j'étais face à lui. Il avait la peau noire, les yeux sombres et des cheveux frisés et coiffés en coupe afro. Mes lèvres n'ont pu se taire, prononçant son prénom.

« Michael... »

Il a relevé sa tête stupéfait. Je peux encore me souvenir nettement de son expression. Il avait les sourcils froncés, la tête penchée, et était complètement confus. Il devait se demander comment je connaissais son prénom, mais j'étais tout comme lui : dans l'incompréhension la plus totale.

          Avant que je ne prononce ce nom qui l'avait tant intrigué, il était en train de contempler ma peinture qui n'était autre qu'un portrait de lui quand il avait 30 ans. Mais pourtant, il en avait seulement 19.

Mandela Effect [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant