La sincérité est une qualité qui s'apprend, une qualité relevant de la sagesse, loin d'être innée. Michael l'avait à un degré si fort qu'on pouvait le lire dans ses yeux, qu'on pouvait facilement distinguer le vrai du faux. De mon côté, j'ai toujours essayé d'être sincère, mais parfois, il était dur de le faire quand il s'agissait d'un ami, parce que je ne voulais pas le blesser. Je ne voulais pas dire des choses qui ne paraissaient déjà pas claires dans mon esprit. C'est pourquoi, j'attendais avec impatience cette fameuse date, j'avais hâte de voir cet homme et de comprendre des choses qui m'étaient encore inconnues. J'avais simplement hâte de connaitre ces phénomènes scientifiques qui pouvaient peut-être expliquer ces phénomènes réels.
Vous vous souvenez sûrement du chapitre où j'expliquais que Michael m'avait raconté quelques de ses souvenirs alors qu'il avait prétendu avoir perdu la mémoire. Quelques mois plus tard, j'avais compris la raison : Tout simplement parce que ces évènements racontés aux détails prêts s'étaient passés après le 25 juin 2009. Chacun de ses souvenirs s'étaient déroulés précisément après cette date.
Posée sur le fauteuil, je réfléchissais étrangement à ce moment, au jour de Noël où il m'avait raconté quelques passages de sa vie. Et c'est ainsi que j'ai fait le lien avec la date et son âge pour chaque anecdote, me prouvant qu'il était toujours sujet d'une date après le 25 juin 2009.
Au début, je me suis convaincue que c'était probablement dû à la secousse étrange. D'ailleurs, je m'étais fait l'hypothèse que cette perturbation qui a eu lieu au même moment que la mort de Michael Jackson était l'auteur de ses oublis. Ça devait donc être le cas pour le monde entier, ou du moins, pour les Etats-Uniens. Et ça l'était : Personne ne se rappelait de cette personne tant célèbre.
Était-ce ça l'explication ? Le fait que le monde avait oublié Michael Jackson supposait avoir un lien avec cette perturbation ? Non, ça n'était pas possible, tout simplement parce que moi, je m'en souvenais. Alors, tous les gens n'habitant pas aux États-Unis devaient eux aussi s'en souvenir : Or, internet ne s'en souvenait pas non plus. Et internet n'était pas humain. Il y avait-il eu une anomalie me concernant ? Étais-je vraiment la seule au monde à me rappeler de Michael Jackson ?
Aussitôt avoir compris tout ça, mon coeur s'était mis à battre le chamade, tellement rapidement et fort que Michael, lisant un de mes livres, l'avait entendu. Il s'était alors précipité vers moi en lâchant sa lecture passionnante. Michael avait probablement vu mon changement d'humeur puisqu'il s'était inquiété, me demandant si j'allais bien.
« Chadna... ? Tu vas bien ? T'es pâle... »
J'avais simplement hoché la tête, confuse. Cela m'angoissait au point d'en avoir mal au ventre. Cela m'angoissait au point d'en avoir des vertiges. Je ne comprenais pas la réaction de mon corps, chaque fois que je comprenais quelque chose qui se rapprochait de la vérité, je réagissais mal, comme si je découvrais une chose que je ne devais pas comprendre, comme si cela devait rester un secret incompris.
Ce soir-là, Michael était tellement soucieux qu'il m'avait proposé de faire un tour dehors et j'ai accepté. C'était une belle nuit, le temps était doux et Michael était de bonne humeur. De mon côté, je cogitais sans cesse, impatiente de comprendre la vérité, impatiente de la découvrir. Il devait probablement remarquer que j'étais ailleurs,
puisqu'il me secoua brutalement.« J'te parle roooh ! Sois un peu avec moi ! »
Il avait croisé les bras et avait continué sa route sans me prêter attention. Très vite, sa colère se dissipa en voyant un stand de gâteries. Il avait accouru là-bas pour s'acheter des beignets ce qui, malgré mes préoccupations, me faisait beaucoup rire. C'était toujours amusant de voir son côté enfantin prendre le dessus.
« Pour la peine, je ne t'en donne pas et je t'en achète pas »
J'avais rigolé avant de sortir mon argent afin de m'acheter à mon tour une confiserie. On avait alors continué notre promenade nocturne silencieusement. C'était une bonne soirée accompagnée de conversations intéressantes. On avait même aperçu un homme qui peignait des fresques et qui tentait de les vendre. Je jurais m'être reconnue à l'époque, parce que c'était exactement ce que je faisais avant de rencontrer Michael qui avait en quelque sorte changé ma vie minable.
Il s'était approché de l'homme pour les regarder et avait sorti son argent afin d'en acheter une : la plus cher. Par la suite, il m'avait prétendu l'avoir fait parce qu'il adorait cette peinture mais je savais bien qu'au fond, ce n'était pas la vraie raison et que plutôt, ça le peinait de voir un tel talent gâchait par la pauvreté et qu'il voulait seulement lui offrir de l'argent.
Michael était tellement généreux et bon que c'en devenait presque incroyable. Il lui arrivait parfois de donner simplement parce que ça lui faisait plaisir. Il n'était pas comme tous ces gens qui donnent pour avoir en retour quelque chose de plus gros. Il était différent en bien, il aimait offrir et transmettre. C'est aussi pour ça que je l'admirais. En plus de le voir comme mon meilleur ami, je le voyais comme une personne en qui je voulais ressembler, une personne que je considérais comme mon modèle. Ses défauts étaient moindres comparés à ses merveilleuses qualités...
J'avais parfois espéré que tout ce qui se manigançait autour de lui n'était qu'une simple illusion créée par mon cerveau. Mais c'était bien réel, rien n'était plus vrai que cette histoire irréelle. Irréelle mais vraie. C'était la phrase qui correspondait le plus à ces événements. C'était la phrase qui était la mieux adaptée à la situation.
Après cette magnifique soirée, nous avons continué notre errance vers un parc ouvert en pleine nuit. Il était vide, ce qui rendait le moment plus beau encore. Ce silence nous permettait de réfléchir, surtout pour Michael qui avait décidé de me poser une question étrange qui montrait combien il s'inquiétait pour lui et combien il s'inquiétait pour moi.
« Tu sais la vérité, toi ? Par rapport à moi... Tu sais pourquoi je ne suis pas comme tout le monde ? »
Mon coeur s'était arrêté de battre un instant. C'était la question la plus sincère qu'on aurait pu me poser : il était à la fois touché, attristé et plaintif. Il avait probablement déjà dû penser à cela mais il n'osait simplement rien me dire. Il n'osait pas me heurter.
« Je ne suis sûre de rien. Mais sache que quand je serai certaine de ce que j'avancerai, je te le dirai directement »
Contre toute attente, il s'était arrêté de marcher pour me faire face et me lancer un sourire honnête avant de me prendre fortement dans ses bras. Il me remercia, et son comportement ne pouvait que me pousser à m'en vouloir davantage parce que je lui cachais des choses alors qu'il n'arrêtait pas d'être sincère avec moi. Quelques fois, je me maudissais, j'aurais voulu ne jamais rien savoir et profiter amplement d'avoir un ami comme lui, sans que rien d'étrange ne lui soit arrivé...
C'est plusieurs semaines plus tard que j'ai enfin pu comprendre, que j'ai enfin pu clore ce sujet. Je ne remercierai jamais autant cet homme que j'avais contacté, cet homme qui m'a éclairée. Jusqu'aujourd'hui, je reste bouche bée par cette révélation qui sort de la norme. Jusqu'aujourd'hui, je reste dans le doute et l'incertitude. Car voyez-vous, quand une chose est en dehors de la réalité, est en dehors de ce que nous pouvons comprendre, cela reste néanmoins confus dans notre esprit. L'Homme refoule alors ces pensées pour en déduire quelque chose de plus réelle. Mais moi, je ne l'ai pas fait, tout simplement parce que ce que j'ai vécu n'a jamais été totalement normal.
J'étais assise dans la terrasse d'un café, hâtive, le temps passait trop lentement à mon goût. Puis, un homme s'était assis face à moi, m'ayant probablement reconnue de par la photo de profil... Cet homme avait illuminé ma perception et la façon dont je voyais ce monde.
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Mandela Effect [TERMINÉE]
Fanfiction« Avant que je ne prononce ce nom qui l'avait tant intrigué, il était en train de contempler ma peinture qui n'était autre qu'un portrait de lui, quand il avait 30 ans. Mais pourtant, il en avait seulement 19 » ...