J'étais à mon cours de peinture, on discutait des plus grands artistes de tous les temps qui ont eu une grande influence sur leurs époques. Je me souviens encore de ce cours où j'ai pris la parole pour la première fois depuis que j'étais arrivée. Le professeur nous expliquait qu'il y avait très peu de peintres femmes. En effet, elles n'ont encore eu l'occasion de marquer l'histoire. Il y en avait certaines, comme Mary Beale ou Anna Ancher, mais elles n'étaient pas autant connues que pouvait l'être Picasso ou Andy Warhol. Puis, il nous a demandé quels étaient selon nous les critères pour définir une oeuvre d'art. J'ai alors levé la main pour participer et exprimer mon avis.
« Une oeuvre d'art a un sens, elle n'a aucune utilité pratique. Le peintre veut nous transmettre son idée à travers sa peinture. L'art est un langage particulier. Son oeuvre est unique, car elle ne peut être copiée. On ne peut copier une pensée... »
Après ce cours, la sonnerie signifiait certes la fin de la journée, mais aussi le début des vacances. J'avais hâte de rentrer chez moi mais j'étais forcée de rester après la fermeture de la bibliothèque car je devais ranger l'endroit avant de pouvoir fermer l'enceinte. Alors que je remettais les livres qui n'étaient pas à leurs places, faute aux personnes qui ne se souciaient pas des autres, une main se posa sur mon épaule, me faisant inévitablement sursauter.
« Excusez-moi, où est-ce que je pourrais trouver les livres de Dickens ? »
J'allais me retourner pour lui suggérer de partir, étant donné qu'il n'avait rien à faire ici, mais sa voix m'était bizarrement familière. Beaucoup trop familière pour que je puisse rester indifférente envers cette personne encore anonyme. C'est au moment où je me suis retournée pour connaitre le visage de cet homme qui a failli causer ma mort que mes yeux se sont illuminés. Mon âme, mon esprit et mon instinct ne pouvaient pas me tromper malgré son chapeau sur la tête, une écharpe jusqu'au nez, et de longs habits cachant sa carrure. Je le connaissais. En comprenant la situation, je ne pouvais plus prononcer un seul mot.
Michael était là, face à moi, me regardant souriant, et puis, je l'ai pris directement dans mes bras sans réfléchir. Il m'avait beaucoup manqué, et le fait de savoir qu'il était devant moi, pour de vrai, me rendait nerveuse, heureuse et excitée. Je ne pensais pas qu'on se reverrait de si tôt, et pourtant, c'est ce qu'il's'est passé. Je dois bien avouer que c'était l'un des meilleurs jours depuis que j'étais arrivée dans cette ville, depuis que j'avais quitté mon meilleur ami.
C'est à ce jour que j'ai compris qu'il existait un sentiment plus fort que tout, je n'avais jamais connu ça. C'était la première fois que j'étais autant heureuse, ce sentiment était beaucoup trop extrême pour ne pas dérégler les battements de mon coeur. Rare doivent être les personnes qui ont ressenti cette vraie et forte émotion. Je me souviens encore de la sensation qu'elle procurait, je me sentais apaisée, comme s'il était mon ange gardien, comme s'il était tout pour moi. Ne vous méprenez pas, ce n'était pas de l'amour au sens propre, c'était bien plus fort que ça. Bien plus qu'un simple désir. Encore aujourd'hui, je ne saurais dire ce que c'était.
« Je ne pouvais pas ne pas venir le jour d'Halloween ! »
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette soirée pourtant très populaire aux Etats-Unis ne m'a jamais donné l'envie de la fêter. Je n'ai jamais accepté des bonbons d'une personne que je ne connaissais pas. Aussi, ce principe d'en demander aux inconnus me paraissait étrange. Depuis tout petit, on nous apprend à ne jamais aller chez les gens, à ne jamais rien accepter d'eux, et pourtant, en ce jour, on laissait tous ces conseils de côté pour s'amuser le moment de quelques heures, pour faire le contraire de ce que nos parents nous ont enseigné. Et d'ailleurs, même les parents ne respectaient plus leurs paroles, laissant leurs enfants seuls, la nuit, dans des rues qui n'étaient pourtant loin d'être rassurantes.
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Mandela Effect [TERMINÉE]
Fanfiction« Avant que je ne prononce ce nom qui l'avait tant intrigué, il était en train de contempler ma peinture qui n'était autre qu'un portrait de lui, quand il avait 30 ans. Mais pourtant, il en avait seulement 19 » ...