Se nourrir de rêves. (vkook - taekook) (BTS)

일곱

Ce soir-là, Taehyung avait eu du mal à tenir. Il avait du serrer les poings à de nombreuses reprises, contractant la totalité de son corps, jusqu'à lui faire mal. 

Il travaillait avec Park Jimin. Le meilleur ami de la sangsue qui lui servait de voisine de classe. Celui-ci était petit, brun, et son visage était rond. C'était le seul de ses collègues que Taehyung avait vraiment remarqué car il passait son temps à le fixer méchamment. Les autres étaient assez gentils. Ils venaient de France, comme sa mère, et il échangeait parfois quelques mots de français avec eux, comme il le faisait avec son frère. 

Ce garçon-là était étrange. Il le jaugeait, maugréant dans son coin. Il était pourtant assez souriant avec les clients, quoique timide. Le vieux café de sa mère portait la joie de plusieurs générations, et la jovialité de Jimin collait tout-à-fait avec l'environnement. 

Il aurait pu le frapper, à la sortie du travail, lui demandant de cesser de le regarder ainsi, simplement. Mais il n'aimait pas ça. Il ne frappait pas les êtres humains, parce qu'ils étaient trop idiots pour se remettre en question avec ça. Et en plus, tous les soirs, Jimin avait rendez-vous avec Jungkook, devant le café. Et pour une raison qui lui était inconnue, Taehyung ne voulait plus frapper qui que ce soit devant le vieux Jungkook toujours trop collant. Et encore moins Jungkook...

En partant, il croisa Jungkook, dehors, adossé contre le muret. 

Son sourire le contraria.

***

" - Comment s'est passée ta journée petit chat ? 

- Bien. 

- Ton maître m'a dit que tu avais fait un exposé terrible aujourd'hui. Tu as eu une bonne note apparemment. Tu peux être fier de ton travail. "

Le plus petit des frères cacha le sourire qui apparaissait sur son visage malgré lui. Il souhaitait garder l'impassibilité de son frère, qui était l'un de leurs plus grands points communs. Ils rentrèrent tous deux, les mains s'effleurant encore, dans le petit appartement au cœur de la ville. 

En sortant du métro, il faisait nuit noire. Ils remontèrent les petites ruelles sombres jusqu'à l'appartement qu'ils habitaient et se jetèrent aussitôt sur le long sofa, l'un contre l'autre. Ils s'y endormirent sans manger, en se caressant doucement les cheveux. 

***

Le réveil de Taehyung fut paradoxal. A cause de son sommeil paradoxal. Il avait fait un beau rêve, qui le mettait pourtant dans tous ses états. Il avait rêvé d'un visage, qui lui était maintenant flou. Il avait aussi rêvé d'un corps, qui lui semblait plus que réel. Il flottait dans son lit, où il était allé se coucher pendant la nuit, le corps bien réveillé. Il était vendredi. Il n'avait cours que l'après-midi et son frère était déjà parti avec la fille des voisins et sa mère, comme tous les vendredis matins. 

Taehyung était donc seul, avec ses pensées et des réactions d'adolescents qu'il avait appris à maîtriser il y a bien longtemps. Il sortit son corps du drap qui le couvrait et sa main descendit jusqu'à son ventre, se perdant lentement dans son unique vêtement. Il repensait à l'homme de son rêve. Il revoyait une peau mate, et une tâche brune sous sa clavicule droite, qu'il se surpris à vouloir mordre. Ses gestes auparavant lents devinrent plus rythmés. Sa main qui entourait son pénis se mis à le serrer plus fortement, et à accélérer ses gestes, pendant un long moment. Sa bouche était trop sèche, et ses paupières étaient excessivement fermées. 

Son corps avait réagi à des rêves pour un étranger tacheté à la peau mate et aux clavicules profondes et marquées. Et il était comme ça, maintenant. Il devait s'infliger ça. Satisfaire des désirs de la chair pour un être éphémère, sûrement irréel même. 

***

Les coups de crayon de son voisin commençaient à énerver Taehyung, tendu depuis ses scènes matinales. La mine grattait violemment la feuille épaisse de son carnet, et le son était irrégulier. Il repensait à l'homme de son rêve, à ce qu'il avait du faire pour se débarrasser de son érection, et cela l'énervait, sans qu'il ne sache pourquoi. Le visage de Jungkook collait presque à sa feuille, qu'il regardait de très près. Il hésita à arracher la feuille pour la déchirer mais l'idée de violence lui fit reposer la main qu'il venait de lever. Heureusement, la sonnerie le libéra de ces sons insupportablement discrets. 

" - Jungkook, qu'est-ce que tu dessines toujours dans ton carnet ? Tu as l'air si concentré... Demanda soudainement une petite blonde à la poitrine démesurée. 

- Rien. 

- Oui, c'est vrai, montre-nous ton carnet Jungkook-ah. Rajouta une autre fille, beaucoup plus grande, suivie par d'autres. 

- Non, c'est plutôt intime. 

- Oh allez, montre-le ton carnet, t'es vraiment pas cool comme mec, rajouta la blonde, avant de lui arracher son carnet des mains. "

Mais Jungkook tira à nouveau sur l'objet, qui s'affala après une longue chute, les pages regardant le sol. Il s'était sûrement abîmé. Taehyung, qui regardait la scène, calmement, vit Jungkook s'énerver. Ses mains se mirent à trembler, alors que son visage ne se relevait pas. Mais, assis à ses côtés, il voyait ses yeux remplis de haine et de peur d'affronter ce qui se passait. Taehyung riait de voir un Jungkook aussi faible. 

" - Ya. Vous avez tous 30 secondes pour me laisser seul ici avec Jungkook. Déclara calmement Taehyung. Pas une de plus. "

Jungkook regardait à terre, les poings serrés, assis sur sa chaise d'écolier. Il était pétrifié. Taehyung se leva et ramassa le carnet, vérifiant que rien n'était déchiré. Il hésita à le feuilleter............puis le rendit après un moment indéterminé à l'autre, le posant devant lui. Il passa sa main dans ses cheveux, s'agenouillant à ses côtés, et lui sourit doucement. 

" - Ça va aller Jungkook. Tout va bien maintenant, ne t'inquiète pas, il n'a pas l'air d'être abîmé ton chef-d'oeuvre. "

Il allait s'en aller, laissant Jungkook reprendre ses esprit par lui-même, quand ce dernier le retint en attrapant son poignet. 

" - Attends Taehyung... Est-ce que tu as... regardé ?"

Taehyung soupira avant de répondre. 

" - Non. Tu crois que tes cachotteries m'intéressent ? "

Puis il sortit de la salle, les sourcils froncés, et le pas décidé. 

En vérité, il avait même tourné les pages de ce carnet...