Chapitre 4 : Camila

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  – Je comprends pourquoi tu viens ici.

  – Tu veux bien l'expliquer à ta mère ?

J'adorais regarder mon père peindre. Et dans notre arrière court, c'était son endroit préféré, c'était très calme, personne ne venait le déranger. Mais surtout le paysages était fabuleux lorsque le soleil se couchais. En réalité, j'aimais écouté mon père pendant qu'il peignait. J'ai appris des tas de choses sur lui. Il m'a parlé de pleins de trucs : son premier boulot comme livreur de pizza, la fac qu'il aurait aimé finir. Un jour, il m'a étonnée.

  – Qu'est-ce qu'il y a entre toi et Lauren Jauregui ?

Je me suis surprise à avoir un sourire nier sur les lèvres lorsque mon père avait prononcé le prénom de Lauren.

  – Quoi ? Rien.

  – Oh d'accord, je me suis trompé. Dit-il en reposant son pinceau sur sa toile.

  – Pourquoi tu penses ça ?

  – Pour rien. Sauf que, tu en parles tout le temps. Dit-il concentré sur sa peinture.

  – Ah bon?

Mon père acquiesça en se tournant vers moi. Je souris mais baissa la tête.

  – Je ne sais pas. Je crois que c'est à cause de ses yeux. Peut-être son sourire. Je répondis.

  – Et elle ?

  – Quoi ? Je ne comprenais pas où mon père voulait en venir.

  – Il faut regarder tout le paysage.

  – Ça veut dire quoi ?

  – Un tableau, c'est plus que la somme de ses parties. Par exemple, une vache toute seule n'est qu'une vache. Un pré, ce n'est que de l'herbe et des fleurs. Et le soleil à travers les arbres n'est qu'un trait de lumière. Mais si tu réunis tout ça, ça peut être magique.

Je n'ai pas vraiment compris de quoi il parlait, avant de me retrouver un jour dans le sycomore. J'allais chercher un cerf-volant, la première fois que j'y suis grimpée. Je n'étais jamais montée aussi haut. Plus je montais, plus j'étais fascinée par la vue. J'ai remarqué combien la brise était parfumée. Un mélange de soleil et d'herbes sauvages. Je ne pouvais plus m'arrêter de humer, de m'emplir les poumons du plus doux parfum du monde.

  – Hey, tu as retrouvé le cerf-volant de ma petite sœur.

J'aperçus Lauren en bas du sycomore.

  – Lauren, tu devrais monter. C'est tellement beau.

Lauren alla me chercher une énième excuses pour ne pas grimper à l'arbre.

  – Je ne peux pas. Je me suis foulée la cheville... J'ai de l'urticaire.

Je savais bien qu'elle mentait, mais peu importe. A partir de ce moment, c'est devenu mon coin à moi. Je pouvais rester là des heures à contempler l'univers. Le coucher de soleil était tantôt mauve et rose. Et tantôt, des lueurs orange embrasait les nuages à l'horizon. Puis une fois la nuit tombé, tout ceci laissais place à une lune éclatante, c'était mon moment préféré. C'est devant un coucher de soleil que les propos de mon père sur le monde étant plus grand que la somme de ses parties sont passés de ma tête à mon cœur.
Je venais parfois très tôt voir le soleil se lever. Un matin, alors que j'observais les traits de lumière à travers les nuages pour pouvoir en parler à mon père, j'ai entendu un bruit en bas.

  – Pardon. Désolée, vous ne pouvez pas vous garer là. C'est pour le bus.

  – Qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne peux pas être là, on doit abattre cette chose.

kids in love ➸/camren/Où les histoires vivent. Découvrez maintenant