0.1

129 10 0
                                    

"Être heureux toutseul c'est absurde"

J'aurais aimé être un artiste. Faire partie de ces personnes un peu marginales et étrangement belles qui envoient les règles valsées et en écrivent de nouvelles que seul elles suivront. Plus jeune, j'aurais aimé devenir danseur classique mais j'avais déjà dépassé l'âge requis pour le niveau débutant. J'aurais aussi aimé devenir peintre comme Van Gogh, dessinateur de renom, acteur que ce soit dans des pièces de théâtre ou dans de grands films Hollywoodiens je n'en avais que faire. Je m'imaginais aussi bien sur de grande scène clamant du Shakespeare ou du Cervantès que dans une salle entourée de caméras à jouer de manière intensive de courtes scènes. Mais l'apprentissage de longs textes et les regards braqués sur moi m'auraient probablement achevé. J'aurais aussi pu devenir magicien, guitariste, chanteur, pianiste, ou même marionnettiste qui sait ? Puis il y avait cette idée dans ma tête de devenir poète, aussi célèbre que Rimbaud, écrire mes sentiments en quelques vers et marqué la langue française à jamais. Qu'il en avait de la chance, vivre dans un monde qui ne pouvait qu'évoluer. Pouvoir s'enfuir rapidement et n'avoir à rendre des comptes à personne. J'admire ce jeune homme qui à mon âge vivait sa vie comme une grande aventure.

J'avais, pendant toute mon enfance et le début de mon adolescence nourrit l'idée que je pourrais un jour être ce que je voudrais être avec de belles paroles et des encouragements ridicules censés me motivé à continuer. Mais la société m'a frappé plus violemment que je l'aurais pensé et m'a fait rapidement redescendre à la réalité. Par cette rapide prise de conscience j'ai imaginé des centaines de scénarios stupides, essayant le maximum possible de rester dans de belles histoires qui n'arriveront jamais. Je finirais probablement ma vie en tant que "le gros caissier de monoprix", ressassant mes années jeunesses tout en scannant les produits des clients désespérés qui, s'ils le pouvaient, feraient mon travail à ma place pour aller plus vite et s'enfuir du magasin. Je penserais aux rêves inaccomplis, aux projets inachevés et à ces choses qu'enfant j'espérais voir se réalisé.


En attendant que le scénario de ma vie ennuyante ne devienne trop présent, j'étais là, perchais sur un toit qui n'était même pas à moi. Le regard perdu dans le vide, mes écouteurs plantés maladroitement dans mes oreilles et surtout quelques grammes d'alcool dans le sang me faisant devenir plus sentimental que d'habitude. J'observais les étoiles brillantes dans le ciel sombre avant de chuchoter : J'aurais aimée être un artiste. Et qu'une larme ne coule sur ma joue.

Je crois que c'est ce soir-là que tu es rentré dans ma vie. Ce soir où tu as passé le seuil de la porte avec ta confiance hors-normes et ton caractère à la con. Tu avais directement pris une bouteille d'alcool qui traînait sur ton passage pour la vider dans ton corps. Tu avais pourtant assez bu vu la démarche titubante que tu avais. La musique te faisant mal au crâne, tu étais sorti fumée une cigarette espérant probablement calmer ton esprit tourmenté par la Vodka. C'est à ce moment exact que nos regards c'étaient croisés pour la première fois. Mes yeux étaient pleins de larmes, les tiens étaient rougies par la fatigue et par la prise de plusieurs matières illicites. Tu avais esquissé un sourire avant de grimper difficilement sur le toit, marchant à quatre pattes jusqu'à moi et t'étalant de tout ton large à mes côtés. Je ne t'avais jamais vu, je ne connaissais même pas ton nom, je ne savais d'ailleurs pas pourquoi est-ce que tu étais là. Tu m'avais tendu la fin de ta clope et je l'avais fumée malgré le fait que c'était ma première et que je manquais de m'étouffer à chaque bouffés. Pourquoi j'avais fait ça ? Certainement pour me convaincre que je n'étais pas le loser de mes pensées, probablement aussi, pour paraître cool face à une personne comme la tienne. Tu dégageais, malgré ton corps alcoolisé et tes faiblesses apparentes, une certaine force que personne n'aurait pu contester. Tu étais couché auprès de moi, sur le dos, les yeux fermés et la bouche grande ouverte, lâchant plusieurs rires incontrôlés. Tu étais beau. Indéniablement beau. Je n'aurais pourtant pas dû accepter cette cigarette qui a marqué d'une croix rouge quelque chose que nous n'avons pas pu contrôler. Oui, je n'aurais pas dû.

Sous Les Astres [BXB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant