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AURA ESPINOSA
31 DECEMBRE 2015
Retour à Madrid. Les quelques jours passés à Toulon ont été agréables, même s'il m'était difficile de devoir gérer toutes les émotions que je ressentais. Cette ville est symbole de bonheur, mais malheur à la fois aussi. Contradictoire, pas vrai ? Même si j'ai apprécié ce court séjour dans ma ville natale, je suis contente d'être revenue en Espagne. Nous sommes rentrées il y a deux jours avec Coleen. Cette fois-ci, j'ai bien prévu de garder contact avec mes amis de Toulon. Surtout Evan. Maintenant que je sais qu'il ne s'est toujours pas remis de la disparition de William, je veux être à ses côtés pour le soutenir et l'aider. Si personne n'avait été là pour moi, je serais dans le même état que lui alors je veux l'aider, sincèrement.
— A quoi tu penses ?
— A quel point t'es fatigant.
Ma réplique me valut un coup-de-poing dans le haut du bras. Et voilà, encore un bleu. J'ai quitté l'appartement avec Coleen pour me rendre chez Saúl afin de l'aider à préparer le repas pour ce soir. Il m'a carrément supplié même. D'après lui, si je ne venais pas l'aider, il n'allait pas avoir réussi à tout préparer et risquait de nous empoisonner. N'ayant pas vraiment envie de mourir aussi jeune, j'ai préféré venir à sa rescousse.
— Est-ce que tu peux poser ce couteau ?
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Faut que je te parle de quelque chose, mais je veux que tu poses ce couteau avant. J'ai pas vraiment envie que tu te blesses. Te connaissant...
J'obtempère et pose le couteau que je tenais dans mes mains sur le plan de travail. Je ne sais pas de quoi il souhaite me parler et savoir qu'il veut que je n'ai rien dans les mains me rend plutôt nerveuse. Ça doit être quelque chose d'important, sinon il me l'aurait dit pendant que nous continuions de préparer le repas. Je suis assez sceptique.
— Je ne voulais pas t'en parler lorsque t'étais en France. Je voulais le faire face à face, débute-t-il. Tu vas peut-être me prendre pour un fou, mais est-ce qu'il s'est passé quelque chose entre Antoine et toi ? Comment c'est possible ? Comment il le sait ?
— Antoine, ton ami ?
— C'est aussi devenu le tien. Mais ça ne répond à ma question.
— Qu'est-ce qui te fait dire qu'il y a eu quelque chose entre lui et moi ?
— Votre façon d'agir. Quand on a fêté mon anniversaire, vous avez tous les deux disparu. Vous vous regardez d'une façon étrange. Tu l'évites même en ce moment. Et il y a quelque chose de différent chez lui. Alors réponds-moi, Aura. Est-ce qu'il y a eu quelque chose ?
