30 baisers Jonty

Scandale.

3ème baiser : Scandale

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Ça a fait la une de ce torchon qu'ils osent appeler « journal du lycée ». On aurait plutôt dû appeler ça « papier chiotte pour se torcher le cul avec les pires rumeurs du lycée ». Apparaître dedans c'était voir sa vie sociale réduite à l'humiliation durant au moins deux semaines, le temps que le nouveau journal apparaisse et qu'on laisse la place à un autre scandale.

Normalement, Jasper ne lisait jamais ce ramassis de conneries. Il n'aimait pas les rumeurs, il n'aimait pas le harcèlement, ni l'humiliation, il ne se sentait pas mieux en pointant du doigt des gens parce que soit disant « on aurait trouvé une telle entrain de vomir dans les toilettes, nausée matinale de femme enceinte » ou bien « machin aurait osé se faire faire un tatouage sur son pénis, témoignage de sa petite amie hilare ». Il détestait ce journal.

Ce matin là, il le haït encore plus. Impossible de l'ignorer cette fois-ci, de faire comme si ce lycée n'étaient pas remplis d'ados hargneux et stupides, voulant se faire mousser en écrivant des saloperies sur le dos d'autres ados – qui, pour la plupart, n'avaient rien demandé à personne. Impossible parce que les gros titres concernaient son meilleur ami et la photo ne lui rendait pas honneur. Jasper lu ce ramassis d'imbécillité avec un dégoût de plus en plus accru et une envie de brûler cet endroit et tous ceux qu'il entendait rire.

- Eh Jasper, alors toi qui le fréquente de si près, t'as dû y passer, avoue ?

Jasper lança le journal à la tronche de l'abruti qui avait parlé, puis fit le tour du lycée pour retrouver Monty. Ce dernier était planqué dans les toilettes des hommes et Jasper tapa à la porte :

- T'es là ?

- Laisse-moi, fit Monty, je vais rester là jusqu'à ce qu'on enterre ce qui est écrit dans le journal.

- Sors de là Monty !

- Ou je pourrais déménager, j'ai toujours rêvé de visiter le Sahara, c'est désert, ça doit être pas mal.

- Sors, Monty !

Jasper entendit son meilleur ami soupirer, puis le verrou tourna et la porte s'ouvrit.

- Si tu restes là, en face de moi, dans les toilettes, la prochaine fois c'est toi qui apparaîtras dans le journal.

- J'en ai rien à foutre de ce torchon, dit Jasper. Est-ce que y a un truc là dedans qui est vrai ?

- Je n'ai jamais dit que j'allais me faire tous les hétéros, je ne me suis jamais mis à genou devant un prof pour mes notes, jamais le directeur ne m'a fait venir dans son bureau pour me... Tu vois. Il n'y a rien de vrai dans ce ramassis de connerie.

- C'est plutôt évident et ce n'était pas ma question, Monty.

- Je ne suis pas gay. Répondit Monty. Je ne suis pas hétéro non plus. Je suis peut-être bi, j'en sais rien. Est-ce que je suis obligé d'être quelque chose ?

Jasper secoua la tête.

- Comment ils ont su ? Demanda-t-il.

- Il est possible que je me sois fais prendre à feuilleter un magazine gay dans un bureau de tabac. Je voulais juste... J'étais curieux. Maintenant je vais aller m'enterrer quelque part où on ne me retrouvera pas.

- Non. Fit Jasper.

- Non ?

- Non. J'ai une meilleure idée. On va alimenter la rumeur.

- Tu veux détruire ma scolarité c'est ça ?

- Complètement, viens.

Jasper prit le poignet de Monty et le força à sortir des toilettes des garçons. Sur le chemin, Monty se fit siffler, huer, quelqu'un lança :

- Je savais que tu suçais pour tes notes, t'as pas une gueule d'intello !

Monty se posa une main sur le visage et Jasper gueula :

- En tout cas toi, faut pas t'étonner que tes notes soient pourries, t'as une vraie gueule de con !

Puis il continua son chemin. Une fois devant le local de la rédaction, il frappa et entra. Tous ces faux journalistes fouineurs fouteurs de merde se tenaient dans la pièce et Monty eut envie de s'enfuir, mais Jasper continuait de tenir son poignet.

- Pour les plaintes, c'est pas ici, dit une fille qui devait être celle qui dirigeait ce torchon.

- Non, on ne vient pas pour une plainte, on vient pour une déclaration.

- Laquelle ? Demanda-t-elle avec curiosité.

Tous se penchèrent en avant, attendant de savoir ce que Jasper avait à leur dire. Ce dernier les ignora et se tourna vers Monty.

- Tu aurais dû me le dire, fit-il.

- Je suis désolé, je... Je savais que si tu savais, tu comprendrais que je...

- J'ai compris.

- Évidemment, dit Monty en rougissant.

- Tu aurais dû me le dire, répéta Jasper en souriant.

Et il posa sa bouche sur celle de Monty, volant ses lèvres. Ils entendirent les sifflements et le crépitement d'un appareil photo. Ils entendaient bien, mais ils auraient tout aussi pu entendre une météorite s'écraser à côté d'eux qu'ils seraient restés là, à s'embrasser comme si leur vie en dépendait.

- Je ne suis pas hétéro, ni gay, non plus, murmura Jasper ensuite. Au mieux je suis bi mais on s'en fout. Je suis juste amoureux de toi.

Monty hocha la tête, les joues un peu rouges, un sourire sur le visage.

- Moi aussi.

Tout le monde pouvait bien chercher à l'humilier, il en avait plus rien à faire, désormais.

Exceptionnellement, un nouveau journal sortit dès le lendemain, et Jasper et Monty firent la une, subirent des quolibets ou eurent le droit à des discours passionnés des défenseurs des gays, mais ils se fichèrent de tout et ne firent attention à rien. Parce qu'ils se tenaient par la main et que le reste n'avait absolument aucune importance.

Deux semaines plus tard, le monde les oublia, occupé par d'autres rumeurs plus croustillantes, leur histoire était déjà has been.

Eux ne s'oublièrent pas.

Et leur histoire ne faisait que commencer...

Fin.

L'autatrice : une petite histoire que j'ai écrite y a plus d'un an pour ce baiser, j'avais tellement l'image du journal torchon en tête. Dites-moi ce que vous en avez pensé.