Le parapluie

Chapitre 5

Elle passa le reste de la journée avec une boule logée au creux de son estomac malgré les paroles rassurantes de ses amis.

La sonnerie qui marqua la fin des cours ne fit qu'intensifier son stress. C'est avec beaucoup d'appréhension qu'elle se rendit au parc pour aller tout dire à Léo, elle n'avait pas le choix. Marina l'avait lancée et elle devait porter son courage à deux mains. Elle marcha lentement, afin de repousser ce moment fatidique.

Lorsqu'elle arriva, l'endroit était désert. Elle se mit devant l'abri et chercha Léo du regard. Elle fixa les feuilles mortes rassemblées en un gros tas fait par un agent de la mairie. Puis elle leva la tête vers les arbres au-dessus d'elle et vit des feuilles au teint orangé se détacher des arbres pour aller se poser doucement sur le sol. Elle trouvait ça beau. Elle admira chaque recoin de ce paysage auquel elle n'avait jamais fait attention, oubliant presque son angoisse.

Une voix comme lointaine la fit revenir à la réalité. Léo était là, posté devant elle tout souriant.

- T'avais l'air vachement pensive, fit-il en riant gentiment.

Elle rougit et son cœur partit au quart de tour en voyant leur proximité. Elle se rappela tout à coup des aveux qu'elle devait lui faire et paniqua à nouveau. Elle détourna directement le regard vers ses chaussures. Elle n'arrivait pas à le regarder dans les yeux alors qu'au fil des jours elle avait appris à le faire. Regarder ses grands yeux bleus lui faisait perdre tous ses moyens.

- Tu voulais me parler de quoi alors ?

Lisa perdit alors la parole, incapable de pouvoir dire quoi que ce soit. Le stress l'avait pris de court. Elle essaya rapidement de formuler une explication dans sa tête avant de la dire à Léo. Elle ne voulait surtout pas dire quelque chose de non voulu qui pourrait tout gâcher. Elle resta silencieuse, ne faisant que de prendre de grandes inspirations pour se détendre même si l'air froid de l'automne lui brûlait les poumons.

Au fur et à mesure que les secondes passaient, le ventre de Léo se noua de plus en plus. Il s'inquiétait, elle ne se comportait pas comme d'habitude et elle avait le regard fuyant. Il sentait que quelque chose clochait, mais il ne savait pas quoi. Il resta silencieux, la laissant mettre de l'ordre dans ses pensées. Il pouvait à peine voir le visage de Lisa qui était recouvert par sa frange et des mèches de cheveux noirs qui tombaient sur son visage pâle.

L'attente était trop longue, ça en devenait insupportable. Lisa ne disait toujours rien et il perdait patience. Il décida alors de prendre les devants. Il posa ses mains gelées sur ses pommettes chaudes pour relever son visage. Il la sentit sursauter à ce contact peut-être trop brusque. Il la détailla du regard quelques centièmes de secondes. Ses joues étaient en feu, et il pouvait lire la panique dans son regard. Il ne savait pas vraiment, il était troublé par son comportement. Ses fines lèvres tremblaient, peut-être à cause du froid. Il resta quelques secondes sur ces dernières, pris d'un désir de les embrasser mais il effaça cette idée de sa tête et replongea son regard dans celui de Lisa.

- Tu m'inquiètes vraiment là, dis moi ce qui ne va pas, fit-il sur un ton rassurant.

Elle prit une grande inspiration avant de marmonner quelque chose de sa petite voix qu'il peina à comprendre.

- Articule et parle plus fort, j'ai pas compris ce que t'as dit.

- Je... je crois que je t'aime bien.

Il ria gentiment. Au fond il était gêné, il ne comprenait pas pourquoi elle stressait pour lui dire ça. Lui aussi l'appréciait, c'était certain. Il s'en était rendu compte depuis longtemps. Mais son cœur se serra pour une raison inconnue. Il lui sourit quand même.