Le parapluie

Chapitre 3

Arrivée au lycée, Lisa rejoignit ses amis qui l'attendaient à l'entrée du hall. Son grand sourire la trahit très vite.

- Tu l'as revu c'est ça ? Lui demanda Sébastien.

- Pas seulement.

- Il t'a parlé, proposa Marina toute joyeuse.

- Pas seulement.

Ils la regardèrent tous les trois interrogés. Ils ne voyaient pas ce qui avait pu se passer d'autre, surtout connaissant Lisa. Elle souleva ses manches et leur fit découvrir la petite inscription sur son avant-bras. Marina s'empara de ce dernier pour admirer la petite inscription.

- Il a du cran le petit ! S'exclama Sébastien.

Tout souriante, elle rabaissa ses manches et remit son écharpe correctement.

Ennuyée par le cours de philosophie du jour, Lisa sortit discrètement son téléphone et décida de se jeter à l'eau.

À Léo à 14h36:

Salut, c'est Lisa :)

En attendant sa réponse, elle copiait le cours et essayait de suivre un minimum même si au fond elle s'en fichait. Elle n'en avait rien à faire de l'avis de Kant. Elle avait toujours détesté la philosophie et ça ne changerait pas. Elle trouvait que c'était d'un ennui mortel, et de toute façon elle n'y comprenait rien. Pour elle ce n'était que du charabia. Elle baissa les yeux vers l'écran de son smartphone et découvrit la réponse de Léo.

De Léo à 14h40:

Salut Lisa ! J'attendais ton message ahah. Je pensais que tu ne le ferais jamais.

Elle sourit, heureuse qu'il ait répondu si vite. Elle pianota quelque chose rapidement sur l'écran avant de relever les yeux vers le professeur qui n'y voyait que du feu, trop occupé à faire son cours.

À Léo à 14h42:

Je t'avoue que j'ai longuement hésité, mais j'ai fini par me lancer. Tu l'attendais ?

Elle regretta la question qu'elle avait posée dès l'instant où elle avait appuyé sur la touche "envoyer". Au fond elle ne voulait pas savoir, elle avait peur. Peur de ne pas recevoir la réponse qu'elle attendait.

À partir de là, elle ne reçut plus de message le reste de l'après-midi. Elle passa une grande partie de ce dernier à consulter son téléphone, dans l'attente d'une réponse, mais elle ne vint jamais.

Léo, assis en tailleur sur son lit, relisait en boucle le message de Lisa auquel il n'avait pas encore répondu. Une boule s'était logée au creux de son estomac dès qu'il avait vu la question de Lisa. Léo n'était pas quelqu'un de spécialement timide. Mais ça dépendait des gens qu'il avait en face de lui.

Il se demandait encore quoi répondre. Fallait-il faire le mec désintéressé et inaccessible pour que Lisa s'intéresse un peu plus à lui comme font la plupart de ses amis ou devait-il être franc et ne pas passer par quatre chemins ? Son cerveau surchauffait, il en avait marre de se poser les mêmes questions auxquelles il n'avait pas de réponse. Faut que je fonce, se dit-il, pris par élan de courage.

À Lisa à 18h42:

Je t'avoue que oui. Pourquoi tu as hésité ?

Il n'écrit rien d'autre et se contenta d'envoyer ce message. Qu'allait répondre Lisa ? Son cœur se mit à battre un peu plus rapidement. À sa surprise, elle ne mît pas longtemps à répondre.

De Lisa à 18h46:

:) Je ne sais pas, j'avais sûrement peur que tu ne répondes pas ou que tu te foutes de ma gueule avec tes potes parce que je suis une bizarre qui a glissé un mot dans ton parapluie...

Son sourire s'agrandit de plus en plus au fil de la lecture. Visiblement elle voulait lui parler, et c'était réciproque.

À Lisa à 18h49:

J'ai trouvé ton idée super cool et originale ! Je n'aurais jamais osé, tu as du cran. J'aurais dû avoir cette idée en premier, au moins c'est toi qui aurait été impressionnée.

De Lisa à 18h53:

Tu voulais m'impressionner??

À Lisa à 18h55:

Oui, j'aurais trouvé ça cool...Ce sont les mecs qui sont censés impressionner les filles !

De Lisa à 19h01:

Pas forcément, nous aussi on peut vous impressionner !  alors essaye, au moins on sera à égalité ;)

Qu'est-ce qui m'a pris d'envoyer ça ? Se demanda Lisa le message aussitôt envoyé. Pourquoi devrait-il l'impressionner ? Elle se sentit de nouveau bête. Il était clair que Lisa n'avait aucune expérience avec les garçons. Ses pensées furent interrompues par les vibrations de son téléphone.

De Léo à 19h10:

J'essayerai, mais j'te promets rien !

Maintenant qu'elle s'était lancée, autant continuer sur cette voie.

À Léo à 19h13:

Je compte sur toi !

Elle était elle-même surprise par son excès de courage et de franchise. En effet, en temps normal elle n'aurait jamais dit cela à un garçon. Son cœur battait la chamade et elle ne savait pas pourquoi. Mais elle se sentait tout simplement bien.

Le lendemain arriva plus vite qu'elle ne l'eut cru. Et cette fois-ci il ne pleuvait pas. Elle descendit de son bus qui venait d'arriver à son arrêt habituel et son cœur s'arrêta lorsqu'elle vu Léo, lui souriant de toute ses dents. Elle s'avança vers lui, les mains tremblantes qu'elle cachait dans son bombers.

- Comment tu sais que je descends à cet arrêt ? Demanda-t'elle perdue.

- Parce que c'est seulement à cet arrêt qu'il y a un bus à cette heure-ci.

Elle se contenta de lui sourire, ne sachant pas quoi faire d'autre. Ils se mirent en route vers leur endroit de retrouvailles habituel.

- Alors, je t'ai impressionné ? Fit-il fier.

- Tu m'as surprise, mais pas impressionnée, lui avoua-t-elle en riant.

Il grimaça et lui donna un coup de coude amical. Elle lui répondit en lui tirant la langue, et il l'imita.

Ils discutèrent sous l'abri tout en observant le paysage. Lisa était heureuse de se sentir aussi à l'aise avec un garçon. Il la rendait étonnement joyeuse rien qu'avec ses blagues nulles mais qui devenaient soudainement drôles lorsqu'elles sortaient de sa bouche. Elle riait et souriait pour rien, ce qui ne lui arrivait pas souvent.

Lisa apprit que Léo était scolarisé dans un lycée privé pas loin du sien et il habitait en ville, c'est donc pour cela qui était là tôt le matin. Elle fut un peu déçue de ne pas le savoir dans son école.

Lisa consulta l'heure sur son smartphone et fut quelques peu déçue.

- Je vais devoir y aller, sinon je vais arriver en retard.

Elle sentit une pointe de déception dans le regard de Léo, mais elle n'en était pas sûre. Elle se dit que non, qu'il ne pouvait pas être déçu juste parce qu'elle devait aller en cours et qu'ils allaient être séparés le reste de la journée. Pourtant, elle, elle l'était. Elle commençait à se sentir à l'aise en sa compagnie.

- À une prochaine fois, fit-elle en lui faisant signe de la main.

Elle s'éloigna, tandis que lui la regardait partir avant de lui aussi s'en aller retrouver ses amis devant les grilles de son lycée, souriant et le cœur battant.