Quelques années plus tard
Cette langue qu'elle n'arrivait pas à comprendre l'embrouillait, les new-yorkais parlaient trop vite et elle ne comprenait pas un seul mot de ce qu'ils disaient. Seule au milieu de la cinquième avenue, elle cherchait Marina du regard. Avant de partir pour leur vacances aux États-Unis, elles s'étaient fixées comme obligation de ne pas se perdre de vue dans la foule. Chose ratée, Lisa venait de perdre Marina, elle se retrouvait à présent seule comme une enfant. Elle leva les yeux vers les grattes-ciels, comme si elle allait voir Marina dans l'un d'eux et en eut presque le vertige d'en bas. Ils montaient beaucoup trop haut.
Elle se souvint alors que Marina lui avait dit que si elle venait à se perdre, elle devait aller à Central Park pour l'attendre. Un genre de lieu de rendez-vous.
Lisa vit l'entrée de Central Park de là où elle était et fonça à travers les rues de cette ville qui était beaucoup trop rythmée. Elle n'était pas habituée, mais au fond elle aimait ça. Les new-yorkais vivaient à toute allure et elle aimait ce sentiment qui l'habitait depuis qu'elle avait posé les pieds sur le sol américain.
La pluie commença à tomber et se fit violente. Les passants sortirent leur parapluie pour s'abriter, mais Lisa n'en avait pas. Il faudra que je prenne toujours un parapluie avec moi, se promit-elle déjà presque trempée alors que la pluie avait commencé à tomber seulement une minute plus tôt. Elle entra dans le parc et courut à travers les allées espérant trouver un endroit où s'abriter. Elle finit par trouver un arbre avec des larges branches et des larges feuilles. Elle le rejoignit et se plaça contre l'énorme tronc d'arbre, attendant que la pluie se calme. D'autres promeneurs s'abritèrent à ses côtés. Des artistes, des photographes amateurs, de simples touristes ou encore des new-yorkais. C'est ce qu'elle aimait aussi à New-York : la diversité qui s'y cachait.
Elle admirait l'herbe bien verte, les écureuils qui couraient pour aller se cacher à l'abri des passants ou encore les coureurs qui ne semblaient pas perturbés par la pluie. Elle en profita pour prendre rapidement quelques photos puis envoya un message à Marina pour la prévenir de sa position.
Les gouttes finirent par ralentir, et les personnes commencèrent à se dissiper et retourner à leurs occupations. Lisa sortit son smartphone et lut la réponse de Marina.
De Marina à 16h08:
Quand la pluie se sera arrêtée, rejoins moi au Starbuck d'hier, comme ça tu pourras te réchauffer parce que te connaissant tu dois être trempée.
Marina la connaissait plus que par cœur. Elle connaissait Lisa plus que Lisa ne se connaissait elle-même, ce qui était en soi très perturbant. Mais c'était comme ça depuis longtemps, Lisa n'était même plus étonnée.
Elle finit par se retrouver seule sous l'arbre, avec comme seul bruit l'impact de la pluie sur le sol et l'herbe qui avaient comme effet de la détendre et comme seule compagnie les oiseaux qui rejoignaient leur nid. Elle respira l'odeur de la pluie. Elle l'aimait beaucoup, elle trouvait cela rafraîchissant.
Elle baissa les yeux pour admirer ses bottes maintenant bien trempées et quand elle releva la tête et qu'elle se retourna, elle vit un très grand homme habillé de manière casual de l'autre côté du tronc. Il semblait avoir son âge à en juger par son style. Il portait un sweat kaki, un jean slim et des baskets. Sa capuche recouvrait sa tête, ce qui l'empêchait de voir son visage. Il tenait un parapluie uni dans une de ses mains.
Le cœur de Lisa se mit à battre quand les souvenirs ressurgirent. Ceux de la rencontre avec son premier amour. Rencontre qu'elle n'a pas réussi à oublier et qu'elle n'oubliera jamais. Son cœur se serra.
L'homme contemplait le paysage silencieusement, visiblement rêveur. Elle ne pouvait s'empêcher de le regarder. Il s'assit au sol contre le tronc d'arbre, posa son parapluie à côté de lui et ramena ses genoux contre son torse. Une question folle vint à l'esprit de Lisa : Était-ce Léo ?
C'était impossible, ce serait beaucoup trop improbable. Ça n'arrive que dans les films et les livres.
Mais si c'était lui ? Elle brûlait d'envie d'aller le voir, de vérifier son hypothèse.
Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir plus que ça que l'inconnu se leva et partit.
Son estomac se noua. Elle mourrait d'envie d'y aller.
Mais au fur et à mesure qu'il s'éloignait, elle avait de plus en plus mal au ventre. Elle s'apprêta à partir quand elle remarqua que l'inconnu avait oublié son parapluie.
Ni une, ni deux. Elle le ramassa et courut à vive allure pour le rattraper. C'était sa chance. Elle finit par le trouver. Elle sprinta dans sa direction et lui attrapa le bras.
- Monsieur vous...
Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'homme se retourna. Sa capuche tomba, laissant apparaître le visage du jeune homme.
Elle croisa ses grands yeux bleus et tous ses doutes s'effacèrent. Les questions qu'elles s'était posées pendant si longtemps avaient enfin des réponses. Elle croyait que c'était un rêve, que c'était impossible. Mais c'était réel, ils étaient là, face à face, se regardant dans le blanc des yeux. Elle retomba instantanément amoureuse de cet intense regard bleuté qui lui avait manqué pendant si longtemps. Tous les souvenirs du passé défilèrent, toutes les émotions de leurs moments passés ensemble revinrent au galop.
Qui doit se retrouver se retrouvera.
Léo.
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Le parapluie
RomansaQui pouvait se douter qu'un si petit objet pouvait rapprocher deux personnes ?