Farah était en train de me présenter à ses trois amies : Anna, une grande brune avec des taches de rousseur et Zoé, une petite à la peau noire, toutes deux très chaleureuses. Il y avait aussi Olenka, une fille avec de longs cheveux blonds et des yeux verts perçants qui serait plus que magnifique si elle n'avait pas un air constamment renfrogné.
Je dévorais les frites de mon assiette. Farah me demanda :
"Tu ne veux pas finir les miennes ?
- Tu n'as plus faim ? m'estomaquai-je."Un voile de culpabilité assombrit ses traits.
"J'essaie d'éviter de manger trop gras.
- Pourquoi ?
- À ton avis ? fit-elle en pointant son corps du doigt."Je levai les yeux au ciel, comme ses amies.
"Farah, tu as un corps parfait. Crois-moi, tu ne voudrais pas ressembler à mon sac d'os, j'ajoutai d'un ton pince-sans-rire.
- Tu exagères, Thylane. Tu es magnifique. Lança Anna."Parce que je me cachais derrière des gros pulls et des jeans larges. Je ne parvenais pas à assumer mon corps, que je trouvais trop maigre. J'enviais tant les filles avec des formes ! Elles avaient à mes yeux tellement plus de charme. Je me sentais si ... banale, transparente à côté d'elles. J'avais beau essayé de faire du sport et de manger pour quatre, rien n'y faisait, ma morphologie ne changeait pas. Cela ne me dérangerait pas si j'avais confiance en moi. Mais ce n'était pas le cas. Alors que nous continuions de manger, une voix derrière moi fit :
"Je peux manger avec vous ?"
C'était Matth. Je souris, ravie. Depuis la rentrée, soit il y a trois semaines, quand nous nous croisions, nous nous parlions à chaque fois et je l'appréciais beaucoup.
"Bien sûr ! souris-je, bien que la question ne m'était pas particulièrement destinée."
Matth s'assit. Farah se crispa. Anna grimaça. Zoé posa sa main sur l'épaule d'Olenka, qui s'était immobilisée. Je fronçai les sourcils.
"Euh... qu'est ce qu'il se passe ?
- Rien, assura Matth."Mais je remarquai qu'il n'arrêtait pas de se dandiner sur lui-même et de fixer drôlement Olenka, qui évitait généreusement son regard. Peut-être qu'ils ne s'apprécient pas ? Merde. Je n'aurais pas dû accepter qu'il vienne ...
"Matth, dégage, lança sèchement Farah.
- Tu n'es plus le bienvenu à cette table, enchérit Zoé d'une voix où perçait le regret."Matth arrêta de manger, et je redemandai, hésitante :
"Il y a un problème ?
- Rien qui ne te regarde, trancha Olenka, qui releva enfin la tête.
- Olenka ... commença Matth."Ses yeux verts étaient tristes et il se passait la main dans ses cheveux bouclés d'un air hésitant. Je ne l'avais jamais vu si mal à l'aise.
"Va t-en, lui intima Anna.
- Hé ! le défendis-je. On ne peut pas le virer comme ça sans aucune raison ! Ça ne se fait pas.
- Il y a une raison, me coupa Farah."Plus aucune gentillesse dans sa voix. Juste un regard farouche qui couvait Olenka d'un air protecteur. Matth finit par me saluer avant de s'en aller. Anna reprit la parole en me fusillant du regard :
"Thylane, tu n'as plus intérêt à le défendre comme ça. C'est un connard de première."
Furieuse, je rétorquai en tentant de garder mon calme :
"Il n'empêche que c'est la première personne qui ait daigné m'adresser la parole ! Alors je ne vais pas être méchante avec lui sans raison, juste parce que vous me le demandez.
- Ta gueule."Olenka posait sur moi son regard vert et froid. Elle me fixa un long moment avant de reprendre son repas. Malgré la tension évidente, Farah posa une main sur mon épaule et m'expliqua :
"Fais-nous confiance, Thyl'. Désolées pour notre brusquerie. Tu comprendras bien assez tôt."
Je m'apprêtai à répondre quand une autre fille posa son plateau à côté de Farah. Tiens donc, c'était Princesse Lili.
"Coucou les filles. Ce salut ne s'adressait évidemment pas à moi. Tiens, Olenka, ça fait longtemps ...
- Pas assez."Lili éclata de rire.
"Toujours aussi aimable ! Farah, ça te dirait de manger avec nous ? Il y aura Lucie et toute la bande.
- Je mange déjà avec les filles. Déclina Farah sans se retourner.
- Il faudrait que l'on se revoie, soupira Lili d'un air nostalgique. Cela fait longtemps ..."Zoé et Anna échangèrent un bref coup d'œil. Farah se raclait la gorge, et Olenka ne se privait pas de fusiller Lili du regard. Mon amie finit par lâcher un "Ouais, c'est vrai", et Lili tourna les talons après l'avoir saluée.
Olenka se leva.
"Je me barre. Les ondes de cette vipère m'ont coupée l'appétit."
Tu avais déjà finis de manger, mais bon. Farah esquissa un sourire crispé, et je me réfugiai dans mes pensées. L'hypocrisie semblait régner en maîtresse dans ce lycée.
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Bonjour. Vous allez bien ?
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Se détruire
RomanceThylane, à ses dix-sept ans, est déterminée à reprendre le lycée après plus d'une année de cours à domicile, et ce, uniquement dans le but de tourner la page la plus sombre de sa vie. Son objectif ? Décrocher son diplôme et fuir loin de tous ses mal...