46 : Le bal

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« Je me suis toujours moquée des filles qui étaient toutes excitées pour un simple bal du lycée, mais maintenant je suis comme elles, soupirai Olenka.
- RT si c'est triste. »

Olenka et Zoé se regardèrent en souriant alors qu'Anna et moi fouillions désespérément les rayons à la recherche de la tenue idéale. Les deux premières avaient déjà trouvé leur précieux, pas étonnant qu'elles soient si décontractées. Anna et moi étions littéralement en état de stress. Zoé avait acheté une petite robe vintage à sa friperie préférée, où Olenka avait également déniché un haut en dentelle vert court qu'elle mettrait avec un pantalon taille basse. Le genre de tenue qui allait parfaitement avec son corps parfait. Je n'aurais même pas réussi à rentrer une de mes épaules de camionneuse dans ce bout de tissu si fragile.

« Oh, regarde, Thylane ! Ça t'irait trop bien ! »

Comme c'était Olenka qui parlait, et qu'Olenka était un peu la référence mode du groupe, je fis volte-face avec un cœur rempli d'espoir.

Olenka tenait une combinaison noire. Elle avait un décolleté en V en dentelle très plongeant et moulant, puis le bas, en pantalon, était davantage évasé. Wow. Elle était splendide, mais est-ce que j'oserais vraiment mettre ce genre d'habit ?

« Soyons fous, déclarai-je dans un sourire. »

Je l'essayai, avec la conviction que ça me donnerait un air ridicule. Quand je sortis de la cabane, les filles, en bonnes copines hystériques, se mirent à crier dans tous les sens.

« C'est juste magnifique !
- Putain, t'es splendide, meuf.
- Arrêtez, je vais prendre la grosse tête, plaisantai-je alors que j'étais très gênée.
- Y'aurait pas de quoi, bougonna Anna, avant de sourire. Je rigole, elle te va super bien.
- Prends-la, m'intima Olenka. »

Même si ça me faisait très bizarre de me voir dans une tenue si... « classe », je crois que j'aimais bien, moi aussi. Je me trouvais jolie dedans. Le joli décolleté s'adaptait à ma poitrine inexistante et cassait mes larges épaules, alors que le bas me donnait une illusion de hanches et de fesses non négligeable.

En début d'année, je n'aurais jamais osé me plaire avec ce genre de choses. J'eus un petit sourire nostalgique en réfléchissant à mon évolution.

Finalement, j'achetai cette combinaison, heureuse à l'idée que Sam me voit dedans. Je savais qu'il s'attendait à ce que je ne fasse pas trop d'effort. Dommage, je comptais mettre le paquet.

Anna avait finalement acheté une robe noire qui moulait magnifiquement ses courbes généreuses. Il lui avait suffi de voir le regard conquis de Zoé pour qu'elle l'achète.

Nous sortîmes donc du centre commercial avec la banane. La soirée s'annonçait inoubliable. Malheureusement, une partie de moi ne put s'empêcher de penser à Farah. Elle aurait adoré acheter sa tenue du bal, dont elle parlait depuis le début d'année. Elle sera avec nous. De loin, mais elle sera là. Il ne tient plus qu'à nous de la faire vivre dans nos cœurs.

Le jour J arriva et nous nous rendîmes chez Olenka pour, du moins essayer, nous refaire une beauté. Olenka se maquilla énormément et je fus choquée du résultat : on aurait dit une actrice hollywoodienne. Zoé, en beauté naturelle, n'appliqua qu'un rouge à lèvres rouge vif, tandis qu'Anna privilégia le maquillage des yeux et de la peau.

« Tu aurais dû faire pareil, ce sera plus pratique pour s'embrasser, reprocha t-elle à Zoé.
- Ah oui, tu n'aimes pas le rouge à lèvres ? Tant pis, on ne s'embrassera pas, répliqua malicieusement Zoé. »

J'adorais voir Zoé avec Anna pour la simple et bonne raison que cette dernière faisait ressortir sa vraie personnalité. Zoé était de nature très introvertie, et c'était seulement avec Anna qu'elle semblait réellement elle-même. C'était beau.

Se détruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant