18 : Trompée

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"Heyyyy beauté..."

Farah éclata de rire devant ma tête. De toute évidence, elle avait bu. J'espère que ce n'est pas ce trou du cul de Léo qui l'a fait boire !

"Thylane, ma parole, tu as bu ! s'écria Farah, horrifiée. Agathe va jouer au foot avec ta tête... Ahahahah..."

Oups, j'avais aussi bu, visiblement.

"J'avais besoin de me détendre.
- C'est tes dents qui vont se détendre quand...
- Toi aussi, tu as bu, la coupai-je."

Aux précédentes soirées, Farah n'avait pas eu besoin de boire pour s'amuser. Enfin, juste un petit verre. Là, elle semblait carrément déchirée et cette vision me procurait beaucoup de peine.
Et toi donc ? me reprochai-je alors. Je tentai de me rassurer en me disant que je n'avais pas dû boire plus que de deux verres, puisque je me sentais dans un état à peu près normal.

"Pourquoi tu as autant bu ? demandai-je en posant ma main sur son épaule."

Dire que je ne l'avais même pas vu faire..! Quelle piètre amie je faisais ! Je l'avais bien vu danser avec Léo, mais je pensais qu'il la surveillerait.

"J'ai besoin de me détendre, ria t-elle à son tour, avant de prendre une expression plus sérieuse. Je crois que Léo veut qu'on baise."

L'horreur se mêla à mon éclat de rire suite à sa déclaration on ne peut plus sérieuse. Elle plaisantait, n'est-ce-pas ? Elle ne comptait pas faire ça dans son état d'ivresse ?

"Tu n'en as pas envie ? C'est pour ça que tu as bu ?
- Pas du tout ! se défendit-elle. C'est juste que... enfin, je ne sais pas quoi faire. Ça me stresse.
- Ne fais pas ça juste pour lui faire plaisir ! m'écriai-je aussitôt."

À la vue de son air piteux, je compris que c'était exactement son intention. Farah était tellement amoureuse de Léo qu'elle était prête à se donner à lui... alors qu'elle ne se sentait pas prête. Mon ventre se serra. Pas question que mon petit soleil ne fasse ça juste pour lui faire plaisir ! Je me sentais bien plus concernée par cette situation qu'elle ne l'imaginait.

"Farah, écoute-moi. Tu ne vas pas coucher avec lui. À moins que tu n'en aies envie, mais ce n'est pas le cas, n'est-ce-pas ? Et si cette brebis galeuse force, je vais aller le castagner avec mes muscles !
- Quels muscles ? s'étonna Farah.
- Euh... je sais pas encore. Je trouverai bien."

Autour de nous, la fête battait son plein. Léo se détacha alors du groupe dansant pour s'avancer vers nous avec un sourire de séducteur. Farah se figea.
Léo, par derrière, lui entoura les épaules de ses bras et lui déposa un chaste baiser sur la joue. Il avait vraiment l'air amoureux, là. Il ne la forcerait jamais à faire quelque chose dont elle n'a pas envie, pas vrai ? Je décidai de les laisser ensemble, ne voulant pas m'immiscer dans leur vie de couple. Mais je me promis de garder un œil sur eux et je lançai une dernière fois à Farah :

"N'oublie pas ce que je t'ai dis."

Léo me jeta un regard interrogateur et Farah hocha faiblement la tête. Elle avait l'air moins prête à céder, mais je la surveillerai quand même, tout en la laissant bien sûr s'amuser.

Après avoir redanser une bonne demie-heure, j'allais m'assoir sur le canapé, aux côtés... d'Olenka. Cette dernière me jeta un regard peu amène avant de continuer à regarder son portable. Je remarquai alors que Sam et Lili avaient disparu de la circulation. Si mon ventre se serra, je refusai d'y penser, au risque de finir comme la dernière soirée.

"Ça va ? décidai-je de lancer à Olenka pour me changer les idées."

Celle-ci me regarda d'un drôle d'air.

"Ben, ouais.
- J'sais pas, tu as l'air triste.
- Tu ne sais rien de moi, rétorqua t-elle en regagnant son masque froid.
- J'en saurais plus si tu arrêtais de te braquer dès que je t'adresse la parole, finis-je par m'irriter, agacée par le comportement d'Olenka. Cette fille est pire que Lili ! Franchement, qu'est-ce-que je t'ai fais ?!"

Olenka se rembrunit. Elle ne paraissait plus énervée ; simplement lasse. Elle se retourna vers moi et je surpris les larmes qui faisaient luire le coin de ses yeux.

"Matth est amoureux de toi. Finit-elle par lâcher."

J'eus envie de me frapper le front avec ma main.

"C'est une blague ?! Je détestais cette expression qui faisait capricieuse et ridicule, mais j'étais trop furieuse pour y prêter attention. Tu ne m'adresses pas la parole parce que tu penses que Matth m'aime, alors qu'il est dingue de toi ?! J'espère que tu n'es pas sérieuse."

Olenka parut honteuse. Elle évitait désormais mon regard.

"Je suis désolée. Depuis ce qu'il s'est passé, je n'arrive plus à accorder ma confiance aux filles qui s'approchent de lui.
- Qu'est-ce-qu'il s'est passé ?"

On y venait enfin. Après tous les sous-entendus, Olenka allait m'expliquer cette haine.

"Il m'a trompée."

Oh, putain. Mon ressentiment s'évapora comme la neige au soleil. Je n'arrivais pas à y croire... Matth ? Olenka ? Qui ? Pourquoi ? Quand ?

"Je... je suis sincèrement navrée pour toi. Parvins-je à articulier. Mais... qu'est-ce-qu'il s'est passé ?
- L'année dernière, je suis tombée amoureuse de Matth. Soupira Olenka. Très rapidement. Peut-être que c'est de ma faute, s'il m'a trompée... elle était là, elle. Moi, je n'ai jamais été d'accord... Et puis, il me l'aurait caché si elle ne l'avait pas balancé... Olenka s'immobilisa. Oh, ça fait mal, tellement mal...
- N'en dit pas plus, murmurai-je en posant ma main sur son épaule. Est-ce-que... je peux... faire quelque chose pour toi ?
- Laisse-moi seule."

D'ordinaire, je ne l'aurais pas écoutée. Mais Olenka avait l'air si perturbée que je décidai de la laisser se reprendre.

Je tentai de faire le point sur ce qu'elle venait de m'avouer. Je n'avais pas compris toute sa tirade... j'avais conclu qu'elle avait été la petite amie de Matth, mais que celui-co l'avait trompée avec une autre fille, peut-être parce qu'Olenka refusait de coucher avec lui.

Quelle sinistre histoire... Je comprenais de suite mieux la froideur d'Olenka à mon égard. Elle était encore désespérément, abjectement, éperdument amoureuse de celui qui lui avait fait tant de mal. Tout ça me ramenait à...

Mon dieu, Farah. Où était-elle passée ? Paniquée, je la cherchais dans tout el salon, en vain. Léo aussi était introuvable. Oh, faites qu'elle aille bien et qu'elle n'ait rien fait qu'elle pourra regretter... Je me mis à la chercher frénétiquement dans toutes les pièces. Soudain, j'entendis des murmures dans une chambre. Je m'y précipitais sans trop réfléchir. C'était la voix d'Anna. J'entrai brutalement, et m'écriai :

"Farah a... oh, putain."

Anna n'était pas seule. Zoé était avec elle.
Elles s'embrassaient.

Se détruireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant