Quand nous arrivâmes au manoir d'Annabel, la nuit commençait déjà à tomber. Je me précipitai pour descendre de la voiture en premier, contente de pouvoir enfin me dégourdir les jambes. Je m'avançai jusqu'au perron de la maison et levai la tête. Cette imposante demeure de l'ère victorienne me subjugait à chaque fois par sa beauté, malgré mes visites fréquentes. Je souris au souvenir de tous ces moments magnifiques que nous y avons passé, enfants, Annabel et moi. Nous devions rendre sa grand mère complètement folle avec nos jeux incessants. Malgré tout, elle nous aimait plus que tout. J'étais perdue dans mes pensées, lorsque soudain, Annabel approcha et m'entoura les épaules de ses bras.
- Tu te souviens de quand on était petites? On s'amusait à faire tourner grand-mère en bourrique! La pauvre, elle ne le méritait vraiment pas, mais qu'est-ce que c'était drôle! rit-elle, pensive.
- C'est marrant, je pensais justement à la même chose!
- Tu sais, j'aurais vraiment aimé que tu passes plus de temps à t'amuser...
- Comment ça?
- Tu ne te souviens pas? Tu étais toujours enfermée dans ta chambre avec ton violon, tu passais tes journées à...
- Je n'ai pas envie de parler de ça.
- Mais pourquoi? Depuis le temps, tu...
-Annabel, je t'en prie...
- D'accord, je me tais, mais j'avoue que je ne comprends pas.
- Non, tu ne peux pas me comprendre. Tu n'as pas vu tout ton univers s'écrouler comme le mien. Toi, tu occupes encore le devant de la scène, tu as tout devant toi. Tu as intégré la Musikhochschule Hanns Eisler et tu es sûrement la meilleure flûtiste de l'académie. Tu es l'enfant prodige.
- Heidi... Pourquoi tu as fait ça? Il est encore temps, tu sais, Antje Weithaas rêverait de te voir intégrer sa classe.
- Je n'avais pas le choix
- On a toujours le choix, sache-le, et toi, tu as fait le mauvais, répondit-elle, la colère flamboyant dans ses yeux.
- Annabel! cria Marcel Nous avons besoin de tes clés.
- Oh oui, pardon... J'arrive tout de suite! lança-t-elle, visiblement secouée.
Je n'aimais pas me disputer avec elle. J'avais toujours un horrible goût amer dans la bouche ensuite.
- Tout va bien, Heidi? me demanda Ebbe en s'approchant de moi.
- Oui, oui... Je me suis juste disputée avec Annabel, ne t'inquiète pas, ce n'est rien de grave.
- Pourquoi?
- Je préfère ne plus en parler, si tu veux bien.
- Bien sûr, je comprends. Allez viens, entre. Tu vas prendre froid, il y a un peu de vent.
J'éclatai de rire.
- Tu plaisantes? On n'est qu'en octobre, Ebbe! Tu parles vraiment comme ma mère!
- Au moins, j'ai le don de te faire rire, dit-il avec un sourire espiègle. Allez, viens, il faut que tu ailles poser tes affaires, tu ne vas pas rester plantée là avec ton sac, tout de même.
Je le suivis en riant. C'était tellement agréable de l'avoir retrouvé, son petit air protecteur m'avait manqué. J'allai poser mes affaires dans ma chambre, et descendis aider les autres dans la préparation de la fête.
- Heidi, rends-toi utile, aide nous à disposer la nourriture, m'ordonna Annabel. Tu crois que l'on devrait mettre des verres en plastique rouge, ou bleu?
- Quelle question existentielle, soupirai-je, levant les yeux au ciel. Prends ceux que tu veux!
- Oh, j'aimerais prendre les rouges, mais j'ai peur que cela fasse trop criard.
- Excuse-moi, j'avais oublié que tu recevais le couple présidentiel Américain. Attends-toi à découvrir sur son twitter "Cette soirée était nulle à chier. Je voulais des gobelets bleus", répliquai-je d'un ton sarcastique.
- Tu ne peux pas être sérieuse deux secondes? Pouffa-t-elle en me lançant un gobelet bleu dans la figure.
Ebbe avait raison, notre dispute était déjà terminée.
- Haha ! Je t'imagine déjà dans les grands titres « ANNABEL SCHMIDT, PIRE ORGANISATRICE DE FETES DE TOUS LES TEMPS, A PROVOQUE UN INCIDENT DIPLOMATIQUE AMERICO-ALLEMAND, POUR UNE HISTOIRE DE GOBELETS ROUGES », ironisai-je
- Mais t'as pas fini, oui ? Va plutôt me chercher les chips au vinaigre.
- Berk, grimaçai-je. Ne me fais pas croire que tu as acheté ce... ces horreurs ?
- Tu rigoles ? C'est délicieux !
- Je ne te comprendrai jamais, marmonnai-je en lui passant le paquet.
- Hmm... Tellement bon ! dit-elle en croquant dans une chips. Tu en veux ?
- Sans façon.
- Allez viens, allons nous préparer, pouffa-telle en me poussant. Romy, Ingrid, vous venez ?
- Et moi, je peux venir ? s'exclama Marcel
- NON ! Criâmes-nous en chœur. Tu restes ici avec Jan et Ebbe.
- Bah... au moins, j'aurai essayé
- T'inquiète, mec, viens regarder le foot avec nous, le consola Jan en lui donnant une tape dans le dos.
Ils allèrent au salon, tandis qu'on montait se préparer.
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Year in past
ParanormalQuand on s'adonne à des jeux dangereux le soir d'halloween... Cela finit mal. À chaque fois. Forcément. Le 31 octobre 2017, Heidi est projetée 90 ans en arrière. Pour retourner dans le présent, elle devra se lier à une secte des plus étranges. E...