1, Shelby

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New York

Assise à ma place habituelle, près de la grande fenêtre, je regarde la chaise vide en face de moi. Non en fait, mes yeux se posent un peu plus loin.

Je viens prendre mon café ici tous les matins depuis quelques semaines, le pire c'est que ce n'est même pas le meilleur de la ville, c'est peut-être même le plus mauvais. Mais il y a le mec le plus sexy qui y travaille et pour ça, je suis prête à me taper des kilomètres et à m'empoisonner, juste pour un moment avec ses yeux gris.

Le plus drôle ? C'est que je n'aime pas le café mais ils ne servent que ça. C'est certainement débile pour la plupart des gens, ceux qui s'imaginent tout connaitre de moi. Sauf qu'en réalité, ils n'en savent même pas la moitié, juste ce que je veux bien leur montrer. Si ce magnifique spécimen connaissait les véritables raisons de ma venue, je me demande s'il serait flatté ou s'il me rejetterait, non pas que je tenterai quoique ce soit, c'est même complètement improbable, mais m'imaginer à la place d'une autre pendant quelques minutes c'est quelque chose d'agréable, de vital devrais-je dire.

Je ne me suis jamais intéressée à ce type de mec, ceux qui ne semblent pas être fait pour les règles, qui trouvent toujours un moyen d'être en désaccord alors que tout le monde semble être d'accord, juste parce que c'est un jeu. Jouer avec le feu, dire merde rien que pour emmerder le monde, ne respecter que son propre code, c'est quelque chose que je ne connaitrais jamais, mais ça a le don de me fasciner.

Mais si je viens ici, ce n'est pas seulement pour lui. Il y aussi le fait de pouvoir souffler, d'être moi, la véritable moi pendant au moins quinze minutes. Pas de sourire forcé alors que j'ai envie de hurler, pas d'embrassades avec des filles que je méprise, pas d'apparence parfaite.

— Je te ressers ?

Sa voix rauque, légèrement cassée me prend par surprise quand il se présente devant moi, mais mon corps apprécie ce son et il en frissonne. J'espère simplement qu'il ne sait pas à quel point il me fait de l'effet ou je pourrais le payer très cher.

— Shelby ? s'impatiente-t-il.

Je le regarde dans les yeux, il m'intimide avec son regard franc et sa carrure absolument parfaite. Est-ce qu'il s'en rend compte ?

Quand il décroche un sourire en coin, il parait évident qu'il le sait.

— Oui vas-y.

Je regarde le liquide s'écouler dans ma tasse ébréchée. Même ce simple geste le rend sexy et j'aimerai lui demander s'il est sur la carte mais la Shelby modèle ne ferait pas ce genre de choses en public, alors je me contente de le remercier.

— Quoi de prévu aujourd'hui ? Nouvelle manucure ? Dévaliser les magasins avec la carte bleue de papa ?

Depuis que je viens ici, je ne lui ai presque rien raconté de ma vie, il l'a simplement deviné par mon apparence et ma façon d'agir et depuis il n'arrête pas de pas de me vanner.

— Tu ne connais rien de moi !

— Oh ! La princesse s'énerve, attention, rigole-t-il.

— T'as pas une autre table à aller servir plutôt que d'empiéter sur mon territoire ?

— Ton...

Il s'arrête au moment où quelqu'un se met entre nous.

— Salut, mon cœur.

Donovan.

Il dépose ses lèvres sur les miennes, brièvement. C'est plus machinal que sincère mais le capitaine de l'équipe de foot se doit d'être vu avec une jolie fille qui en a autant dans la tête autant que dans le portefeuille et ma réputation n'est plus à faire.

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