Beautiful Liar

23, Shawn

— Tu ne peux pas me laisser, pas encore. Je suis désolée, Shawn. Tellement désolée.

Dos à elle, j'entends les larmes dans sa voix. Elle a trop d'emprise sur moi. Je ne suis peut-être pas son soldat mais elle parvient à faire de moi ce qu'elle veut, inévitablement.

Ma mâchoire se serre et je bascule légèrement la tête en arrière avant de fermer les yeux un instant.

Pourquoi c'est si compliqué de lui résister ?

— Qu'est-ce que tu attends de moi ? Lui demandé-je en me retournant. Que je te bécote dès qu'il a le dos tourné ? Ça ne marchera pas, je ne veux plus de ça.

Ses joues sont encore humides de larmes et je m'interdis d'y poser les mains.

— Tu me demandes une relation exclusive ? M'interroge-t-elle surprise.

Je me retrouve comme un con. Je n'avais pas prévu qu'elle en arrive à cette conclusion. Est-ce que c'est ce que je veux ?

— Je... non. Enfin. J'en sais rien. Pourquoi tu me poses une question aussi débile ?

Je suis sur la défensive puisqu'elle m'a pris au dépourvu.

Elle ne sourit pas, son regard est même toujours triste mais sa bouche c'est autre chose. Elle la pose sur la mienne, m'embrasse mais je ne réponds pas à son baiser. Je ne peux pas tout lui faciliter non plus.

Elle s'acharne, ne me laissant bientôt plus d'autre choix que de l'embrasser en retour. Et puis d'un coup, c'est comme si le sang affluait à nouveau dans mon corps. Mes lèvres reprennent possession de ce qui leur appartient, comme si elle ne m'avait jamais quitté. Ma main dans ses cheveux, je n'arrive plus à m'arrêter de la toucher et c'est elle qui s'écarte au bout d'un moment.

— Qu'est-ce qu'on est en train de faire ? Lui demandé-je.

— Je ne veux plus que tu sois loin de moi, m'avoue-t-elle. Je... j'ai besoin de toi.

— Ah ouais ? À quel point ?

— Shawn...

— Il n'y aura pas de retour en arrière. Pas cette fois.

— C'est toi que je veux, personne d'autre. Donovan n'a jamais compté, tu l'as compris avant moi, tu te souviens ?

— Qu'est-ce que je vais faire de toi ? Chuchoté-je.

Mon pouce se pose sur ses lèvres.

Le bruit étouffé des étudiants dans le couloir comble le silence qui s'installe entre nous. C'est une discussion qui n'a lieu que dans le regard de l'autre.

— Je vis chez Kate, lâché-je au bout d'un moment.

Je préfère agir en toute transparence plutôt que de lui mentir et lui dire que tout va bien.

— Quoi ?

Elle s'écarte, surprise.

— C'est compliqué. Mon frère m'a fichu à la porte.

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Disons que j'ai déconné.

Elle croise les bras sur sa poitrine, semblant attendre une explication.

— Qu'est-ce que tu as fait ?

— Quoi ? Tu vas me coller une fessée ?

Elle attend.

— J'ai enchainé les sorties. J'ai conduit après avoir bu, fumé. Je suis rentré défoncé à des heures pas possibles... Et pour être totalement franc, j'ai pas mal baisé.