Beautiful Liar

17, Shelby

— Qu'est-ce que tu veux faire, maintenant ? Demandé-je à Shawn au bout d'un moment.

— Conduire ce bolide. Te baiser. Arrêter de te faire pleurer.

Je ne sais pas si c'est sa vulgarité ou sa gentillesse qui me surprend encore mais il parvient à me fait rougir.

— Dis-le.

— Que je dise quoi, Shawn ?

— Bai-ser, épelle-t-il.

— Je n'ai pas envie de le dire.

— Allez. Je vais t'apprendre ton vocabulaire sexuel, tu deviendras une vraie cochonne.

— Shawn...

— Bai-ser. Allez, après on ira boire ce milkshake que tu n'as pas encore eu.

— Baiser, dis-je rapidement. Satisfait ?

— La prochaine fois, mets-y plus d'entrain. Une voix sensuelle, ça peut aider, princesse.

— J'ai déjà séché mes deux heures de cours restantes, c'est suffisant pour aujourd'hui, tu ne penses pas ?

— Tu me laisses conduire ton bolide, alors ?

— Non. S'il y a une rayure, mes parents vont me tuer.

— Je sais conduire une voiture.

— Une prochaine fois peut-être, ok ?

J'essaie de l'amadouer. Je ne veux pas que cette journée se termine, je ne veux pas qu'il me laisse, je veux profiter encore.

— À quoi tu penses ? Me demande-t-il.

— À cette journée. Elle a pris un sens inattendu mais je ne me suis jamais sentie aussi libre.

— Ça fait plaisir à entendre, m'avoue-t-il en souriant doucement. Y a un fast-food qui fait de très bon milkshake. C'est à dix minutes à pieds, ça te dit ?

— Je ne vais pas y rencontrer une de tes nombreuses admiratrices ?

— Non, affirme-t-il. T'es jalouse ?

— Bien sûr que non.

— Ouais, c'est ça, rigole-t-il.

C'est agréable de pouvoir se promener sans chaperon, sans avoir à expliquer pourquoi tu entres dans cette boutique et pas dans l'autre. Ça change de pouvoir flâner dans la rue sans se forcer à sourire, à rire et à faire semblant d'apprécier les personnes qui sont avec toi. Malgré sa manie à vouloir provoquer, Shawn est très simple. Je ne me force pas quand il est là, c'est naturel. Ce qui me choque, c'est de voir à quel point il s'est imposé dans ma vie, à quelle vitesse il l'a fait. J'ai encore parfois du mal à le cerner mais ça se passe de mieux en mieux.

Pendant que nous marchons, je ne cherche pas à avoir un contact physique avec lui, ça serait trop pour moi. Ce n'est pas mon copain, on ne fait que s'amuser et ça me va très bien comme ça. Son cirque avec la fille de tout à l'heure me reste un peu en travers de la gorge. Ce n'est pas une question de jalousie - je ne croîs pas -. C'est plus un manque de respect qu'il a eu envers moi. Je m'interroge sur la dureté de ses mots, est-ce que c'était pour se débarrasser d'elle ? Ou est-ce qu'il le pensait vraiment ? Il m'a dit qu'il fallait que je me remplume...

Mon visage doit devenir plus blanc qu'il ne l'est déjà quand j'aperçois Antony qui me fait des signes.

Quelles étaient mes chances pour le croiser à ce moment précis ? C'est le karma, ma pauvre Shelby... Tu devrais être en cours plutôt que de te promener le cœur léger...