Beautiful Liar

21, Shelby

J'essaie, en vain de ne pas repenser à la soirée où Shawn est venu, cette soirée où j'étais sur le point de coucher avec lui, cette soirée qui a précipité la fin de ce qui nous unissait. J'ai baissé ma garde, une fois et voilà où j'en suis. Je ne pourrais plus jamais le regarder en face et pour cause, j'ai dit à mes parents que je n'étais pas bien, préférant rester chez moi au moins cette semaine. Ce qui est bien avec des personnes qui font à peine attention à toi, c'est que si tu ne nuis pas à leur image, ils arrivent à croire tous tes mensonges. Résultat, ça fait bientôt trois jours que je n'ai pas mis les pieds à l'université.

Au final, même si je reste cloitrée chez moi pour éviter d'avoir à affronter Shawn, mon moral est en baisse. Je ne veux ni voir ni parler à personne et ma mère préfère s'inquiéter de l'impact sur ma vie sociale si je reste enfermée plus longtemps plutôt que de ce qui me ronge véritablement. Mais je n'en attendais pas moins de sa part.

Quelques coups frappés à ma porte me ramènent à la réalité et la tête de ma mère apparaît juste après.

- Qu'est-ce que tu veux ? Lui demandé-je.

Même si Shawn ne fera désormais plus partie de ma vie, sa confrontation avec ma mère aura quand même débloqué quelque chose en moi. Je suis évidemment incapable de tout envoyer balader mais désormais, je m'oppose à elle, je lui réponds. Je ne me conduis plus comme la gentille petite fille parfaite, je suis d'ailleurs loin de l'être et il va falloir qu'elle le comprenne.

- Tu ne veux toujours pas aller en cours ?

Elle vient s'asseoir sur le bord de mon lit, droite comme un i.

- Je t'ai déjà dit non. J'ai besoin d'être un peu seule.

Elle fait mine de réfléchir, m'adressant un léger sourire et je soupire déjà, instinctivement je sais que ce qu'elle va me dire ne va pas me plaire.

- Pourquoi tu ne me dis pas ce qu'il t'arrive ?

- Je ne suis pas bien, c'est tout. Je te l'ai déjà dit.

- Tu n'as pas l'air souffrante, Shelby.

- Et depuis quand tu t'intéresses à moi ?

Son air choqué me fait rire intérieurement.

- Je me préoccupe de toi, en permanence. Comment peux-tu dire une chose pareille ?

- Arrête.

- Tu vois, cette attitude, ça ne te ressemble pas, reprend-t-elle. C'est à cause de ce voyou... qu'est-ce qu'il t'a fait ? Tu peux me le dire, on...

- On quoi ? La coupé-je. Il s'appelle Shawn et il ne m'a absolument rien à avoir avec mon état, tu comprends ! Il n'y a qu'avec lui que je me suis sentie vivante pour la première fois, mais ça, tu es incapable de le voir parce qu'il n'y a que ta petite personne et ce monde si parfait qui compte à tes yeux !

- Chérie, calme-toi. Tu veux un cachet pour t'aider à te sentir mieux ?

Putain... Elle préfère encore et toujours se voiler la face, mais comment fait-elle pour survivre dans ce monde d'hypocrisie ! Je jure devant Dieu que là, tout de suite, je voudrais aller chercher une lame et en finir pour de bon ! Peut-être qu'elle réaliserait enfin que je suis sa fille et non un objet qu'elle peut contrôler à sa guise.

- Je n'en veux pas de ton putain de cachet ! Éclaté-je.

Elle s'écarte, fouillant dans le tiroir de ma table de nuit et en sort la plaquette de somnifères avant d'en détacher un. Elle me tend avec un verre d'eau.

- Est-ce que tu m'écoutes quand je te parle ?

- Prends-le. Tu me fais peur quand tu es comme ça, me dit-elle. Tu as besoin de te reposer.