7, Shelby

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Quand j'ouvre mon casier ce matin-là, je m'attends à tout sauf à ça. Une feuille quadrillé arraché à la va vite s'y trouve. Je déplie le bout de papier et je suis prise d'effroi quand j'y lis le mot « salope. »

Je ne comprends pas directement avant de réaliser que ça ne peut être l'œuvre que d'une personne. Avant son arrivée, on ne m'avait jamais insultée - enfin, pas directement -. Il se conduit de façon infecte avec moi mais je ne baisse pas les yeux, au contraire. Plus je l'ignore, plus j'ai l'air d'attirer son attention.

— Alors princesse, on ne vérifie pas ses arrières ?

Il me prend par surprise, ce n'est pas du jeu. Son corps dans mon dos est déjà bien trop près du mien. Il fait tout différemment des autres, il ne respecte pas les règles, encore moins celles qui me concernent. Il ne se fie pas aux distances de sécurité, alors qu'au moins en public, il le devrait.

— Tu n'es pas autorisé à m'adresser la parole. Tu peux partir.

Ma voix est froide alors que son parfum embaume tout mon espace personnel. J'ai simplement envie de me retourner et poser ma main sur ce visage de sale gosse mais je me l'interdis, je ne dois pas flancher.

— Qu'est-ce ça fait de recevoir son premier mot d'amour ? me demande-t-il en ignorant une nouvelle fois ma directive.

— Tu ne cherches même pas à le nier ?

Sans me toucher, il me demande de le regarder, ce que je ne fais pas.

Pourquoi est-ce qu'il continu à me parler comme ça en plein couloir ? Nous ne sommes pas censés nous connaître. Si ça valorise son côté mauvais garçon qui se fout de tout, pour moi, ça décrédibilise mon rôle d'icône et ça ne peut pas arriver.

— Va-t'en.

Je l'entends rire derrière moi.

Je récupère mes affaires de cours, fais une boule du papier de ce qu'il m'a écrit et le jette à l'intérieur de mon casier que je referme doucement alors que tout ce dont j'ai envie, c'est de faire claquer cette petite porte.

Il tente de toucher mon bras mais je l'esquive.

— N'y pense même pas.

Sans un regard je le contourne, mes livres contre ma poitrine comme pour me protéger, je fais de grands pas pour m'éloigner de lui le plus rapidement possible et me dirige vers la bibliothèque.

— Shelby... dit sa voix légèrement cassée.

Les gens me regardent étrangement, mais je garde la tête haute, ne montrant rien de mon agacement à être poursuivie sans relâche.

Et puis mon prénom dans sa bouche résonne un peu trop bien à mon goût.

Je passe la porte de la bibliothèque. Il y a quatre-vingt-dix pour cent de chances qu'il ne me poursuive pas dans un lieu comme celui-ci. Mais par prudence, je vais me réfugier entre deux meubles bien fournis en livres.

Les bouquins prennent toute la hauteur des étagères, ce qui me cache complètement mais qui m'empêche aussi de repérer mon assaillant.

Je regarde ma montre, laisse passer deux minutes, puis trois avant de respirer calmement et de sortir de ma cachette.

— Trouvée.

Sa main attrape mon poignet, m'obligeant à tenir mes livres d'un bras. Il m'emmène plus loin.

— Lâche-moi, dis-je doucement.

Il s'exécute, me coinçant entre une rangée de livres et son corps.

Beautiful LiarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant