18, Shawn

152 6 9
                                    

Sur un coup de tête, je grimpe sur ma bécane et prend la direction de chez Shelby. Je n'ai pas oublié sa séance avec monsieur-muscle-qui-veut-la-mettre-dans-son-lit. Mais j'avais juste envie de la voir librement avant de la retrouver dans cette arène qu'est le bahut.

J'ai hésité avant de l'appeler hier, je me suis comporté comme un connard parce que je ne voulais pas qu'elle retourne avec lui, sauf que... ce n'est pas à moi de décider, je n'ai aucun droit sur elle. Mais une nouvelle fois, c'est elle qui m'a surpris. Ses bras enserrant ma taille m'ont pris au dépourvu mais j'ai répondu aussitôt à son étreinte, ça m'a semblé normal, juste. C'était naturel.

Ça me ressemble si peu... mais Shelby fait ressortir le meilleur en moi. Je ne m'attache pas aux filles en temps normal, je les utilise. Je ne me sens pas coupable de me comporter comme un connard en leur présence parce que je suis comme ça mais avec elle, c'est différent. Si j'aime la provoquer ou la déstabiliser avec mon franc parlé et ma vulgarité, je n'aime pas - plus - être mauvais avec elle. Shelby mérite du respect avant tout, elle s'écrase suffisamment pour satisfaire tout le monde et je veux qu'elle se sente bien quand elle est avec moi. Si je devais être vraiment honnête, je dirais que je commence à vraiment m'attacher à elle, à son côté timide, à sa faculté à rougir dès qu'on aborde le sexe mais aussi à son côté fougueux quand elle s'énerve, à son beau sourire pourtant si rare. J'espère parvenir à la faire hurler de plaisir un jour... J'y vais à tâtons car si je la brusque trop, elle s'envolera, tout simplement.

« Tu cours encore avec monsieur muscle ? »

Comme si elle n'attendait que mon message, sa réponse est immédiate.

« Je file sous la douche. Et il a un prénom. On se voit plus tard ? »

« Tu veux que je vienne te frotter le dos ? Ou autre chose, si tu préfères... »

J'imagine ses joues rosir et j'aimerai être là pour admirer le spectacle, surtout si elle est complètement nue...

« Arrête... »

« Je n'ai rien commencé... »

« À tout à l'heure. »

« Plus tôt que tu ne le crois. »

Elle ne répond plus.

Je joue avec le feu ce matin. J'aperçois sa voiture et je gare ma moto un peu plus loin dans la rue, que j'attache à un lampadaire et monte à pieds jusque chez elle. Je veille à ne pas me faire remarquer, je grimpe les marches de son escalier deux par deux avant de me planquer sur un des côtés du mur. Je veux être la première personne qu'elle verra quand elle sortira.

Elle me fait poireauter presque quinze minutes quand j'entends sa porte d'entrée s'ouvrir et sa mère lui dire de garer sa voiture dans leur parking sous-terrain.

Je n'en crois pas mes oreilles, on ne voit ça que dans les films en temps normal.

J'attends qu'elle referme derrière elle et me place dans son champ de vision.

— Salut, princesse.

Elle a un mouvement de recul et sa main se pose sur son cœur.

— Putain... Tu peux arrêter d'apparaître sans prévenir ?

— Quoi ? C'était une surprise. Tu connais le principe d'une surprise ?

Calmée, elle me sourit et ses mains viennent s'accrocher aux pans de ma veste. Sa bouche vient à la rencontre de la mienne pour un baiser innocent.

— Bonjour, vilain garçon.

— Je mérite un peu plus que ça, non ? Ton père aurait pu me flinguer en sachant que je venais m'occuper de sa fille.

Beautiful LiarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant