Janet
Ça n'a pas de sens, je ne peux pas comprendre ce qui vient de se passer. Pourquoi diable Foxy vient-il de s'enfuir ? Il avait mille occasions de me tuer, de m'infliger des souffrances inimaginables et de jouer avec moi toute la nuit. Cependant, il y a une chose dont je suis sûre ; il y a quelque chose d'étrange avec ces robots. Je veux dire, outre le fait qu'ils vadrouillent une fois la pizzeria fermée pour assassiner les gardes de nuit. Un robot programmé pour ça pourrait le faire, c'est du domaine de l'improbable mais possible. Son IA pourrait prendre des temps de pause pour analyser les situations, observer sa cible, ou que sais-je encore, tout ce que font ces animatroniques. Mais... s'enfuir ? Sans aucune raison ? Et surtout... pourquoi s'est-il intéressé à mon pendentif ? Pourquoi l'a-t-il ramassé ? Pourquoi l'a-t-il emporté ?! Vous ne me ferez pas croire que mon coup de classeur l'a déréglé.
Et il fuit, il continue, encore et encore. Il s'engage dans une course irréfrénable en direction de Pirate's Cove, il ne s'arrête jamais, même en passant devant ses collègues. Mon cœur bat la chamade. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne comprends rien. Et alors que je remets ma casquette sur ma tête, que je saisis ma lampe et que je m'engouffre dans les couloirs dangereux et obscurs du Freddy Fazzbear's Pizza, je me demande si ce besoin inexorable de récupérer mon collier n'est pas qu'une mauvaise excuse pour partir à la poursuite d'une réponse.
Mes pas résonnent lourdement et rapidement, mes semelles claquent brusquement contre le dallage des couloirs. Je m'engage dans les mêmes dédales que la veille, sans peur cette fois. Mes questions m'obnubilent et j'en oublie une fois de plus le danger. Je suis déterminée et le chemin qui mène à Pirate's Cove est clair dans mon esprit. Je n'aurai jamais autant couru que dans ce restaurant. Mon esprit est calme, vide ou presque, je suis imperturbable, rien ne peut me détacher de mon objectif. Cette fois, je ne croise pas Chica. C'est Bonnie que je rencontre en pénétrant dans je ne sais quelle pièce. Il me repère et lève les bras, ouvre sa gueule et court dans ma direction. Je passe à côté de lui, je continue ma course sans même lui donner de l'attention.
Pirate's Cove... c'est tout proche. Encore une porte... juste une... j'y suis. Cette grande pièce aux rideaux violets, ces étoiles blanches, ce panneau « Sorry ! Out of Order ! » ...pas d'erreur possible. Le rideau est déchiré, arraché au crochet, sans doute. Il est là, je peux le voir, j'ai presque l'impression qu'il tremble. Et moi, je ne peux pas me permettre de trembler. Cette nuit, pour une raison qui m'échappe, c'est moi qui lui fait peur. C'est moi la chef. Alors je prends une grande inspiration, je braque la lampe sur Pirate's Cove et je tire brusquement le rideau pour fixer Foxy.
-Rends-moi mon collier ! Grondé-je, presque sur le ton d'une grande sœur qui engueule son frère ou d'une mère qui attrape son enfant en train de faire une bêtise.
Et, prise dans mon jeu, dans ma détermination et ma concentration, je n'ai pas remarqué Freddy qui arrive à pas de loups derrière moi.
Foxy
Je ne bouge plus d'un pouce, je me fige, je reste attentif au moindre bruit de pas qui se rapprocherait encore. Je sais bien que tu es là, Nouveau. Tu m'as suivi jusqu'à Pirate's Cove pour me retrouver. Pourquoi ? Tu aurais dû profiter de ta vie sauve ! Tu aurais dû te réjouir de me voir partir... après tout... c'est un peu ce que tu m'avais demandé tout à l'heure, non ? Bien sûr, ça n'a jamais été dans mes intentions, de t'obéir. Pour le moment tu as seulement eu de la chance. Voilà, c'est ça. C'est la chance qui t'a sauvée ! C'est la chance qui t'as permis d'éviter la souffrance et le sommeil... pour toujours.
Je continue d'observer le mystérieux médaillon qui me renvoie un souvenir familier aussi proche que lointain. Le visage de cette fillette qui ressemble tellement au tien. Celui de ce petit garçon qui m'intrigue tellement. Alors je m'évade à nouveau dans mes pensées, à me demander pourquoi et comment. Je veux comprendre pourquoi... pourquoi ton regard effrayé m'a paru si dur à soutenir ? Pourquoi j'ai été incapable de planter mes crocs dans ton crâne pour le réduire en bouillie ? Et perdu dans le flot de mes interrogations, je ne suis plus concentré sur ce qui m'entoure.
Le rideau qui me cache s'ouvre brusquement et une lumière jaunâtre vient m'éblouir alors que je sursaute en me retournant vers... toi. C'est toi, Nouveau ? Comment m'as-tu trouvé ? J'étais pourtant bien caché... Du coin de l'œil, je remarque le rideau mauve déchiré... ah... je vois. Tu as triché. Mais je n'ai pas le temps de m'en insurger, te voilà déjà en train de me regarder avec un air contrarié... fâché. Comment peux-tu me regarder avec ces yeux-là, moi qui te faisais si peur tout à l'heure encore ? Ta voix est dure et autoritaire... J'ignore pourquoi, mais ma seule réaction à ta colère est de me tasser un peu sur moi-même, mes oreilles s'abaissant vers l'arrière. Comme si tu venais de me gronder. Et alors que j'ai encore l'impression d'entendre tes mots résonner dans ma tête... j'ai l'étrange impression de voir l'espace et le temps se déformer pour me renvoyer une image familière.
C'est la petite fille de la photo, les mains sur les hanches les sourcils froncés et elle me regarde en me répétant : « Rends-le moi ! Rends-le moi ! ». Autour de nous, plus de Pirate's Cove, mais une chambre d'enfant aux murs rose pâle.
Je prends peur. Je recule. Alors qu'à nouveau je me retrouve devant l'éblouissante lumière qui me fixe. C'était toi... cette fois j'en suis sûr. C'était toi en train de me gronder... J'ai reconnu la couleur de tes cheveux, j'ai reconnu la photo. Tu faisais partie de ma vie d'avant ? J'ai détourné la tête au moment où ce... souvenir s'est imposé à moi comme une évidence. Et maintenant, je te fais face à nouveau, lentement, je te regarde, désabusé. Qu'est-ce que je viens de voir ? Pourquoi ? Qui es-tu ? Et alors que je me redresse pour me rapprocher... ce n'est plus toi que je vois... mais bel et bien Freddy.
Je me fige. Il est dans ton dos, je le vois s'avancer et alors qu'il remarque que je l'ai vu, il lève son index en direction de sa bouche pour me faire signe de ne rien dire. Ah non Freddy ! Tu ne vas pas me la prendre ! Elle est à moi celle-là ! À moi et rien qu'à moi ! Je ne te laisserai pas faire... Chacun son territoire et ici c'est chez moi alors si tu la veux, il faudra attendre qu'elle retourne dans la chambre des écrans ! Et puis... je ne suis pas d'humeur à te laisser la déchiqueter pour le moment. Alors comme si je ne l'avais pas vu, j'ouvre à nouveau grand la gueule en te regardant, je lève mon crochet en l'air, et je n'attends pas plus longtemps pour te sauter dessus. Tu es si proche de moi que je parviens à te plaquer au sol, ma main tenant toujours le collier appuyé sur ton poignet gauche, mon crochet entourant l'autre.
Je suis plus grand que toi et je n'ai aucun mal à te maintenir sans problème. Freddy s'est arrêté en plein élan et me regarde sans bouger. Son visage est vide... comme tous les autres, mais ça fait si longtemps que nous partageons notre malheur ensemble que je peux voir à quel point il a l'air désabusé de mon geste. Ses yeux bleus perdent leur lueur et deviennent si sombres qu'il me ferait presque peur... je crois que je l'ai mis en colère... mais il ne cherche pas à me rejoindre et retourne d'où il vient. Ouf.
Je plonge à nouveau mon regard sur toi et alors que dans mon élan, je pourrais si bien t'arracher la tête, je pourrais enfin me venger de cette affreuse couleur que tu portes, je... je n'y arrive pas. J'entends encore, cette voix... je revois encore ce visage. Alors...je m'écarte. Je te rends ta liberté, après m'être assuré que Freddy a vraiment disparu. Je reste accroupi devant toi et finalement... J'ouvre ma main dans laquelle se trouve le médaillon et la tends vers toi.
-Ja... net, souffle ma voix synthétique avec hésitation.
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Five Nights for Foxy (FR)
FanficC'était en 78, il y a 17 ans, mon petit frère, Nathan, ainsi que trois autres enfants se sont volatilisés, laissant à jamais dans mon cœur la tristesse, le traumatisme et la culpabilité de sa disparition. À mes yeux, notre pizzeria préférée; le Fred...