Chapitre 13

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- Ca va, tu es bien installée?

Je venais de terminer de vider mon sac de voyage posé sur le lit lorsque je vis Edward sur le bas de ma porte. Il portait un pull en laine bleu marine ainsi qu'une chemise à carreaux blanc et bleu qui sortait par dessus son pull. Il avait toujours une certaine classe dans les choix de ses vêtements, et maintenant que je savais que cela provenait de son mannequinat, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer encore plus. Edward m'observa, je n'avais pas répondue, perdue dans mes pensées.

- Hum, oui, oui, merci.

- Ils sont tous partis à Brighton faire les courses, ça te dirait de venir te promener avec moi? Il fait froid mais, commença-t-il sans terminer.

- Je ne crains pas le froid, je viens d'un pays frileux.

- La Belgique, plaisanta-t-il.

- Attention, on ne se moque pas sinon...

Edward leva les mains en l'air, son éternel sourire amusé sur le visage. Je lui lança un faux regard fusillant avant de sortir dans le couloir. Nous enfilâmes nos manteaux, nos chaudes écharpes ainsi que nos chaussures de marche avant de sortir dans le froid glacial de l'hivers. L'air était frais, pur et non pollué par la ville. La maison que nous occupions était à quelques mètres de la plage et de la manche, dont les vagues étaient nombreuses à cause du vent violent. Edward décida de nous éloigner afin de nous perdre, selon ses mots. Nous montâmes donc, au lieu de descendre vers le sable fin.

- Eh...attends-moi, painais-je à dire.

Ma gorge était sèche et me brulait de l'intérieur alors que mes cuisses me suppliaient d'arrêter. Lui marchait vite et grimpait la pente avec une telle facilité que cela me surprit. Moi qui pensais qu'il était un homme de la ville.

- Allez, courage, Ailey, tu ne regrettas pas, m'encouragea-t-il en se retournant vers moi.

J'attrapa la main qu'il me tendait afin d'y prendre la quelque force qu'il me donna. Edward m'avait interdit de me retourner avant qu'il en ai décidé autrement. Tout ce que je voyais c'était de l'herbe, de la boue et quelques moutons par-ci-par-là. Nous marchâmes ainsi durant une bonne heure, je n'en pouvais plus. Au début, ma dignité m'empressait de continuer pour ne pas paraître faible devant lui mais là, ma raison avait prit les commandes.

- Edward, si tu ne veux pas avoir un décès sur la conscience, je te suggérais qu'on s'arrête là, fis-je à bout de souffle

- Je crois que nous sommes assez haut.

- Non, tu crois? Soufflais-je ironiquement en posant mes deux mains sur mes cuisses.

Mon visage était rivé vers le sol mais les rires d'Edward me parvenurent tout de même aux oreilles. Lorsque je me releva, je constata qu'il n'était pas essouflé, rien du tout! Je le traita de machine, ce qui le fit rire et moi sourire. J'eus enfin l'autorisation de me retourner.

- Waw...

Nous avions une vue imprenable sur les falaises. Le far semblait si petit et la manche si calme. Notre maison faisait la taille d'une fourmis. Je souriais en retenant mes cheveux qui volaient toujours autant. Finalement, j'étais plutôt contente qu'il m'ait emmené ici, c'était magnifique.

- C'est tellement beau.

- Et tu sais ce que l'on peut faire aussi? Me posa Edward.

J'haussa les sourcils, intriguée lorsque soudain il se mit à hurler à plein poumons. Je fis un petit bond sur le côté, surprise de la puissance de sa voix. Edward me regarda, m'encourageant à faire de même. Je ria nerveusement, il n'en était pas question. La honte et la gêne ne me le permettaient pas.

- Vas-y, Ailey!

- Non, je...

Cela fait un bien fou, je t'assure!
Edward semblait si convaincant que je m'en voulus de ne pas essayer. Je descendis un peu, histoire de ne pas être devant lui et surtout, afin d'être dos à lui. Je pris une grande inspiration, fermas les yeux puis hurla à plein poumons. Mes poings serrés, mon corps tremblit sous la force de mon cris. Il avait raison, cela faisait un bien fou, je me sentis soudainement plus sereine comme vidé de tous mauvais sentiments. Je ria devant sa mine effrayée qu'il arborait pour se moquer gentiment de moi.

- Alors, Edward...

- Appelles-moi, Eddie, je préfère, m'interrompa-t-il.

- D'accord, souriais-je contente qu'il veuille qu'on soit plus proche. Alors, Eddie, tu emmènes souvent des filles ici?

- La plupart n'aurait pas fait un mètre dans cette boue, ria-t-il.

- Sans parler du cris...

- Je les aurais fait fuire!

- Mais pas moi!

Je me planta devant lui, fière. Eddie se rapprocha de moi, son visage crispé par les rire se changea en un regard plus doux et...affectueux. Mon coeur semballa lorsque ses doigts frolèrent mon visage afin d'y retirer une mèche de cheveux rebelle. Je ne le quitta pas du regard, ses yeux verts plongés dans les miens.

- Non pas toi...

Oh aller, Eddie, brise l'espace qui nous sépare, songeais-je alors que ses yeux faisaient des allers-retours entre mes yeux et mes lèvres. Sa main descendit de mes cheveux et frola mon avant bras avant de me prendre la main du bout des doigts.

- Ailey, je...

Soudain, une sonnerie de téléphone brisa ce moment intemporel. Eddie s'éloigna un peu de moi avant de s'excuser et de décrocher. C'est pas vrai!

Q Qu'est-ce-que tu regardes, toi? Fis-je à un mouton dont le regard m'avait l'air moqueur.

Ce moment allait rendre notre relation plus étrange et tendue qu'elle ne l'était déjà. Je devais faire quelque chose. Je me mis à chercher lorsqu'il revenu près de moi.

- Ce...c'était ma mère, le dîner est servit...m'informa-t-il tout en se rendant compte de sa phrase.

C'était comme si notre mère nous avait appellé pour le dîner et que nous étions redevenus des enfants. Je profita de ce retour dans le temps.

- Le premier à la maison! Le défiais-je en m'encourant vers le bâtiment.

La pente était plus pentue que je ne le pensais, mes jambes couraient tellement vite que je pouvais tomber à tout moment. Eddie me rejoignit bien assez vite. Nous avions l'air de deux enfants entrain de jouer en riant. Mais n'était-ce pas un moyen comme un autre de dissimuler ce qu'il y avait entre nous? Car je l'avais sentis, il n'y avait pas que moi qui ressentais quelque chose envers lui. Edward aussi ressentait quelque chose pour moi, je l'ai vu dans ses yeux.

~Un Noël chez les Redmayne~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant