Cette lettre, je la regarde.
Encore et encore.
Le temps semble s'écouler à une vitesse supérieure à celle du temps de réaction de mon corps.
C'est comme si j'étais figé, telle une sculpture pétrifiée par Méduse.
Tel un glaçon sur une banquise.
Telle une minute correspondant à un temps terriblement plus long dans un autre espace-temps.
Je suis là, assis, derrière la table de la salle à manger, derrière notre table, et je regarde.
Je ne regarde pas le vide non, je la regarde.Je regarde la lettre.
Cette lettre qui me nargue,
Qui me nargue en me rappelant mon échec.
Cette même lettre qui contenait un poignard dissimulé sous l'encre et l'écriture délicates,
Ce même poignard qui n'a pas mis longtemps à me transpercer de toutes parts en insistant bien sur le cœur mais en laissant mon cerveau intact, m'obligeant ainsi à être conscient. Conscient de ce que j'avais fait, de ce que j'étais devenu, de qui j'étais devenu. Mais aussi conscient de la douleur que je ressentais et que je risquais de ressentir toute ma vie.Ce poignard est bien plus douloureux que les 23 coups de poignards qui ont tué Jules César le 15 mars -44.
Cette lettre, elle représente pour moi un cauchemar devenu réalité, ma réalité.
Elle représente ce que je suis devenu, le monstre que je suis.
Quelle est votre plus grande peur?
Votre plus grande phobie?
Les araignées?
Le vertige?
Les haricots? (Pourquoi pas?!)
Comparez-la à cette lettre et vous en oublierez vite vos anciennes craintes.
Lisez-la et vous frissonnerez d'angoisse.
Comprenez-la et vous n'en sortirez pas indemnes.Je tends la main vers ce papier délicat, comme elle, et l'attrape dans mes mains tremblantes.
Tremblantes de peur.
De peur de réaliser que ce que je pensais être écrit sur la lettre l'était vraiment.
De peur de devoir accepter encore une fois mon échec.
De peur de réaliser encore une fois ce que je suis devenu.
De peur de devoir accepter ce que je lui avais fait sans m'en rendre compte.Après 5 longues inspirations et expirations, j'ouvre l'objet de toutes mes craintes.
J'ouvre mes yeux, fermés jusqu'ici et les pose sur la lettre.
Tout me revient d'un coup dans la gueule.
Tel un boomerang qui nous revient en pleine face quand on essaie de le lancer loin de nous.
Tel un vent de face, d'une puissance sans égal, qui nous fige sur place.
Telle une douche froide qui nous réveille d'un coup.
Telle une gifle qu'on se prend en pleine gueule et qui nous bloque.
Qui nous bloque car le coup est si violent et douloureux qu'on en perd notre souffle. On en a littéralement le souffle coupé.
Je suis là, bloqué, à essayer de contrôler ma respiration, les larmes qui se nichent dans mes yeux, et les sanglots qui se préparent déjà à sortir.Oui un homme qui pleure! Quelle honte vous me direz! Eh bien non, je ne trouve pas. Pleurer n'est pas un signe de faiblesse, c'est au contraire une preuve de force et une preuve de mon humanité. La preuve que je ressens des choses et que mes sentiments pour elle sont plus que sincères. Pleurer exprime tout ce que les mots ne pourront jamais dire. C'est un moyen de communication qui dépasse les mots, qui dépasse le langage humain. On pleure quand on ne sait plus comment formuler la douleur qu'on ressent. Ici, ce ne sont pas de simples pleurs, non ici, ce sont des larmes amères, plus douloureuses que tout ce qu'on peut imaginer. Des larmes qui viennent de mes tripes, que mon cœur lui-même a laissées couler. Ces larmes sont bien plus vraies que n'importe quels sanglots, n'importe quels pleurs. Parce que ces larmes, ces larmes, elles contiennent tout, absolument tout. Et je n'ai pas honte de pleurer parce qu'ici, je veux montrer au monde entier à quel point je souffre. A quel point je me hais. A quel point je suis le pire des imbéciles que le Monde ait connu. Je veux montrer à quel point je sais que TOUT, absolument TOUT est de ma faute, et uniquement de la mienne. Si j'avais su...
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Et si...
Roman d'amourPour vous, c'est quoi l'histoire d'amour par excellence? Une rencontre "inattendue"? Des conflits? De la haine laissant peu à peu place à l'amour? Et puis, le bonheur absolu? En gros, le beau temps après la pluie? C'est ce que je pensais aussi et ce...