Chapitre quatre : Violence et désir nouveau

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"Une lumière aveuglante, qui se faufile entre mon côté raisonnable et celui déraisonnable.
Un faisceau puissant, plus fort que ma raison, plus fort que mon contrôle intérieur.
Un rayon lumineux, plus fort qu'un rayon x ou qu'un UV, plus fort que le soleil lui-même.

Un flashback.

Un flashback aveuglant, prenant possession de mon corps, me paralysant.

Des flashbacks se succèdent, créant un brouhaha d'informations confuses dans ma tête, lourde, douloureuse, épuisée. Je n'arrive plus à penser correctement. C'est comme si mon cerveau était en mode off, disloqué, et qu'il se laissait guider par mes émotions, contradictoires, seules maîtresses de ce corps endolori, souffrant, en agonie.

J'ai envie de sourire et de pleurer, de rire et de hurler.

J'ai envie de changer le cours des choses, de tout recommencer, et en même temps, de tout garder comme c'est, je ne mérite tout de même rien de mieux...

Je suis paradoxalement confus.

J'ai beau essayer de me remémorer uniquement les bons flashbacks, les mauvais arrivent toujours à trouver une faille et à y entrer, rouvrant mes pires blessures au passage, et m'achevant toujours un peu plus.

Et quoi que je fasse, la fin est toujours la même, inévitable, insupportable, meurtrière. La fin est toujours identique, sombre reflet de mes erreurs.

Cette fin qui dit que je t'ai perdue. Pour toujours et à jamais.


Ta relation avec ton père se dégradait de jours en jours. Tu passais tous les week-ends chez moi, et souvent, quelques jours de semaine. C'était ma mère qui avait proposé cela et tu n'avais eu d'autre choix que d'accepter, pour ton plus grand désarroi n'est-ce pas?

"-Il m'est venimeux, toxique. Comme une matière à laquelle on réagit et qui pourrait nous être fatale si on ne s'en soigne pas à temps. Cette matière, c'est mon père. Je n'arrive pas à croire que je puisse parler de lui ainsi... J'aimerais que ce soit faux. Vraiment, je le voudrais tant mais pourtant, j'ai ce besoin de m'éloigner de lui, de couper court, de... Je n'y arrive plus Sam'. Mon père est devenu invivable! En plus, il est ivre quasiment tous les jours... J'ai peur Sam', tu te rends compte? J'ai peur de mon père! Putain, j'ai peur de lui, de mon père, mon père putain! J'ai peur qu'il me fasse du mal, qu'il se défoule sur moi... Il est tellement violent quand il a bu. Je devrais plutôt me sentir en sécurité chez moi non? A la place de cela, j'ai peur. Peur de rentrer des cours et de le voir, violent, saoul et en colère, prêt à se défouler sur sa fille... J'ai peur de passer du temps dans cette baraque parce que je ne m'y sens plus chez moi. Pas avec mon père imprévisible et incontrôlable. Avais-tu dit, éclatant en sanglots dans mes bras, un samedi soir où tu étais chez moi.

Ces paroles. Ce sont ces paroles qui déclenchèrent tout. Ce sont ces paroles qui furent l'origine des causes de ton arrivée presque permanente dans cette maison. Ce sont ces paroles qui me firent réaliser à quel point tu étais potentiellement en danger, et à quel point tu allais mal. J'ai réalisé que je devais encore plus te protéger qu'avant. J'ai réalisé qu'à tout moment, je pourrais te perdre et que je n'y survivrais pas. Nous sommes complémentaires. J'ai besoin de toi. J'ai réalisé, encore une fois, à quel point tu m'étais indispensable, à quel point tu étais la seule chose qui me donne envie de vivre! Je vis pour toi, grâce à toi, et je pourrais mourir pour toi, je mourrai sans toi, c'est une certitude.

Maya, j'ai mal.

Apprends-moi à vivre sans toi sans que ça ne me soit fatal. Apprends-moi à accepter cette situation. Apprends-moi à moins t'aimer. Parce que, actuellement, je t'aime encore plus qu'avant, toujours plus, indéfiniment plus, irrémédiablement plus. Apprends-moi à me faire à cette idée, à cette fin.  Apprends-moi à être nostalgique de nous deux et non mélancolique. Apprends-moi à ne pas pleurer dès que je vois une photo de nous, ou dès que je relis ta lettre. Apprends-moi à m'aimer, quand tu n'es pas là. Apprends-moi à accepter le reflet de cet homme qui me dégoûte tant quant je me regarde dans le miroir. Apprends-moi à moins me haïr, à moins avoir envie de casser mon reflet dans le miroir, pour ne plus jamais m'y voir. Apprends-moi tout cela. S'il te plait. Et je t'apprendrai tout ce dont tu as besoin. Apprends-moi à être bien, même quand je n'ai plus de raison d'aller bien. Apprends-moi à découvrir qui je suis quand je suis sans toi. Je ne veux pas devenir comme ton père, vraiment pas. Pour toi, je ne le deviendrai pas. Parce que je ne pourrais jamais te faire ça. Tu mérites mieux qu'un ex, argh ce mot me dégoûte et sonne tellement inconnu dans ma bouche, je disais donc, tu mérites mieux qu'un ex alcoolique, en peine irréparable d'amour. Je suis un repenti, je vais y arriver non? Rassure-moi et dis-moi que tout ira bien, que tu iras bien... Apprends-moi à croire qu'il est possible d'aller bien sans toi. Et jure-moi que tu es et seras toujours heureuse, même sans moi.

Et si...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant