Chapitre 1 - Pris à la gorge (Partie 1)

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Bonjour à tous, je vous présente le premier chapitre de Tales of Makh'Amnan. Chaque chapitre sera divisé en 3 ou 4 parties que je publierais une fois par semaine. N'hésitez pas à me donner votre avis, à être critique et franc c'est seulement comme cela que je pourrais progresser. 

Je vous remercie d'avoir cliqué sur mon histoire et je vous invite à me suivre dans ce monde qui, je l'espère, vous plaira.


Chapitre 1 - Pris à la gorge

Partie 1


Un éclair pourpre s'éleva sans un bruit. Il se refléta dans les milliers de facettes constituant la grande tour de cristal, les faisant passer par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel dans une pluie d'étincelles d'une incomparable beauté. Il jaillit dans la nuit, éclairant la ville un bref instant dans une gerbe de lumière. Un œil attentif aurait à peine eu le temps de distinguer les trois cercles concentriques qui formaient la grande Makh'Amnan. Chacun isolé derrière un immense mur. Deux artères traversaient la cité de part en part. Elles constituaient le seul moyen de passage de l'une à l'autre et les portes entre les quartiers étaient protégées avec une extrême prudence. Cette puissante cité était souvent considérée comme étant le centre névralgique de l'Empire d'Haleron. Le terrain duquel elle s'était élevée était pour le moins singulier. La ville se trouvait au milieu d'un formidable cratère d'où serpentaient de profondes failles, aujourd'hui utilisées comme routes pour la rejoindre. Tout autour, des montagnes aussi hautes que menaçantes la défendaient. On aurait dit qu'elle était apparue là, dans une gigantesque explosion, pulvérisant les monts alentour et fissurant l'écorce terrestre.


L'imposante tour des mages se trouvait au centre de la ville et servait de lieu de vie, de travail et de culte à ces individus d'une incroyable puissance. De nombreux maîtres et apprentis allaient et venaient dans les couloirs à toutes heures du jour et de la nuit. Au plus haut, un groupe de huit, les plus anciens d'entre eux veillaient. Une fois par heure, ils libéraient leur surplus de magie dans les airs, créant ainsi cette sublime scène qui s'était déroulée quelques instants auparavant. Eux seuls semblaient comprendre l'intérêt de cette tâche à laquelle ils se livraient sans relâche.


A ses pieds se trouvait le quartier des affaires, autrement dit, le lieu le plus riche, prospère et pompeux du monde connu. Des cristaux de mana rougeoyant de la plus grande pureté éclairaient de leur lumière chaude les pavés blancs. Les carrosses se succédaient, rivalisant d'ornementation, de joyaux et de runes magiques.


Au-delà du luxe et du matérialiste viscéral imprégné de luxure se trouvait le vrai cœur de Makh'Aman, le troisième cercle, le plus excentré, le plus vaste et le plus pestilentiel. Les bâtisses aux toits recouverts d'ardoise étaient collées les unes aux autres, de nombreuses ruelles veinaient les amas de briques noircies par le temps. Aux habitations se mêlaient les auberges et les rares échoppes qui parvenaient à survivre. Ce que l'on pouvait y acheter n'avait rien à envier au grand marché en matière de fantaisie et d'invraisemblance. Les chances de mettre la main sur quelque objet non dangereux ou même légal étaient proches de zéro. La bourse d'un étranger ne faisait pas long feu dans ces quartiers. Pourtant, la vie pouvait y être agréable du moment que vous sachiez manier la dague.


C'est ici que résidait Estella. Du haut de ses quatre-vingt-dix centimètres, cette charmante gnomette ne craignait rien et dirigeait l'une des bandes de vauriens les plus prolifiques du quartier nord. Ses belles boucles rose pâle, ses yeux bleus et son visage angélique masquaient en réalité une combattante hors pair et une maîtresse dans l'art du déguisement. Elle détalait après avoir chipé une bourse à un marchand peu attentif. Ses pas, d'ordinaire presque inaudible sur les pavés, étaient aujourd'hui entièrement étouffés par le bruit de la pluie qui tombait à verse. C'est les cheveux plaqués sur les joues et de l'eau dégoulinant sur le sol qu'elle poussa la porte de l'auberge du Veau qui tète.


Elle se dirigea d'un pas décidé vers une table, s'assit et héla le jeune homme qui assurait le service. Elle le regarda d'un air amusé se mouvoir vers elle en zigzaguant entre les bancs et les bras qui se balançaient dans tous les sens. Haroldd courait, esquivait, effectuait de magnifiques pirouettes pour éviter les coups et les projectiles sans renverser la moindre goutte de boisson. Il maitrisait à la perfection l'équilibre de son corps élancé. Cela faisait maintenant plus de dix ans que le jeune homme travaillait et vivait ici. Sa tignasse argentée et sa teinte de peau virant sur le vert le rendaient facilement reconnaissable et lui avaient valu des années de souffrance dans les bas quartiers de la ville. Il avait finalement été recueilli par Bjorn, le tenancier du Veau qui tète et sa femme Marthe qui avait rapidement pris un rôle maternel. Ici, personne n'osait contester l'autorité du patron, il imposait le respect par sa carrure impressionnante, sa barbe noire hirsute ainsi que l'énorme hache à moitié dissimulée sous le comptoir. Son visage creusé, parsemé de cicatrices témoignait d'un passé violent qu'il n'évoquait que rarement. Mais malgré cette apparence peu amène, c'était son abnégation et sa joie de vivre qui le caractérisaient le mieux.


Il n'y avait qu'une auberge qui acceptait les nains dans tout Makh'Aman et Bjorn était fier de la posséder. C'est donc tout naturellement qu'il avait pris sous son aile son jeune protégé. Ses origines sylvaines transparaissaient sous ses traits singuliers, mais ni ses yeux jaunes ni ses oreilles effilées ne l'avaient inquiété. D'où venait-il ? Aucune importance du moment qu'il travaille bien, répondait-il d'un ton bourru à quiconque lui posait la question.


La pluie torrentielle qui s'abattait sur la ville cette nuit-là avait conduit un grand nombre de voyageurs à venir s'abriter à l'auberge et il n'y avait plus un seul siège inoccupé. Bjorn sera content, pensa Haroldd en souriant légèrement. Il déposa les deux chopes d'hydromel et repartit d'un pas léger prendre une autre commande. Il s'arrêta quelques instants devant la cheminée et réchauffa ses mains engourdies par les heures de labeur. Il jeta un regard circulaire dans la salle. Sous les poutres noircies se dressaient une vingtaine de tables, immenses, en bois brut. Une rangée de bancs de chaque côté permettait aux clients de s'asseoir. Quarante-sept torches éclairaient l'assemblée. Il y en avait encore quarante-six une semaine plus tôt, mais Marthe avait décidé d'en installer une nouvelle, sous le regard désespéré d'Haroldd qui voyait là un ajout de travail à fournir alors qu'il devait allumer et éteindre chacune d'entre elles tous les jours.


Au moment où il repartait servir des clients, la porte s'ouvrit avec fracas et un étrange homme encapuchonné entra en titubant. Sa cape d'un bleu profond recouvrait son corps et son visage était dissimulé sous le tissu. Un éclair violet le suivit de près, faisant voler en éclats l'encadrement de la porte et projetant l'inconnu sur plusieurs mètres.


Il s'écrasa contre le comptoir et retomba aux pieds d'Haroldd. Celui-ci, paniqué, regarda autour de lui, les bancs se trouvant près de l'entrée étaient réduit en miettes. Des taches rougeâtres recouvraient le sol, les cadavres des clients les plus proches de la source de l'explosion ainsi que des membres arrachés étaient disséminés aux abords de l'ouverture béante. Avant que le jeune home n'ait pu réaliser l'horreur qui se déroulait sous ses yeux, une douleur aigüe lui transperça la gorge, il la saisit à deux mains en tombant au sol. Sa vision se troubla, il sentit une force incroyable le soulever de terre et le cacher derrière le comptoir.


Une voix profonde, impérieuse surgit de l'encadrement détruit.


« Où est-il ? Où est l'artefact ? 


    Un cri inhumain jaillit, accompagné d'un craquement sinistre, puis le silence...

L'Ombre de Makh'AmanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant