Epilogue

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Aujourd'hui je suis enfermée, emprisonnée dans un centre psychiatrique.

J'ai tout perdu : ma famille, mon travail et à priori, à ce qui en est sorti à la fin de mon procès, ma raison.

Mais il n'en est rien. Je sais que je ne suis pas folle. Je sais que j'ai tué un monstre pour ma survie. Que non, ce n'est pas moi le monstre de cruauté qui s'en est pris à une de mes collègues.

J'ai été seulement ébloui, un jour, par une force, un charisme, une présence aussi forte et chaude que le soleil ; d'ailleurs je me suis brûlée et me voilà sous les verrous d'une chambre blanche molletonnée.

Les gens d'ici m'ont permis d'avoir de quoi écrire. Ils me disent que c'est bon pour moi, que c'est un sain exercice. Au début je ne savais pas trop quoi noter, je ne représentais que de petits dessins. C'était comme de l'écriture automatique, je dessinais sans réfléchir.

Et puis un jour, je revis en songe le joli coupe-papier argenté. Il était beau, éclatant et parsemé de gros rubis. Donc je me mis à repenser à l'objet. De l'endroit où je l'avais vu pour la dernière fois : planté dans le corps sans vie de la plus belle femme que je n'avais jamais vu. Et puis son souvenir ne me quitta plus. Tous les jours je me revoyais avec ce bel objet dans les mains. Il était magnifique, chaud, je le sentais presque palpiter dans le creux de mes mains.

Ils m'ont dit là-bas où je suis à présent, que mon cas ne s'arrangeait pas. Que la demande de révision de mon procès pour plaider la folie passagère n'allait pas aboutir. Tout le monde me disait qu'il fallait que je fasse un effort, que je retrouve la raison. Mais j'ai raison ! Je le sais, je le vois le coupe-papier ! Mais eux, ils ne le voient pas...

Alors en derniers recours, ils m'ont demandé d'écrire une lettre, pour prouver que je suis « saine d'esprit », comme ils disent. Ils m'ont demandé de raconter mon histoire, que j'ai été sous le coup d'un burn-out, que j'ai été sous pression et que c'est mon travail qui m'a fait faire n'importe quoi. Mais je le sais bien moi, que ce n'est pas la vérité. J'ai été seulement subjugué par la beauté d'un soleil trop brûlant. Et je n'ai jamais vécu rien de plus beau que cette brûlure.

Mais je fais ce qu'on me dit aujourd'hui. Je prends des cachets à heures fixes, je dors à heures fixes, mange, chie, parle à heures fixes... C'est contraignant, mais c'est comme ça.

Donc, à vous qui me lisez, je vous raconte une histoire.

Enfin, mon histoire.

Celle qui a fait que j'ensuis là, à écrire, l'histoire du jour où ma vie a basculé.

Le début, le milieu, la finOù les histoires vivent. Découvrez maintenant