Ce matin-là je me levai en courant comme d'habitude. Descendre les escaliers deux par deux, aller directement vers la porte d'entrée sans même avoir le temps de prendre le petit déjeuner, c'était la course contre le temps. Je savais que j'allais arriver en retard en cours mais je courais quand même, juste pour arriver en même temps que Christopher. C'est mieux, quand tu n'arrives pas à l'heure, d'arriver avec quelqu'un ; comme ça tu n'es pas la seule à être ridicule.
J'attrape le bus et je reste débout à contempler à travers la vitre de la porte, pour regarder les voitures, les personnes qui se mettent en colère à cause des bouchons. Mon premier plaisir de la journée. Ma musique à fond pour ne pas entendre les voix des personnes ordinaires qui me faisaient mal à entendre. Toujours des critiques et reproches, elles n'ont pas de vie ou quoi ? Quand j'arrive à l'école, je le vois ; il me salue de la main comme chaque matin. Nous essayons d'entrer sans faire de bruit, mais Monsieur le Principal est toujours là. Il nous attend pour nous faire un sermon, le même qu'hier, avant-hier et tous les autres jours depuis la rentrée. Nous constations qu'il aimait ça, car à la fin il faisait son rire malicieux. Ennuyant comme tout, était Monsieur le Principal.
C'était passionnant de perdre tout le cours de sport. Qui peut aimer ça ? Quelqu'un qui n'a rien à faire d'autre. Chaque fois, pour passer le temps avant la classe suivante, nous allions à la salle de musique pour jouer et chanter quelques chansons de My Chemical Romance. Normalement la salle était fournie d'instruments de musique, des chaises d'auditoire, celles qui ont une demi-table accrochée. Elles étaient disposées tout autour de la salle sauf du côté droit, car là-bas il y avait un tableau noir avec une portée. Au fond de la salle deux fenêtres nous montraient des montagnes. C'était un moment sublime ou nous pouvions nous détendre et ne pas penser aux idiots qui vivent avec nous, avec qui nous devons partager nos journées. Après cette heure nous avions un cours d'art plastique où nous passions le temps à écouter la vie du professeur en même temps que nous travaillions à notre dessin. Nous devions dessiner des tatouages maoris sur une All Star haute. Dessiner en noir, le bonheur.
La matinée passait tranquillement jusqu'à midi trente, l'heure du repas ; le moment de se détendre. Dans la cour immense, à droite, vers la zone la plus éloignée du bâtiment, il y a un terrain de basket ; au centre, vers le gymnase, dans une baie vitrée, il y a quelques tables de pingpong. Tout autour de la cour il y a des bancs gris en fer accrochés au sol parce que nous lancions notre rage contre les bancs et nous les renversions et les cassions. C'était notre façon à nous d'arracher ce que nous avions au dedans. Pour éviter que nous puissions détruire les bancs, ils les ont changé, mis des plus résistants. Nous nous asseyions par terre dans un coin de la cour, à gauche, le plus loin de toute la foule possible, afin de regarder sur l'ordinateur portable des vidéos de personnes qui se coupent le bras, se laissent des marques à vie. Manger à toute vitesse nos sandwiches et retourner en cours. L'après-midi passa très lentement comme d'habitude. Je passais mes cours à écrire des phrases tristes sur un cahier et à les chiffonner comme si je ne les aimais pas.
Le soir à la maison je m'enfermai dans ma chambre et m'allongeai sur le lit à écouter de la musique et laisser le temps s'écouler. Chris et moi détestions ce lycée, cette ville, ce pays, ce continent, la Terre. Nous voulions vivre dans un monde où nous serions acceptées pour qui nous sommes.
Je me suis endormie et comme toutes les nuits je rêvai la même chose :
«
- Le début peut commencer d'une façon précise, mais seulement la suite dira comment tout va se dérouler ; donc, ne te méfie jamais des commencements. Dans la vie tu vas voir des choses qui vont te perturber, des choses qui vont te faire croire que tout est de cette manière précise, tu te tromperas une et une autre fois. Autant de fois qu'il faudra pour que tu comprennes que la vie est pleine de surprises. – La femme disait sur la scène par le haut-parleur.
Tout le monde applaudissait. A la fin du spectacle la dame, qui semblait avoir une quarantaine d'années, et qui était musclée, vêtue en blanc comme toutes les autres personnes qui avaient assisté à ce speech partit accompagnée de deux homes dans un vaisseau en forme de boule.
Ensuite je pouvais voir quelque flash d'une tour blanche très fine avec une boule au bout qui n'arrêtait pas de tourner. »
Quand je m'endormais personne ne me réveillait pour que j'aille souper. Le réveil sonnait ; tous les matins étaient les mêmes, l'un après l'autre.
Ce jour-là, tout était différent : la salle était vide. Il y faisait froid, tellement froid que les fenêtres étaient glacées. Nous ne pouvions pas croire ce que nous étions en train de voir, donc nous sommes entrés dans la salle. Le froid prit possession de nous et nous attrapa là où nous nous trouvions. Nous essayions désespérément de bouger, mais c'était impossible, c'était comme si nous avions été transformés en statues gelées. Il avait suffi de quelques secondes pour que le froid nous fasse perdre connaissance.
Sans savoir combien de temps après, nous nous sommes réveillés au milieu de nulle part. C'était étonnant.
– Comment sommes-nous arrivés ici ? – Aucune réponse de sa part. Il ne bougeait pas.
Soudain la peur s'empara de moi ; peu à peu elle prit tout le contrôle. Je paniquais car je ne savais pas quoi faire. J'ai essayé de le ranimer, mais rien. Je perdais l'espoir qu'il se réveille.
Tout à coup un vaisseau s'approcha de nous et... Comment dirai-je ? Je voyais une ambulance qui volait. Quelque chose sorti d'une autre planète.
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L'illégal
Science FictionImaginez que vous n'êtes pas accepté dans la société et que en plus c'est illégale d'être qui vous êtes.