(Tome 2) Chapitre 15

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Je relevai ma tête vers lui, et il posa son front contre le mien. Je le regardai dans les yeux, et prise d'un élan de courage je pressai doucement mes lèvres contre les siennes. Il continua de me faire danser tout en gardant ses lèvres contre les miennes, mais nous fûmes vite interrompus par un raclement de gorge.

-Ilia...

Je me tournai, et faillis faire un arrêt cardiaque.

Il était là, plus beau que jamais. Il était venu pour mon anniversaire. Et il se manifestait après deux ans et demi, alors que j'essayais justement de l'oublier.

Mais, c'est impossible.

Impossible d'oublier le plus grand amour que nous n'ayons jamais eu.

Qu'il ait duré une semaine, deux mois, trois ans, ou toute une vie. 

Je le regardai fixement, abandonnant à contrecoeur les bras de Joseph, et me dirigeai vers lui. Ma démarche était lente, comme si je pensais avoir vu un mirage, mais intérieurement je bouillonnais. Tous les sentiments refoulés depuis deux ans remontaient à la surface: la haine, la douleur, la colère, la rage, la tristesse, l'amour. Tout ceci remontait, et c'était un très mauvais mélange. 

Il me souriait, et j'avais les larmes aux yeux. 

Il ouvrit ses bras afin que je vienne m'y réfugier, à la place je lui mis une gifle qui résonna malgré la musique. 

Certaines personnes s'étaient retournées vers nous, mais mon regard restait fixé sur lui. Cet homme qui m'a autant fait souffrir que sourire. Cet homme que j'ai pu autant aimé que détester. Il était là, devant moi. 

Il se redressait lentement, et me regardait de toute sa hauteur. Quant à moi, je me retenais de lui sauter à la gorge. Joseph, qui avait compris mon mal-être, vint à ma hauteur et posa son bras autour de ma taille. Je posai ma tête sur son épaule, et laissai couler une larme que je retenais depuis l'arrivée de Nathaniel. 

Il nous regardait à tour de rôle, et serrait les poings. 

-Je pense qu'il faut qu'on parle, lâchai-je de but en blanc. 

Je venais de dire ça sans réfléchir. Bien sûr qu'il fallait qu'on parle, mais à presque trois heures du matin ce n'était pas forcément le plus adapté. Et encore moins aux alentours d'une boîte de nuit de Los Angeles. Surtout qu'une quantité d'alcool légèrement haute coulait dans mes veines, et que je savais qu'il y avait de fortes chances que je succombe une nouvelle fois de plus à son charme, son sourire et ses cheveux en bataille.

-Oui, il faudrait qu'on parle, dit-il d'une voix lasse.
-Ca attendra demain, ce n'est pas forcément le bon moment là, vois-tu?

Il acquiesça, et voulut me prendre dans ses bras, mais je le repoussai.

-Pourquoi me repousses-tu? Je sais que tu veux sentir mes bras autour de toi.
-Peut-être bien oui. Mais trois ans! Tu m'as laissé pendant trois ans sous prétexte que tu ne te sentais pas prêt à avoir un enfant! C'est l'hôpital qui se fout de la charité Nathaniel! Tu veux être père, j'arrive finalement à porter ton enfant et tu fuis comme un lâche! Alors même si je voulais être dans tes bras Nathaniel, je n'irais pas. J'ai trop souffert par ta faute, j'ai peur d'aimer par ta faute. Alors, non je ne veux pas de tes bras autour de moi.

Il baissa la tête, et je crois même l'avoir entendu renifler.

-Bien, dit-il en relevant la tête. Je comprends, je t'ai fait souffrir et tu m'en veux. Mais, Danielle m'avait monté la tête. Elle me disait que tu n'étais avec moi que pour la notoriété, que tu ne m'aimais pas vraiment, et-...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que ma main atterrit à nouveau sur sa joue, mais plus fortement. Je pleurais toutes les larmes de mon corps à présent.

-Tu as préféré croire ta collègue, à ta petite-amie? Sérieusement?
-Tu me déçois de plus en plus, dit Joseph.

Nathaniel hocha la tête et soupira.

-Bien, je vois... On pourrait se voir demain, pour qu'on puisse parler calmement?
-Parce que là je ne suis pas calme peut-être?
-Je n'ai pas dit ça Ilia, mais ce n'est ni l'heure, ni le lieu. 

Il sortit une boîte carré en velours rouge, et me la tendis. 

-C'est un de tes nombreux cadeaux d'anniversaire. Acceptes le, s'il te plaît. 

Je regardai l'heure, et souris. 

-Dommage pour toi, il est trois heures du matin. Autrement dit, l'échéance est passée depuis trois heures. Mais ne t'en fais pas, tu pourras toujours me le redonner dans trois-cents soixante quatre jours. 

Joseph étouffa un petit rire tandis que Claire éclata de rire, incitant Daniel à rire avec elle. 

-S'il te plaît, Ilia. Prendre ce cadeau ne te coûte rien, et ne t'engage à rien. Et de toute façon, si tu ne le prends pas maintenant, tu le prendras quand nous nous verrons. 
-Toujours aussi borné à ce que je vois... Ce n'est pas Danielle qui t'a aidé à choisir au moins?
-J'ai coupé tout contact avec elle le jour où j'ai appris qu'elle m'avait manipulé.

Je hochai la tête sans grande conviction. 

-Bon. Demain, 13h devant le café à l'angle de Palm Street. 
-J'y serais, merci de m'accorder une discussion. 

Il s'approcha de moi, et m'embrassa sur la joue, puis recula. 

-Les gars, je voulais m'excuser pour tout. Et pour le comportement qu'a pu avoir Danielle auparavant. Je sais que c'est à elle de s'excuser, mais je le fais à sa place, parce que c'est en parti à cause de moi qu'elle agissait comme ça. Comme quoi l'amour peut faire faire des choses de dingue, soupira-t-il.

Puis il s'approcha de Joseph et l'emmena à part. Ils parlèrent un peu, et je pus voir que Joseph se détendaient petit à petit, et qu'il souriait presque. Nathaniel, lui, souriait tristement, puis franchement, et il finit par faire une accolade à son ancien collègue. 

Daniel restait sur ses gardes, et je pouvais clairement voir sur le visage de Claire qu'elle avait envie de lui sauter au cou pour l'étrangler.

Après quelques minutes, Nathaniel se décida à partir. Il regarda en ma direction, me sourit légèrement, et partir de la discothèque. 

Moi? Je restai là, le regard dans le vide, en pensant que j'avais fait une belle connerie en acceptant de lui donner rendez-vous le lendemain. 

Dangerous ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant