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DIX ANS PLUS TARD, PDV WILLOW.

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— Maman, je t'avais dit que je voulais pas venir!

— Tu fais un effort! Ce n'est pas tous les jours que nous allons rendre visite à Nathaniel, il est débordé et tu le sais tout autant que moi.

— Oui bah justement, c'est ton ami d'accord, mais je suis pas obligée de venir. Puis votre relation est louche, c'est malaisant. Et puis sa fille me perturbe au plus haut point.

— Pourquoi elle te perturberait? Elle est plus jeune que toi de trois ans.

— Oui, encore pire. Elle est constamment après moi! Je l'aime bien, mais je ne vais pas non plus passer mes journées avec elle. On a pas les mêmes passe-temps.

— Vous aimez les mêmes musiques par contre.

— Ah bon?

— Oui, je sais que tu écoutes beaucoup de chansons datant d'il y a plus de dix ans, et que j'écoutais, et elle aussi.

— Ah. Mais c'est pas une raison suffisante pour que je fasse amie-amie avec elle constamment.

Ma mère soupire et finit de préparer la glacière. Aujourd'hui, vu qu'il fait beau et que ça fait un certain temps que nous n'avons pas vu Nathaniel et sa famille, nous partons pour la plage. C'est franchement génial.

J'aurais préféré rester devant chez moi, à lire, écouter de la musique, et faire de la balançoire dans notre jardin. C'est une habitude que j'ai depuis petite: lorsque quelque chose me tracasse, ou que je ne sais pas quoi faire, comment réagir, je vais sur ma balançoire et j'en fais, tout en chantant un peu.

Et c'est exactement ce qu'il m'arrive en ce moment. Ma dernière année de lycée se passe plutôt bien pour le moment, je n'ai pas à m'en plaindre, mais la dernière fois j'ai reçu un message. D'un numéro que je ne connaissais pas. Qui disait vouloir jouer avec moi. J'en ai parlé à mon meilleur ami, qui ne sait pas quoi me conseiller. Ma meilleure amie, elle, me dit de faire ce que j'ai envie de faire. Et je sais que si j'en parle à ma mère, elle va me dire de me méfier. Je suis seule sur ce coup-là.

Je sors de ma rêverie lorsque ma mère me demande de l'aider à tout emmener dans la voiture, et je lui prends la glacière ainsi que le sac d'affaires des mains.

— Dis donc Willow, d'où puises-tu toute cette force? Elle me demande en ricanant.

— Tu sais, la musculation ça aide à rester en forme. Et ça donne des muscles et de la force. Oh, et une alimentation saine aussi, ça aide énormément.

Elle rit à gorge déployée, et va se placer du côté conducteur. Je la rejoins après avoir récupéré mon sac, mon téléphone et mes clés, et fermer la porte à clé. Je m'attache, et elle démarre.

Après quelques minutes de route durant lesquelles aucune ne parlait, je prends la parole.

— Dis maman, tu crois qu'ils sont heureux là où ils sont?

Je faisais référence à mon père et mon petit frère, qui nous ont quittés brutalement il y a quelques mois de ça. Mon père avait emmené Dale, qui avait sept ans, à un match de hockey sur glace un soir, et sur la route du retour un conducteur de camion, totalement ivre et drogué, est rentré dans la voiture de mon père, du côté conducteur, d'une telle force que la voiture n'était plus qu'un amas de tôle. Impossible de récupérer les corps, ils étaient non identifiables tellement le choc était violent. Le conducteur du camion, qui a été le moins salement amoché, est quand même décédé quelques heures après son admission à l'hôpital. Tant mieux pour lui, parce que je crois que j'aurais essayé de le tuer de mes propres mains.
Depuis la mort des deux hommes de ma vie, je suis devenue un amas de colère et de haine, de dépression et de tristesse. La joie ne règne plus tellement sur mon visage, et par moment je n'ai qu'une envie: celle de les rejoindre. Mais je pense à ma mère, qui ne tiendrait pas après avoir perdu les trois personnes auxquelles elle tient le plus. Alors je me fais violence dans ces moments-là, et je bois énormément pour éviter de penser à tout ça.

Dangerous ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant