Le 142, Bagnolet. Je pénétrais ce célèbre bar à narguilé situé pas loin de la capitale pour la première fois depuis... une année ? Ouais, une année. Il fut un temps où j'avais un abonnement annuel à ce genre de club mais ma vie avait bien changé depuis lors. Tout ce qui était ambiance #KeLaNight ne m'intéressait plus. Et puis, je me faisais plutôt vieux pour ce genre de bêtises.
Ce septième jour de mars néanmoins, j'y ai été entraîné de force par mes deux seuls amis, mes frères à vrai dire, Lassana et Godlove. Ils m'avaient convaincu de célébrer ma vingt-septième année à la chicha et j'avais accepté juste en souvenir du passé.Assis à notre table comptant déjà pas moins de quatre bouteilles et trois chichas, nous fumions et buvions en matant un peu la clientèle du bar. Quelques demoiselles avaient pris place à notre table et les garçons étaient passés à l'action mais je restais, pour ma part, sur le coté. Mine de rien, tout ce cirque ne me disait plus rien ; je me demandais même comment je faisais pour fréquenter ce genre d'endroit chaque week-end plusieurs années en arrière. Des petits cons vêtus de Philipp Plein de la tête au pied, des filles superficielles siliconées jusqu'au cou, des chiens de la casse non-michtonnables qui louaient des bouteilles pour se créer un style et j'en passe des vertes et des pas mûres. Du m'as-tu-vu à outrance juste pour faire la fête, rien de plus ridicule.
« — Wow, ça fait longtemps tout ça, commentai-je
— On vient pour pécho ou pas ? s'excita Godlove en riant
— Pécho quoi ? C'est pas ici que je vais trouver l'amour
— Depuis tu parles de trouver l'amour toi, me réprimanda-t-il avant de me mettre une claque derrière le crâne. Amuse-toi un peu tant que t'es célibataire
— Même pécho une petit minette il veut plus faire, ajouta Lassana. La paternité ça change les gens, wAllah
— Faut bien. Je voudrais pas que mon fils fasse les mêmes erreurs que moi
— Kenan ne sait rien de ce que son père fait donc ta gueule. Ça fait combien de temps que t'as pas chiner une racli wesh ? me fit remarquer Godlove
— Très longtemps, se moqua l'autre connard de guinéen
— Nique ta mère toi, lui répondis-je frustré
— On a perdu notre Adja'Nique national ! »
Adja'Nique, le surnom peu flatteur que je portais depuis mes seize ans. J'étais un tombeur il fut un temps. Je collectionnais les femmes comme des stickers de la Coupe du Monde. Petites, grandes, minces, rondes, blanches, noires, arabes, je prenais tout ce qui me passait sous la main. Un grand enfant. Cependant, la dernière relation sans lendemain que j'avais eu m'avait ramené un marmot et ça m'a remis le pied sur terre.
J'ai fait l'erreur de coucher avec une jeune femme qui s'avérait avoir des problèmes de dépendance à la drogue et j'ai terminé père célibataire. Je n'étais pas prêt à avoir un enfant, tant financièrement que mentalement. Je résidais encore chez ma mère, je ne pensais qu'à m'amuser, j'étais un gamin quoi, un gros gamin. Je ne dirai pas que j'ai pris dix ans d'un coup mais j'ai fait mon âge et ai cessé d'être le gamin que j'ai toujours été à partir du jour où j'ai du m'occuper de mon petit Kenan, la prunelle de mes yeux, seul.
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Amour X
General Fiction« Quand la présence de l'autre devient un besoin vital » Amour X © S. FROM THE BLOCK 21/12/2017 - 23/09/2018