Chapitre 17 : La tanière

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Le lendemain, lundi, Cat alla beaucoup mieux. Une bonne nuit de sommeil l'avait aidée à oublier ses chagrins, et le chocolat chaud qu'elle buvait à présent au petit déjeuner, à la table des Serdaigle, parfaisait sa remontée de moral. Sans doute le chocolat avait-il un pouvoir magique, qui permettait de redonner de la force. Sans doute était-il une potion.

Une autre fille, en revanche, semblait plongée dans le même désespoir qui avait abattu Cat quelques jours plus tôt. C'était Anna. Elle était penchée sur son assiette d'oeufs au lard - plat auquel elle n'avait pas encore touché -, gardait la tête baissée, et restait immobile et silencieuse. Entre deux gorgées de sa boisson chaude, la brunette la regardait étrangement : c'était comme si elle lui avait transmis la déprime qu'elle avait eue en fin de semaine...

- Penche pas trop ta tête sur ton assiette, conseilla Axelle, en s'adressant à celle aux cheveux argentés. Tes lunettes risquent de tomber dedans...

Mais Anna ne prononça pas un mot, ne bougea même pas, et ce fut Cerise qui répondit à l'Allemande, avec un violent froncement de sourcils.

- Arrête, Axelle ! Tu vois bien qu'elle n'a pas le coeur à rire !

Cat, qui cherchait à comprendre, demanda à voix basse à la blonde ce qu'avait Anna, et l'Allemande lui expliqua que la défaite des Serdaigle face aux Serpentard, lors du match de Quidditch de samedi dernier, l'avait traumatisée. La brunette réalisa ainsi pourquoi elle n'avait pas été au courant de la soudaine dépression de sa camarade aux cheveux argentés : plutôt que d'assister au match, elle avait passé son samedi après-midi à pleurer dans le dortoir, et n'avait donc rien su de l'échec de l'équipe des Serdaigle. Le dimanche non plus, puisqu'elle s'était plongée, durant cette journée, dans des réflexions aussi sombres que celles de la veille. Sa propre déprime lui avait donc fait passer inaperçu l'abattement d'Anna.

- Elle était pourtant si choyeuse, lorsqu'on afait gagné contre les Poufsouffle, en nofembre..., soupira Axelle.

Un bref reniflement attira l'attention des trois Serdaigle sur Anna. Dans un mouvement presque imperceptible de la tête, celle-ci dévisagea le couteau pointu qui reposait à côté de son assiette. Remarquant cela, Cerise écarquilla des yeux horrifiés, et s'empara du couteau d'un geste brusque.

- Confisqué ! s'écria-t-elle, en tenant l'arme hors de portée d'Anna.

- Pourquoi tu fais ça ? s'inquiéta Cat.

- On ne sait jamais, répondit celle aux cheveux longs. Elle peut très bien se couper les veines avec !

- Tu crois pas que tu vas un peu loin ?

- Je t'assure qu'elle en est capable !

- T'aurais pu la laisser faire, ça aurait mis un peu de ketchup sur ses oeufs ! lança l'Allemande, en salivant déjà, à l'idée d'un repas assaisonné.

- Elle avait peut-être envie de manger..., continua Cat, qui ne comprenait toujours pas pourquoi Cerise avait brutalement réquisitionné ce couteau.

- Tu vois bien qu'elle n'a pas faim ! rétorqua la jeune fille. Elle n'a plus le goût à rien !

- Très bien. Dans ce cas..., fit Axelle, en se penchant sur le plat d'Anna. Confisqué !

Et elle emporta l'assiette avec elle, avant de la déposer à côté de son propre petit déjeuner, et de commencer à manger goulûment le nouveau plat qu'elle venait de s'accaparer. Anna releva lentement la tête vers la goinfre, et la mitrailla avec des yeux cernés de noir.

La grande salle de Défense contre les forces du mal était une nouvelle fois baignée par les rayons hivernaux du soleil, et même si dehors l'air semblait glacial, la pièce était réchauffée par la voix enthousiaste du professeur Lupin. Contre toute attente, Cat avait repris ses observations admiratives de l'enseignant, et elle avait retrouvé la difficulté de prendre des notes tout en le regardant, et de ne pas seulement se concentrer sur le son de sa voix, mais d'écouter aussi ce qu'il disait. Elle lui avait évidemment pardonné le fait d'avoir offert un cours particulier à Harry Potter, le jeudi d'avant, et avait mis ce rendez-vous sur le compte de sa gentillesse naturelle. Et même s'il continuait à donner des cours privés au jeune Gryffondor... Euh... Eh bien elle le lui pardonnait quand même, car cela prouvait une nouvelle fois qu'il était très attentionné envers ses élèves, et très attaché à leur réussite.

Chocolated LupinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant