[Chapitre 6]

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Alors que personne ne bouge, chacun dans ses propres pensées, je décide de courir en direction de Yann, qui a réussi à se détacher de l'homme. Nous arrivons alors à atteindre plus facilement la porte de sortie principale, nous sortons sans prendre la peine de nous retourner, et je suis mon coéquipier sans même savoir où il m'emmène.

La plus commence à tomber, mais aucun de nous deux ne s'en préoccupe vraiment.

Arrivés à un parc, nous nous arrêtons pour souffler un peu, mais à peine ai-je eu le temps de me reposer, que Yann m'interpelle :

"- Je crois qu'on va avoir des choses à se dire, toi et moi !"

Je hoche silencieusement la tête, n'ayant pas la force de répondre. Mon cerveau a eu trop de choses à assimiler en si peu de temps, et j'espère en avoir un peu plus dans pas longtemps. Je prends maintenant la peine d'enfiler mon manteau correctement, et je sens en gros objet dans ma poche avant. Je le sors,et y aperçoit mon téléphone portable. Sans réfléchir, j'appelle mon frère. Il répond à la fin de la première sonnerie :

‹‹ "- Apolline ! T'es où là ?"

Au bout du fil, j'entend une voix paniquée que je ne lui reconnais pas.

"- Je suis dans le parc en face du collège !

- Bouge pas , j'arrive !

- Non, on va partir d'ici quelques minutes, mais on va se rater si tu viens maintenant !

- Attend, qui ça "on" ?

- C'est juste... Moi et... Un ami.

- Qui s'appelle ?

- Yann.

- Yann Coptey ?"

Il fronce les sourcils, étonné, alors je demande à Yann d'un coup de tête si c'est bien lui dont Ronan me parle, et il acquièsce.

"- Oui, c'est bien lui.

- Très bien, alors tu restes avec lui, et on se retrouve dans une heure devant la maison, d'accord ?

- D'accord. Je t'aime.

- Moi aussi, sœurette." ››.

Et il raccroche. Je me tourne en direction de Yann qui ne s'est pas gêné pour écouter notre conversation, et qui me dit directement en essayant de prendre une voix douce :

"- Apolline, je t'aime bien tu sais, mais même si ton frère t'a "confié" à moi, j'ai pas l'intention de te surveiller tout le temps..."

Je soupire désespérément, et la pluie devient de plus en plus forte.

"- Oui, je sais. Mais de toute façon, rien ne t'y oblige ! Je pense que je peux réussir à me débrouiller toute seule pendant une heure...

- Non mais tu n'es pas sérieuse là ?

- Quoi ?"

J'ai l'impression qu'il s'énerve.

"- J'ai l'impression que tu ne te rends pas compte de ce qu'il se passe, là !"

Ce n'est maintenant plus une impression, il devient de plus en plus rouge de colère, et je doute que tout ça se finisse bien.

Mais je n'ai pas l'intention de le laisser me crier dessus comme bon lui semble.

"- Que je ne me rende pas compte de quoi ???" je lui crie.

Il pousse un long soupir d'exaspération avant de me clamer :

"- Le soleil s'est éteint, et toi tu demandes simplement ce qu'il se passe ! Des inconnus que tu, que nous n'avons jamais vu sont à nos trousse sans que nous n'en ayons la moindre idée ! Et puis tu vois ça ! [ Il pointe le ciel de sa main gauche ]. Ça s'appelle une apocalypse ! À présent, les gens vont se battre pour trouver de la nourriture ! Ils vont se battre pour trouver des armes ! Ils vont se battre pour trouver des médicaments ! Ça va devenir l'anarchie totale ! Tu ne pourras plus mettre un pied dans la rue sans te faire agresser ! Mais non ! Mademoiselle demande simplement « Mais que se passe-t-il ? Je peux rester une heure dehors, voyons ! » ! Tu te rends compte de ce que tu dis !"

Je fronce les sourcils en lui faisant une grimace.

"- Je n'ai que deux remarques à faire face à ton charmant monologue : premièrement, je te félicite d'avoir réussi à aligner tant de mots devant moi, et deuxièmement, tout ça vient à peine de commencer, et je doute que les habitants de cette ville, avec tout les romans et les films qui existent aujourd'hui, ne rentrent dans la panique totale."

Il me répond du tac au tac :

"- Tu as raison. Ils ne vont pas rentrer dans une panique totale. Ils vont rentrer dans une panique dix fois plus que totale ! Et si je dois "protéger" une gamine qui n'a pas ne serait-ce qu'on brin de sagesse et qui agit sans réfléchir, autant arrêter maintenant, parce que c'est du suicide !"

Il prend un temps pour reprendre sa respiration, et moi je suis pendue à ses lèvres, trop sonnée pour pouvoir répondre.

"- Et puis si jamais un jour tu arrives à le revoir ton super gentil grand frère, tu lui diras de ma part qu'il ne sait rien de moi, que ce n'est pas à moi de te protéger, et que je préfère largement que ce soit toi, la gamine, qui crève à ma place !"

C'en est trop. Je lui lance un regard plus que noir et m'approche de lui, ce qui l'intrigue mais je lui fout une gifle qu'il n'est pas près d'oublier.

"- Tu ne sais rien de mon frère ni de moi d'ailleurs. Et je suis prête à parier que ce n'est pas grâce à ton égoïsme que tu vas t'en sortir ! Non mais tu t'es entendu ! Tu viens de souhaiter ma mort ! Alors tu sais quoi ! Je vais parier que tu "crèveras", comme tu dis si bien, avant moi ! Parce que tu vois, je ne suis peut-être qu'une gamine qui agit sans réfléchir, mais moi au moins j'ai un cœur, et pour rien au monde je souhaiterais que quelqu'un meure, aussi bon soit-il ! Alors si un jour je te revois, tu peux être sûr que la guerre sera déclarée, à moins qu'elle ne le soit déjà !"

Il me regarde, bouche-bée. J'en profite pour lui redonner une gifle, histoire de vérifier s'il a bien compris mes propos. Je me retourne et pars en direction de chez moi. Je l'entend me crier des choses incompréhensibles, que je n'essaie même pas de comprendre.

Je pars vraiment, sous la pluie et dans le froid, sans même prendre la peine de me retourner.

The SundeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant